Mirko serrait l'accoudoir de toutes ses forces tandis qu'Adriana était à ses côtés, silencieuse et le cœur palpitant la chamade. Une femme arriva, deux tasses dans les mains qu'elle leur tendit. Ils la remercièrent d'un simple hochement de tête et un sourire timide, certains que s'ils parlaient, ils bafouilleraient. La psychologue s'asseya face à eux et sirota dans son mug tout en les regardant. Finalement, elle le déposa sur la table en face avant de prendre un calepin. Le brun trouvait que c'était d'un grand cliché et souhait déjà partir. Néanmoins, il se retenait de faire un quelconque commentaire présent pour la fille à ses côtés.
« Bonjour à vous deux. » Elle racla sa gorge. « Quelques règles ici, on s'écoute, on ne juge pas et tout ce qui se passe ici doit rester ici. » Ils acquiescèrent tout en se regardant. Il n'y avait aucune doute que jamais aucun jugement ne serait présent entre eux et qu'ils s'écouteraient. « Comment est-ce que vous voulez débuter ? Vous pouvez vous présenter ? Parlez-moi un peu de chacun de vous. »
Ils se regardèrent une nouvelle fois mais le regard du brun ne laissa pas le choix. « Je suis Adriana et c'est Mirko. » Elle se mordilla les lèvres, hésitante. Elle n'avait aucune idée de la manière dont elle pouvait décrire leur rencontre. « Je... sais pas comment décrire notre rencontre. »
« Commencez par le début. Parlez-moi de votre famille Adriana. »
« Sujet pas... beaucoup mieux mais d'accord. » Mirko se retint de rire. Elle n'avait pas tort. Tout semblait sujet sensible. Néanmoins, ils étaient là pour ça. « Mes parents ont divorcé quand j'étais jeune et je suis restée avec mon père parce que ma mère s'est barrée avec un autre. Mon père est mort. Tué, plus précisément et ma mère me... juge... quoi que je fasse. Ah, et j'ai une demi-sœur. On est plus en contact avec ma famille parce que selon ma mère, je suis qu'une gamine irresponsable.»
« D'accord. Si vous voulez bien, on approfondira par la suite. Et Mirko, votre famille ? »
« Tout reste ici, pas vrai ? » Elle hocha la tête. Il souffla et attrapa la main d'Adriana avant de la relâcher, mal à l'aise devant la psychologue. « Ok, ok. Ma mère est.. décédée d'un cancer quand j'étais jeune. Mon père est un homme... particulier. J'avais un frère. »
« Particulier ? »
« Ouais, particulier. » Il baissa le menton et vit la jeune femme a ses côtés serrer si fort ses poings que ses phalanges devenaient blanches.
« Votre histoire de vie à tous les deux est un sujet sensible pour une première séance, c'est ça ? » Ils acquiescèrent à l'unisson. « D'accord. Alors, on en parlera une prochaine fois. Je vais pas vous effrayer dès le début. » Elle leur souria mais ils restèrent droits comme un I, mal à l'aise. « Alors parlez-moi plutôt de votre relation. Vous n'allez pas l'air d'être là parce que vous êtes en conflit ? »
« Non, on.. va bien. Pas vrai ? » Mirko tourna la tête vers elle.
« Bien sûr qu'on va bien, pulcino. »
« Alors quelles sont les raisons ? » Adriana serra la mâchoire alors ce fut Mirko qui pris le relais.
« C'est Adriana qui... m'a demandé et après... négociation, j'ai accepté. » Il essuya ses mains moites sur son jeans. La brune, elle, tirait sur les manches de son pull comme pour se protéger de la réalité. « Je fais des cauchemars de mon enfance, surtout. Et quand je me réveille, je réagis.. mal. L'autre jour, j'ai sorti mon couteau. » Il la vit se pincer les lèvres. Elle voulait pleurer, il en était certain. « Et... et elle est patiente avec moi alors qu'on a une fille qui va avoir un an. En plus, il y a pas que ça. Je suis trop protecteur et... je... j'ai aucune compétence utile. »
« Dis pas ça, Mirko. T'as des compétences, simplement tu ne les utilisais pas à bon escient avant. Mais tu t'en sors super bien maintenant. Regarde les travaux et... »
« Sauf que je me mets en colère rapidement. Je suis irritable et violent. »
« Est-ce que vous l'avez été avec Adriana ou.. votre fille ? »
« Non ! » Adriana s'était écriée, les larmes aux yeux.
« Mirko ? »
« J'ai déjà poussé Adriana et.. la dernière fois j'ai tordu son poignet. Je m'en rendais pas compte car je venais de me réveiller mais... ça compte. » Ce n'était pas une question. Il n'avait aucun doute. Il le savait. « Je l'ai jamais été en état de conscience mais j'ai fait du mal à beaucoup de gens. Mon père m'a tout appris. » Il haussa les épaules tout en triturant ses ongles. « Et j'ai arrêté de le suivre seulement parce que je suis tombé.. amoureux. » Un demi-sourire léger glissa sur ses lèvres avant de s'effacer immédiatement. « On s'est rencontré dans des circonstances de merde et elle est une victime de ma famille. Je l'ai aimé dès que je l'ai vue mais j'avais l'impression d'avoir ce... pouvoir sur elle. »
« Une dominance ? »
« Ouais. Elle m'a convaincue de l'inverse et de toute manière, je voulais plus être sans elle. » Il haussa les épaules. « Je sais pas si c'est très sain tout ça. »
« Est-ce que vous avez l'impression de diriger sa vie ? » Adriana secoua la tête une nouvelle fois, ses joues complètement noyées et le regret brûlant son cœur.
« J'ai parfois l'impression de lui imposer des trucs et je m'en rends compte mais ça me contrarie quand elle ne suit pas ce que j'aimerais. »
« Vous avez un exemple ? » Mirko regarda la jeune femme à ses côtés. Celle qui avait voulu de tout ça semblait dépasser par la réalité.
« Je sais pas si Adriana veut qu'on continue. » Elle attrapa sa main comme seule réponse alors il continua. Elle avait besoin d'entendre ses sentiments afin d'avancer. « Je lui ai demandé de me suivre jusqu'ici. Je lui ai demandé de faire des concessions pour que je puisse investir toutes nos économies. Et dernièrement, je lui ai demandé de quitter son travail alors que c'est la seule qui nous rapporte de l'argent. » Il ria contre lui-même en se rendant compte de l'absurdité. « Moi, elle me demande rien d'autre que d'être là et d'aller mieux. Elle me soutient, coûte que coûte. »
« Adriana, que pensez-vous de ce qu'il dit ? »
« Je... j'en sais rien. »
« Mirko débute un cheminement, une réflexion sur qui il est. » Adriana acquiesça tandis qu'il la regardait, scrutant presque chaque détails de son visage. « Il a conscience, après coup, de ses actes, mais nous pouvons y travailler en amont. J'aimerais la prochaine fois, vous voir séparément. Est-ce que ça vous convient ? »
Ils hochèrent la tête tous les deux.
Ils s'ouvrirent, espérant se réparer l'un et l'autre pour se retrouver l'un l'autre.

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Cosmos
Romansa« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...