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Lors de la disparition d'Adriana, Mirko tenta de toutes les manières possibles de se libérer. Il tira sur ses chaînes, essaya de glisser ses poignets et bougea le crochet dans la pierre. Néanmoins ce fut un échec et lorsqu'il entendit le verrou de la porte, il dut s'arrêter pour ne pas se faire prendre. Il n'eut le temps de voir la compagnie de la brune que la porte se refermait derrière elle. Elle évita son regard et prit place directement à son opposé. Elle se recroquevilla sur elle-même, chamboulée par sa rencontre avec ses agresseurs mais surtout elle essayait de camoufler sa pommette dorénavant bleutée dans la pénombre.

« Qu'est-ce qui s'est passé ? » Il la vit secouer la tête, les sourcils foncés et les lèvres pincées. L'anxiété de l'attente et son attitude eurent raison de lui et il perdit son calme. « Adriana, putain, dis-moi ce qui s'est passé ! »

« On doit agir comme des ennemis, tu as oublié ? » Il tira sur sur ses liens d'un coup sec la faisant sursauter.

« Viens, maintenant. » Sa colère l'effraya si fortement qu'elle eut l'effet inverse, elle se renfrogna un peu plus dans son coin. Son sang se gela en la voyant ainsi, si frêle et apeurée. « Hey, Adriana... » Cette fois, son ton était doucereux. S'ils voulaient sortir d'ici, ils devaient travailler ensemble et la manière forte ne fonctionnait pas avec elle, au contraire. « Je suis de ton côté. »

Elle ria jaune. « Arrête. Tu fais parti de ceux qui m'ont kidnappé dans un premier temps, t'en as conscience ou tu te crois toujours meilleur que ton frère ? »

« Tu préfères rester ici, alors ? » Elle leva les yeux au ciel. Il n'avait pas tort. Malgré la présence de Beto, chez les Castellano, elle pouvait au moins jouir d'une semi-liberté dans la maison. Une issue était possible tandis qu'ici, il n'y a avait rien que de la misère et de la douleur. Et puis, à la maison, il y avait Mirko. Celui qui était de son côté et qui lui offrait un bol d'air dès que sa carapace laissait apparaître son cœur. C'était un choix entre deux maladies vénériennes mais l'une d'elle avait quelques points négatifs en moins, c'était certain. « Allez, pulcino. »

« Je te déteste. » Elle se leva néanmoins pour le rejoindre et s'asseoir à ses côtés. Cette fois, il ne put louper sa joue. Sa frustration remonta d'un cran alors qu'il ne pouvait faire de geste vers elle ou trouver les mots. « Ils m'ont posée plein de questions et j'ai fait ce que tu m'as dit. » Il ne put retenir un souffle de soulagement. « Mais j'ai refusé de leur donner des infos à ton sujet.. d'où le bleu. »

« T'aurais dû tout leur dire. »

« Je sais mais j'ai pas su. » Elle haussa les épaules tout en scrutant ses ongles noircis, incapable de faire un tel aveu en le regardant. Il l'aida à passer sa gêne en changeant de sujet. « Stockholm ? »

« Désolé pour ça, c'était stupide.... Qu'est-ce que tu as vu, là haut ? »

Elle ferma les yeux instinctivement. « C'est une maison sans étage... enfin je crois. » Il profita de son immersion pour la détailler. Elle était épuisée pour sûr et ne ressemblait plus vraiment à cette jeune femme innocente dans le restaurant. Elle était dorénavant pâle et cernée, mettant en avant sa lèvre toujours fendue et son hématome à la pommette. Il serra ses poings, ses ongles s'enfonçant encore et encore dans ses paumes au même rythme que les battements de son cœur. Lui non plus n'était plus le même, il n'avait aucun doute. Son apathie avait fait la malle dès sa rencontre et depuis il semblait être submergé par des émotions contradictoires qui le rendaient fou. « Apres la porte de la cave on a été à droite. Il y avait le salon, la cuisine à gauche et en face un couloir. Deux hommes m'ont interrogée mais un était devant la porte. Ils étaient armés. »

« Quel genre d'armes ? » Elle ouvrit ses paupières, les yeux exorbités. Elle n'en avait aucune idée et n'avait même jamais vu d'armes avant de le rencontrer. Et, par sa faute, par ce qu'il provoquait en elle, elle en avait utilisé une. Elle arrivait à sentir encore son poids et son froid jusqu'à ce qu'elle tire puis que le corps tombe devant ses yeux dans un bruit sourd. « Elles ressemblaient à celles qu'ils avaient à la maison ? »

Elle hocha seulement la tête. Elle n'en était pas certaine tant les récents événements étaient flous et hectiques dans sa tête. De plus, la confiance qu'il accordait à sa description l'effrayait. Il la vit se mordre l'intérieur de la joue. Il avait remarqué cette habitude quand elle était inconfortable et plus le temps passait, plus il voulait caresser du bout des doigts sa mâchoire pour la faire relâcher cette mutilation. À la place, il s'accrocha à son regard tandis qu'elle faisait de même. Malgré la pénombre et la situation catastrophique, elle y voyait toujours ses étincelles qui l'obnubilaient toujours.

« Promets-moi que si tu as l'occasion de partir, tu le feras. » Sa tête contre la paroi comme lui, elle pouvait voir sa mâchoire se contracter comme s'il retenait certains mots de sortir. « Promets-moi de partir, de t'enfuir loin d'ici. Laisse le passé derrière toi, ne reviens pas à la maison. »

« Combien de fois on va avoir cette conversation ? Ça devient lassant. »

« Jusqu'à ce que ça sorte de ta propre bouche. »

« Ça n'arrivera pas. Je suis mon instinct est mon instinct me dit de continuer à faire équipe. » Continuant de le scruter, elle put voir les étincelle se flouter jusqu'à ce qu'il cligne des yeux et que le spectacle s'assombrisse. C'était terminé.

« Il faut que tu retournes à ta place. Maintenant. » Il regarda la porte de la cave. « Il faut que tu te reposes. Tu as une sale mine. »

« Ne sois pas désagréable, j'ai compris. J'y retourne. Monsieur a consommé toute sa jauge de gentillesse. » Elle lui fit un doigt d'honneur tout en lui souriant.

« T'as de la chance que je sois attaché, pulcino. »

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