La matin suivant, la gouvernante, Nicole, toqua à la chambre d'Adriana et lui donna le cabas. Malgré ses questions, la femme ne répondit à aucune, haussant seulement les épaules, fidèle à la requête de Mirko qui avait demandé de rester anonyme. Il n'avait aucune envie qu'elle ressente une quelconque considération pour lui.
Elle ouvrit le sac et fut surprise de voir quelques unes de ses affaires. Contrairement à la visite impromptue de son père dans son appartement, elle apprécia ce geste de l'inconnu, rassurée de pouvoir revivre son passé par le biais de ses biens. Elle déposa chacun des objets dans sa chambre, le plaid sur le petit fauteuil, ses mugs sur l'étagère, ses bougies sur sa table de chevet. Lorsqu'elle regarda la pièce dans son ensemble, elle ne put retenir un souffle de satisfaction. Les quelques couleurs de son ancien chez elle apportaient une chaleur certaine. Ça ne remplaçait pas sa liberté mais elle se sentait au moins rassurée dans cette pièce.Finalement, elle arrêta sa contemplation pour rejoindre la cuisine. Elle ignora Beto dans le couloir tout en serrant précieusement de ses deux mains une des tasses. Elle eut soudainement peur qu'il lui prenne et qu'il l'éclate au sol. Toutefois, il continua jusqu'à sa propre chambre sans un mot, ni même un regard. Elle inspira profondément, soulagée de son ignorance tout en se demandant si ce n'était pas de sa part, ce cabas, pour se faire pardonner de l'évènement dans la salle de bain. Elle n'eut le temps d'approfondir son questionnement que ses pensées se turent en voyant Mirko. Il sortait de sa séance de sport, sans aucun doute et l'absence de t-shirt rendit les joues d'Adriana pourpres.
« Désolée, je voulais pas. » Il secoua la tête tout en souriant tandis qu'elle se servait un café, plus pour se distraire dorénavant que pour le besoin de caféine. « Tu pourrais t'habiller quand même. »
« Je suis chez moi. ». Malgré tout, il enfila son haut. Il sortit une bouteille d'eau du réfrigérateur sans la quitter du regard. Elle gardait sur son visage un léger rictus et il s'étonna lui même à l'imiter. Il l'effaça rapidement de son visage avant de froncer les sourcils. « Sympa ta tasse. »
« Tu trouves ? » Il haussa les épaules. En réalité, il la trouvait hideuse et vieillotte mais il était d'humeur à discuter et n'avait trouvé que ce sujet. « Quand je partais en voyage avec mon père, on achetait toujours un mug. Celui-là vient de Strasbourg. C'est ma préféré parce qu'on y a été pendant le marché de Noël. » Il fit les gros yeux devant son évidence. La tasse était à l'effigie d'un lutin. « J'en ai beaucoup chez moi mais encore plus chez mon père. » Mirko regretta ne pas les avoir toutes prises en cet instant et ce sentiment fut si déplaisant qu'il retira son bon air pour se renfermer dans sa nonchalance.
« Ton père n'était pas ce que tu penses. Comment tu peux encore l'aimer ? » Son ton était piquant et Adriana préféra se reculer, intriguée par le changement d'atmosphère. « T'as failli crever à cause de lui. » Il s'appuya contre le plan de travail en face d'elle et elle fit de même, tenant en coupe son bien pour se rassurer et se protéger de lui comme si cette céramique pouvait être un bouclier. « C'était un homme véreux qui ne pensait qu'à l'argent. »
« Et le tien, alors ? » Elle ria jaune avant de se taire en voyant la noirceur émaner de Mirko. « Ton père est bien pire que le mien et tu l'es sûrement aussi. Et je ne parle pas de Beto. »
« Sauf que nous, on assume complètement. »
Il haussa les épaules avec indifférence, peu touché par les propos d'Adriana. Il avait déjà entendu les pires horreurs sur sa famille ou sur lui-même, plus rien ne pouvait l'atteindre. Elle ne relança pas la conversation et lui non plus après le froid lancé. Alors, il préféra s'éloigner devant son ignorance.
Seulement, à peine il avait quitté la cuisine qu'elle l'interpella, trébuchant tant dans ses mots que dans ses pieds. Ça devenait une habitude. Il s'arrêta pour se retourner et la regarder. Elle avait abandonné sa tasse sur le plan de travail mais tout ce qu'il remarqua, c'étaient ses pommettes roses qui l'avaient interpellé la première fois qu'ils s'étaient vus, dans le restaurant. Il n'arrivait à expliquer cette attraction et préféra se dire que c'était l'interdit qui le tentait plutôt que quelque chose de plus fort.
« Est-ce que tu peux être honnête si je te pose une question ? Aussi stupide ou bizarre soit-elle ? » Il fit seulement une moue dubitative qui ne plut pas Adriana. « Allez. »
« Je te rappelle qu'on est pas pote et que je pourrai t'écraser comme une puce. Tu prends beaucoup trop tes aises avec moi et j'apprécie pas. »
« T'es mon beau frère. »
Il plissa les yeux, amusé mais essayant de prétendre un agacement. Sauf qu'elle pouvait y voir les étincelles, le trompant. Il appréciait qu'elle n'est pas de filtre avec lui et qu'elle trouve toujours à redire malgré la pointe de craintes qu'elle gardait au fond d'elle même. « Balance ta question. »
« Est-ce que c'est toi qui a été dans mon appartement ? »
« Pourquoi est-ce que tu penses que c'est moi ? » Il croisa les bras et son attitude défensive le trahit.
« Parce qu'ici, il n'y a que toi qui peut faire un truc un tant soit peu réfléchit. » Elle baissa les yeux, les joues soudainement cramoisies. « Tu m'as demandé de pas abandonner. »
Il secoua la tête et lorsqu'elle le regarda, ses prunelles brillantes étaient devenues sombres et ses lèvres souriantes étaient maintenant plissées. « Arrête de croire que parce que j'ai parfois pitié de toi, je suis sympa. Je te rappelle que j'étais du côté de mon père et que selon moi, Beto aurait dû te foutre une putain de balle dans le crâne. Moi je l'aurai fait, sans hésiter. On aurait été tranquille parce que je suis certain que dès que tu en auras l'occasion, tu nous la mettras à l'envers. » Il attrapa son cou d'une poigne ferme, sans pour autant le serrer mais pour rapprocher son visage du sien. La tension entre eux était loin d'être angoissante malgré les mots durs de Mirko. « Arrête de croire que Beto est le pire simplement parce qu'il est bruyant. »
Il ne mentait pas, bien entendu. Il aurait mis fin à sa vie sans hésitation parce qu'il agissait ainsi depuis toujours, pas de témoins, qu'elle soit jolie femme ou non, attirante ou non, qu'il ait pitié ou non. Toutefois, s'il avait été complètement honnête, à la place de Beto, il aurait étudié le sujet Cascio avant. Et, jamais, jamais il n'aurait tué le père devant sa fille, jamais elle ne se serait retrouvée dans cette voiture, jamais il n'aurait eu à la tuer parce qu'il faisait toujours tout pour protéger les innocents avant tout.
« Si t'es autant méchant tout de suite. C'est parce que c'est toi. » Il la relâcha tout en restant à proximité. Il arrivait à voir sa peau frémir.
« C'est moi. Mais ça veut rien dire, compris ? J'avais seulement pitié de te voir chialer encore et encore. »
« Merci. »
« Ferme la Adriana. » Il se mordit l'intérieur de la joue, ayant l'impression d'être pris au piège. « Ferme la et n'en parle jamais. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...