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Mirko tenait deux cafés et un dossier sous le bras. Il était temps qu'Adriana commence à se rendre utile pour la famille et il espérait ne pas avoir besoin de négociation ou pire de menace. Il ne put toquer à sa porte de chambre mais son ombre fut suffisant pour l'interpeller. Elle quitta son lit pour l'aider et posa les tasses sur la table de chevet.

« Qu'est-ce que tu viens faire par là ? » Elle se retourna pour le regarder. Malgré les quelques jours de repos, elle pouvait voir des rides de contrariété entre ses sourcils. Il secoua le dossier devant son nez. « Je n'aime pas que ta famille est un dossier à mon nom. »

« C'est pas à ton nom mais celui de ton père. »

Ce n'était pas complètement vrai puisque dorénavant un sous dossier portait son prénom. Il contenait son histoire de vie en quelques lignes. Elle l'attrapa avant même qu'il ne le tende. Elle s'asseya sur le tapis, le dos contre le sommier et il fit de même, prenant place à ses côtés tout en attrapant les mugs pour les poser entre eux. Lorsqu'elle ouvrit, elle tomba immédiatement sur une photo de son père pris quelques minutes avant le drame. Elle reconnaissait le restaurant dans son dos mais surtout, elle se voyait dans le fond avec sa robe qu'elle avait choisi pour l'occasion. Elle passa son index sur son père silencieusement tandis qu'il l'observait.

« J'étais en colère contre lui ce soir-là. Il voulait que je prenne la fuite avec lui. »

« Il t'a mise en danger en t'emmenant. »

« Arrête de dire ça. » Elle secoua la tête, agacée de l'entendre avec ce même discours. « C'est trop facile de tout lui mettre sur le dos. »

« C est pas ce que je fais. Je te dis juste la vérité. Si ça avait été moi à sa place, je t'aurai demandé de me rejoindre plus tard. Il savait qu'on le cherchait et il connaissait nos méthodes. »

« Tuer tout le monde sur votre passage. »

« Protéger la famille et son héritage. » Il la força à tourner les pages jusqu'à d'autres photos. Sur celles-ci, elle n'y était pas mais elle trouva son père au milieu de ses collègues. Les clichés étaient pris à différents endroits, dans un café, un hippodrome et même dans une salle de réunion. « Monsieur Cascio n'a pas respecté le contrat, à plusieurs reprises. Il a pensé être plus malin que nous en nous roulant. On lui a laissé plusieurs occasions de faire amende mais il a refusé, à chaque fois, Adriana. Il avait conscience de ce qu'il faisait. »

« Qu'est-ce que je dois faire ? » Elle préférait changer de sujet, jamais ils ne s'entendraient sur celui-ci.

« Il faut que tu m'identifies tous les gens que tu connais. » Elle acquiesça tout en attrapant une des photos. « Tu sais, je suis désolé que tu sois impliquée là-dedans. Sincèrement. »

Il appuya la base de son crâne contre le matelas pour regarder le plafond. La brune se perdit dans son profil mais s'arrêta à ses yeux clos puis à ses cicatrices sous ses sourcils. Elle en connaissait la cause maintenant et ça l'effrayait un peu plus. Si le père Castellano était capable de faire du mal à son propre fils, il était certain qu'il la tuerait si elle ne leur était pas utile. Il tourna la tête vers elle en sentant son regard et ce fut à son tour de détailler ses traits. Elle semblait reposée contrairement à lui. Malgré la contrainte d'être ici, elle savait qu'en l'absence de Beto, aucun mal ne lui serait fait.

« J'aurai dû m'occuper de cette affaire. J'allais le faire dans le restaurant mais lui trancher la gorge devant toi aurait été bien plus effrayant, pas vrai ? » Elle ne répondit pas, son cœur battant la chamade dans sa poitrine si soudainement qu'elle en eut la nausée. « Alors j'ai dit à Beto qu'il y avait trop de monde et qu'on devait attendre. »

« Tu étais là pour ça ? »

« Tu m'as vu ? » Elle acquiesça, la bouche entrouverte. Il était entré dans le restaurant avec une telle nonchalance qu'elle avait toujours cru que ce n'était qu'une simple coïncidence. « Je pensais que j'étais le seul à t'avoir remarquée ce soir là. » De son index, il poussa le menton d'Adriana qui semblait ne plus savoir sur quel pied danser. « Tu veux bien travailler pour que je puisse faire autre chose ? »

Elle le fit alors et ne tarda pas à pointer du doigt un premier homme. « Monsieur Maillard Paul. Un juge et ami de mon père. Ils partaient souvent ensemble. » Mirko écrivit son nom sur son téléphone. « Mais je ne sais pas s'il a les mêmes activités que lui ou de quoi.. l'utiliser. » Elle se pinça les lèvres. « Monsieur Vellema Frederic. Un avocat mais je le connais que de nom. Celui-là et celui-là je les connais pas. »

« Et celui-là ? »

« Pas celui-là. Mirko, s'il te plaît. » Il vit son menton trembler et les larmes monter. Toutefois, il se devait d'être ferme. C'était une question de famille. Alors, il ne se laissa pas attendrir.

« Qui c'est ? »

« Monsieur Bonucchi Samuel. C'est un père de famille, Mirko. Il a des enfants de moins de cinq ans. » Elle essuya ses joues rapidement. « C'est mon parrain, le meilleur ami de mon père. S'il te plaît, épargne le. Je t'en supplie. Je ferai tout ce que tu veux. » Elle referma le dossier ainsi que ses paupières. « Je ferai tout pour ta famille, tout ce que tu me demandes. Je marierai Beto et je céderai à ses... envies. »

« J'peux pas faire ça. Si il n'a rien à se reprocher alors on le laissera tranquille, tu comprends ? Mais si on a quelque chose qu'on peut utiliser, on le fera. » Il se releva, préférant la quitter, ne supportant pas ses émotions mais surtout d'en être la cause.

« Je te déteste. » Elle s'approcha de lui, en colère. « Je te déteste tellement ! » Elle frappa ses poings serrés contre son torse. Il ne fit preuve d'aucune réaction, se retenant de la repousser ou pire, de s'émouvoir. « T'avais raison. T'es bien pire que Beto ! »

« Je sais mais j'ai jamais prétendu l'inverse. »

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