Adriana attendit que la maison soit complètement calme pour ouvrir la porte. Elle le fit discrètement mais rapidement, effrayée à l'idée d'être vue. Elle entra dans la chambre et sa bouche bée prouva seulement un peu plus sa surprise. Cette pièce était loin de ressembler aux autres de la maison. Elle était certes, lumineuse et sobre, mais elle y voyait Mirko réellement pour la première fois. Sur son bureau, à côté de son cendrier et d'un verre vide de whisky, se trouvait une centaine de dessins et de croquis de bâtiments. Ils étaient nets et précis mais surtout, elle les trouvait magnifique.
Elle prit place sur la chaise à tourniquet pour les regarder ou, pour être honnête, les admirer. Elle était stupéfaite par leur qualité. Jamais elle ne se serait imaginer que cet homme, dur et aigri, pouvait avoir une passion ou un talent. Elle se laissa aller à tourner sur le siège tout en s'imaginant être à la place de Mirko, ici, dans cette demeure, entouré d'un père qui portait plus la casquette de chef et d'un frère qui ressemblait plutôt à un ennemi. Elle ne savait pas ce qui était arrivé à sa mère mais la photo d'une femme jeune avec un enfant dans les bras semblait être le signe d'un décès trop précoce.
« Qui es-tu Mirko Castellano... ? »
Elle se leva pour s'approcher du cadre mural, le seul présent dans toute la pièce, peut-être même dans toute la maison. Ce petit garçon était souriant, des cils longs et des étincelles dans le regard. C'était clairement lui, il n'y avait aucun doute. Elle se demanda seulement où était passé ce sourire. Finalement, elle abandonna la contemplation de Mirko pour regarder sa penderie. Ses vêtements étaient de tout genre mais elle s'attarda à toucher ses costumes ainsi que ses chemises. Toutefois comme si elle venait de se brûler, elle se retira. Elle se sentit ridicule à apprécier le contact de ses habits ou encore de son parfum. Il n'était que le frère de celui qui la martyrisait, le fils de celui qui la gardait enfermée.
Dorénavant, elle continua sa fouille pour trouver des éléments importants à sa fuite. Toutefois, elle ne tomba que sur un de ses couteaux sous son matelas. Elle le sortit pour en toucher la lame mais elle se coupa maladroitement le doigt. Elle jura tout en lâchant l'arme qui tomba au sol.« Putain ! Couteau de merde ! » Elle mit son index dans la bouche pour éviter que son sang ne coule. Son cri interpella Beto qui se mit à hurler son nom dans les couloirs de la maison. « Fais chier... »
Elle fit les cent pas dans la chambre de Mirko tout en tendant l'oreille, espérant qu'il s'éloigne de là pour qu'elle puisse sortir. Et, enfin, sa voix fut suffisamment lointaine. Elle ouvrit la porte avant de la verrouiller derrière elle et de filer dans le séjour. Beto arriva quelques secondes plus tard d'un air suspicieux. Pourtant, il resta calme comme si, habituellement, leur contact n'était pas houleux. Il la regarda de bas en haut tandis qu'elle préférait fixer le sol, priant pour qu'il la laisse tranquille.
« T'étais où ? »
« Dans la cuisine. »
« J'y suis allé et tu n'y étais pas. » Elle le vit incliner sa tête tandis que ses yeux devenaient bien trop sombres. Elle sentit la chaire de poule se glisser contre son échine. Elle était apeurée. Elle fit un pas en arrière jusqu'à buter contre le canapé. « Où est-ce que tu étais ? »
« Dans la cuisine puis dans la salle de bain. On a seulement dû se croiser. » Il lui était hors de question de lui parler de la clé de Mirko. Elle était prête à recevoir des coups pour garder ce secret. Elle ne voulait pas le trahir, le seul qui la voyait, le seul qui céderait peut-être à lui offrir une porte de sortie. « Je me suis même coupée. Regarde. » Elle lui montra son doigt encore en sang contre son pull. Elle garda la tête haute, cachant sa peur derrière un visage froncé. « Alors je suis allée dans la salle de bain. Quand je t'ai entendue, je suis venue ici. »
Il attrapa son poignet avec force pour regarder la plaie. Celle-ci était profonde et un simple couteau de cuisine n'aurait pu faire une telle coupure. Il le savait puisqu'il avait eu suffisamment de blessures pour en savoir l'aspect. Néanmoins, les paroles de son père rongèrent sa colère face à son mensonge. De plus, il pouvait voir que le calme de Mirko semblait la rassurer.
Il garda sa prise sur elle tout en la tirant jusqu'à la salle de bain. Il ne la lâcha que lorsqu'il verrouilla la porte derrière lui. La peur d'Adriana se transforma en terreur. Pourtant, il sortit seulement une trousse de secours.« Assieds-toi là. » Elle hésita à peine une seconde mais ce fut suffisant pour l'agacer. « Putain dépêche avant que je me décide à te couper le doigt moi-même. »
« J'ai pas besoin de soin. C'est rien, Beto, je t'assure. »
Il prit place à ses côtés sur le bord de la baignoire avant de tirer sur sa main pour qu'elle la pose sur sa cuisse. « A cause de toi, mon père n'a plus confiance en moi et en mon jugement. Je dois retrouver sa confiance si je veux avoir sa place plus tard. » Il sortit l'aiguille et le fil et Adriana ne put retenir un mouvement de recul. « Bouge pas. » Il attrapa une nouvelle fois son poignet. « Si tu étais un peu plus agréable, on aurait moins de problème toi et moi. » Elle préféra ne rien dire, sachant très bien qu'il était en position de force. Il planta l'aiguille dans son doigt et cette fois, elle ne put retenir un geignement de douleur. « En vrai, mon père veut juste que tu fasses un petit fils et si on s'y mettait avant, on serait tranquille. »
« Tu me tueras. »
« Peut-être bien. » Il haussa les épaules tout en continuant de la coudre. « Mon père ne sera pas contre après que t'aies donné ce dont on a besoin. »
« Alors je ne gagne en rien à céder, Beto. » Elle secoua la tête. « Je te croyais plus intelligent. »
« Ne dis pas ça alors que j'ai littéralement une aiguille dans ton doigt. »
« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. »
Cette fois, le calme dont il avait fait preuve s'effaça en se rendant compte que cette stratégie ne fonctionnait guère. Il sortit son couteau tout en s'approchant et Adriana se laissa tomber au sol. « Tu te crois maline ? »
« Je n'ai pas peur de toi. » C'était faux, bien entendu, et ses larmes déjà sur ses joues en disaient long. Il monta sur elle pour l'empêcher de bouger et de sa main libre, il bloqua ses poignets au dessus de sa tête. « Je n'aurai jamais peur de toi et tu n'auras jamais rien de moi. » Il attrapa son arme entre ses lèvres pour remonter son t-shirt, dévoilant une brassière. Elle essayait de bouger mais son poids contre son corps l'empêchait de faire quoi que ce soit.
« C'est ce que tu crois. » Il reprit son couteau pour le glisser sur son ventre. Adriana grimaça tout en se pinçant les lèvres pour s'empêcher de le supplier de la libérer. « Mais t'es toute à moi. Tu m'appartiens. » Il s'arrêta sur ses côtes pour y écrire de sa lame la première lettre de son prénom. « Entièrement. » Comme si son geste n'était pas assez sordide, il passa sa langue contre son initiale, goûtant au sang de la brune. « Mienne pour la vie. Ta courte vie. »

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Cosmos
Roman d'amour« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...