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Adriana profita de la réception rapide de vêtements neufs pour explorer la salle de bain mais surtout la douche. Elle ferma à clé, s'assurant à plusieurs reprises que la porte était bien verrouillée avant de s'aventurer dans la pièce. Celle-ci était bien plus grande que celle de son appartement et s'il y avait un point positif à cette situation, c'était le luxe permanent de cette maison. Elle passa ses doigts le long du vasque en pierre tout en regardant dans le fond, le point d'eau le plus attrayant. Elle régla le mitigeur avant de se déshabiller et de se faufiler sous le jet d'eau. Elle en apprécia sa chaleur et sa douceur contre sa peau après ces deux jours dans la même tenue.

N'ayant aucune affaire à elle, elle prit les produits et après les avoir tous senti, se décida à prendre celui qu'elle appréciait le plus. Inconsciemment, elle avait choisi celui qui l'apaisait le plus, celui de Mirko. Sa décompression ainsi que la fatigue eurent raison d'elle. Elle resserra ses bras contre elle même tout en sanglotant. Malencontreusement, ces derniers interpellèrent la mauvaise personne qui passait dans le couloir.
Beto essaya d'ouvrir la porte à plusieurs reprises mais Adriana avait été précautionneuse. Néanmoins, de peur, elle éteignit l'eau tout en mordant son poing de toutes ses forces pour taire ses geignements. Ses efforts furent inutiles puisque si la famille Castellano était douée pour une chose, c'était leur entêtement. Au bout de quelques secondes, il entra, sa carte dans la main alors qu'il venait de forcer la serrure. Elle tenta de sortir de la douche pour attraper une serviette mais il bloqua la sortie de son corps. Alors, elle tenta au mieux de se camoufler, sa pudeur bafouée une nouvelle fois.

« Laisse-moi passer. » Il secoua la tête, silencieusement, trop concentré sur la jeune femme dénudée. Il l'avait adoré dans sa robe mais la voir ainsi était un autre idylle. Adrianna ne put que loucher sur son pantalon, horrifiée. « Tu n'as pas le droit de me toucher. »

« Mais on est que tous les deux, Adriana. » Il s'humecta les lèvres avidement et elle se replia un peu plus sur elle même, la paroi gelée dans son dos. « Personne ne le saura. Ça sera que toi et moi. » Elle ne put retenir un frisson le long de son échine. Elle était effrayée.

« Je le dirai à ton père. Je n'hésiterai pas une seule seconde. » Il gloussa devant son tourment. Elle ressemblait à une sorte de petite chose, gelée, humiliée, et il adorait ça. Néanmoins, comme piquée par l'adrénaline, elle inspira profondément avant de lâcher ses menaces qu'elle avait préparé toute la nuit. « Si tu mets à néant le contrat et donc la part de marché que je dois faire, je ne suis pas certaine qu'il va adorer qu'on mette à mal ses affaires. » Cette fois, il perdit son rictus. Elle avait gagné quelques points. « Alors, sors. »

Il s'approcha une dernière fois jusqu'à avoir sa bouche jusqu'à son oreille. « Je te ferai regretter ton insolence. T'entends ? »

Et il partit, claquant bruyamment la porte derrière lui tandis qu'elle s'écroulait contre le sol de la douche. Elle se recroquevilla contre elle-même tout en sanglotant, priant de toutes ses forces de se réveiller et de se retrouver dans son ancien appartement. Néanmoins, elle était bien là dans cette maison trop froide, sans âme malgré les vies présentes. Ses larmes finirent par s'éteindre alors que toute énergie vitale semblait être partie lors de ses cris. Elle se redressa pour s'habiller, ne prenant pas la peine de s'essuyer, ni d'essorer ou de coiffer ses cheveux.

Lorsqu'elle sortit de la salle de bain, elle ne sursauta pas lorsqu'elle tomba sur Mirko qui l'attendait, désagréablement préoccupé. Elle ne s'arrêta pas et regarda le sol pour ne pas croiser son regard. Seulement, ce ne fut pas du goût du jeune homme qui attrapa son bras pour la retenir. Elle ne se débattit pas, sans pour autant faire l'effort de se retourner. Il la relâcha et elle ne prit pas la fuite. Il ne bougea pas non plus, regardant seulement ses épaules remonter selon sa respiration.

« N'abandonne pas. »

Ils restèrent ainsi, plusieurs secondes qui parurent des minutes, silencieux, attentifs à l'autre sans pourtant autant se voir réellement. Du moins, jusqu'à ce qu'une porte s'ouvre derrière eux et qu'ils se décident à partir chacun de leur côté.

Mirko attrapa son portable et ses clés de voiture avant de retrouver l'appartement d'Adriana. C'était spontané, sans pensée établie et il ne réagissait que sur une pulsion. Il était déjà venu ici, pour son enquête. Il avait forcé la porte puis changé la serrure grâce à un contact. Il y entra alors facilement, sans un bruit, comme s'il rentrait seulement chez lui. Son ami, Léo, le rejoignit quelques secondes plus tard. C'était son acolyte, son meilleur ami, son frère qu'il avait toujours rêvé d'avoir.

« Tu cherches quoi cette fois ? »

Il hésita. Il ne savait pas vraiment. C'était le seul endroit qu'il connaissait et qui se rapportait à elle. « C'est pas très drôle d'avoir la dépression incarnée dans la maison. » Il enfonça ses ongles dans sa nuque à cet aveu à moitié vrai. Certes, c'était un ami, mais il se devait de garder une image imbuvable. Il avait en réalité pitié d'elle et de ce qu'elle vivait. « Je veux prendre des trucs à elle pour lui donner... ou un truc comme ça. J'en sais rien. »

Léo ouvrit le frigo pour se servir une bière, se remerciant intérieurement d'en avoir acheté à leurs dernières visites. « Elle a pas grand chose. » Mirko attrapa un cabas du placard. « Achète lui un chat. Toutes les meufs aiment les chats. »

« Hors de question qu'il y ait un putain de chat dans ma maison, t'entends ? J'veux juste qu'elle arrête de chialer. »

« Alors... prends... le plaid ? » Il acquiesça, convaincu et fourra la couverture polaire dans le sac. « Pour le reste.. à toi de voir. »

Léo s'écroula sur le fauteuil tout en ignorant le regard noir de son meilleur ami. Ce dernier fit le tour de l'appartement et attrapa tous les objets qu'il trouvait.
Bougies, coussins, plaids, bijoux, maquillage... même des mugs qu'il trouvait si vieux et abimés qu'ils se devaient d'avoir une signification particulière pour Adriana. Lui, se rendit compte à quel point il ne tenait pas à grand chose.
S'il devait prendre quelque chose d'important le jour d'un incendie, il n'était même pas certain de sauver sa propre vie.

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