Sacha posa les deux cafés sur la table avant de s'asseoir face à Mirko. Cela faisait maintenant six semaines qu'ils passaient leurs jours et nuits ensemble, alternant chacun leurs tours les recherches afin qu'ils se reposent et tiennent dans le temps. Après avoir brûlé plusieurs maisons et bâtiments, ils étaient dorénavant dans un port. Selon certains trafiquants torturés, la vente de leurs trouvailles se faisaient dans un entrepôt tout près. Toutefois, depuis quelques jours maintenant, les investigations étaient infructueuses comme s'ils venaient de tomber dans une impasse sans fin.
Le plus jeune verrouilla le téléphone devant lui avant de se concentrer sur son second. Ils étaient tous les deux épuisés et les traces de leurs fatigues avaient très certainement marqués leurs visages pour toujours. De plus, quelques ecchymoses parsemaient leurs corps mais surtout leurs poings, trace de la violence faite et subie.« Qu'est-ce que tu faisais ? » Sacha montra d'un geste de la tête le portable entre eux.
« Je regardais les photos. » Il haussa les épaules. Il le faisait régulièrement, comme pour se rappeler la raison de son acharnement. « J'ai parfois l'impression que je vais oublier son visage. »
« On se rend compte de l'importance des gens quand ils ne sont plus là. »
Mirko ria jaune. « Arrête avec tes phrases philosophiques. Ça n'a rien à voir. »
« J'peux être honnête ? » Il hésitait. S'il savait bien une chose, c'est que son boss détestait les formalités mais surtout de discuter pour ne rien dire. « Tu m'arrêtes quand tu veux. J'aimerais seulement savoir ce qu'il s'est passé entre vous deux pour que tu te mettes à la rechercher comme si elle faisait partie de tes proches. À l'époque, ça parlait beaucoup d'elle, future femme de Beto et tout ça, mais c'est toi qui la protège, c'est toi qu'elle a appelé. T'es le frère de celui qui la gardait enfermée. »
« Et je suis celui qui l'a fait sortir. »
« Tu déconnes ? » Il secoua la tête. « Merde, tu te rends compte de ce que t'as fait ? T'as trahi ta... la famille Castellano en faisant ça. »
« Et tu diras rien parce que t'es sous mes ordres. » Son ton devint ferme tant il craignait que la vérité ressorte. « Laisse tomber Sacha, tu peux pas comprendre. Tu sais pas ce que c'est d'être à la place. »
« Non, je sais bien mais je connais ta famille depuis des années maintenant. Je t'ai rencontré, t'étais encore en couche culotte. » Mirko ne put se retenir de grimacer en entendant une nouvelle expression. « T'as toujours ressemblé à ta mère. T'as toujours voulu être juste mais c'est pas toujours possible et là, quand ton père va apprendre ta trahison, il va te tuer. Combien de risques vas-tu prendre pour elle ? Et pourquoi ? Qu'est-ce qu'elle a de si spéciale ? »
« On croirait l'entendre avec toutes tes questions. » Il secoua la tête. Néanmoins, cette fois, il baissa la barrière, trop épuisé pour contenir ses pensées. « Je... je sais pas vraiment ce qu'il se passe entre nous. Ça s'explique pas. Du moins, j'ai pas les mots suffisants mais... peu importe ce qu'il se passe... peu importe nos histoires différentes... on finit toujours par se retrouver et être là, l'un pour l'autre. Quand je l'ai vu au restaurant, quelque chose... quelque chose s'est passé et depuis... j'en sais rien Sacha. »
« Le coup de foudre. »
Il grimaça de dégoût. « Ferme-la. C'est pas ça. Je... »
« Et si c'était ça ? Quel est le problème ? » Sacha lui montra sa main gauche où une alliance trônait sur son annulaire. « Je suis marié et heureux. Pas de honte à ça. Ça ne fait pas de toi un homme plus faible. »
« C'est différent. Je fais pas partie de la même famille que toi. Je n'ai pas les mêmes contraintes que toi. Je l'ai protégée et je l'ai fait passer avant ma propre famille plusieurs fois et je risque d'être tué pour ça mais pourtant je le referais sans hésitation. Elle m'a fait réalisé à quel point Beto pouvait me trahir, mon propre frère, et que mon père ne me choisirait jamais. » Il souffla. « De toute manière, c'est pas une question de... Bref. J'devrais pas te dire tout ça. »
Il baissa la tête pour gratter du bout des ongles le vernis de la table. Il était éreinté mais surtout les mots de Sacha raisonnait dorénavant dans sa tête. Il était la seconde personne à lui dire qu'il ressemblait plutôt à sa mère et le sentiment était toujours aussi agréable que lorsque Adriana lui avait dit. Néanmoins, la suite de ses propos lui avaient moins plus. Il n'était pas question de sentiments pour elle mais seulement d'une attirance. Le baiser l'avait prouvé tant l'électricité dans l'air avait éveillé son cœur. Il n'avait encore décidé si c'était agréable ou non. Bien entendu, il avait déjà embrassé et plus avec d'autres femmes, mais la sensation n'était pas la même. Ces dernières remplissaient un vide, inhibaient quelques heures son apathie. La brune, elle, n'avait eu aucunement besoin de plus qu'un regard pour le faire.
« Mirko ? » Il quitta sa contemplation pour son second. « Je tourne avec toi, ce soir, ok ? »
« Tu dois te reposer. »
« On va fouiller tous les entrepôts du port. On va la trouver. Ce soir. » Sacha termina son café d'une traite. « On n'abandonnera pas tant qu'on ne l'aura pas retrouver. »
« Il faut qu'on la retrouve avant qu'elle soit dans le circuit ou même dans un autre pays. » Il fronça les sourcils et serra la mâchoire. « C'est peut-être le cas. Il est peut-être trop tard. »
« Les gars en informatique ne l'ont pas trouvé sur les sites. On a aucune preuve qu'elle n'est plus dans leurs mains. »
« Ouais, on verra, allons y. »

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Cosmos
Romansa« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...