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Mirko attrapa le bras d'Adriana pour être certain qu'elle n'essaierait pas de repasser devant. Il n'était pas au courant de leur conversation mais au vu du regard perturbé de son père, celle-ci avait été houleuse. Le cœur battant la chamade, il regarda son ainé un instant, comme si le monde s'était arrêté. Ils ne s'étaient pas vus depuis plusieurs mois tant le brun avait fait des recherches pour retrouver la jeune femme. Pourtant, malgré l'absence, aucune effusion, aucune marque d'affection ne fut présente, seul le froid polaire était présent.

« Papa. » Il put sentir la main d'Adriana se glisser dans la sienne. Dorénavant, il ne sût dire si son cœur battait de panique ou de plénitude. « Salut. »

« C'est tout ce que tu as à me dire ? Après des mois d'absence ? Sans réponse ? Après la mort de ton frère ? » Le patriarche secoua la tête. « Et tu reviens seulement parce que... ta petite amie vient me voir ? Me menacer avec ton arme ? »

« Je n'ai pas eu le choix d'agir comme je l'ai fait. » Il souffla tout en baissant le menton. « Beto a tout fait pour me faire tuer et faire tuer Adriana, sans raison. Il devenait... ingérable et il aurait fini par détruire notre famille. »

« Tu as fait ça pour la famille ou pour... elle ? »

Il releva la tête pour affronter son regard. Celui-ci était colérique, tout comme celui de Mirko. « Maman n'aurait jamais voulu que ça se passe comme ça ! Beto est devenu sans cœur ! Il prenait les gens comme de simples objets, comme des proies ! Personne ne mérite ça et tu le sais ! On a jamais agi comme comme ça, on a jamais... fait de mal aux gens qui ne le méritaient pas ! »

« La limite est fine, Mirko. Pas vrai ? Est-ce que tous ses hommes que tu as torturé ou tué le méritaient réellement ? » Il ne put retenir sa surprise et son visage se déforma par l'horreur de ses mots. « Est-ce que tous tes actes étaient justifiés ? Tes valeurs ne vont que dans un sens et ça finira par te tuer ou tuer celle que tu essayes désespérément de protéger. » Le père appuya son poing durement contre le bois de son bureau. « Et si ce n'est pas un ennemi qui le fera, je n'hésiterai pas à le faire. Tu sais que les affaires passent avant. »

« Je crois l'avoir compris quand tu as ignoré la mort de maman. »

« Je te déconseille de faire ça. »

« J'ai ma dose. Fais ce que tu as à faire de moi. Je n'ai plus rien à perdre. »

Il sentit la poigne d'Adriana se resserrer. Lui, n'avait plus rien à perdre mais elle, ne souhaitait aucunement perdre leur lien. S'il n'était plus là, elle n'était pas certaine de retrouver son chemin. Il n'eut de difficulté à ressentir son inquiétude et entrelaça leurs doigts en conséquence, espérant la rassurer au mieux. Ce geste tendre et pourtant discret ne loupa pas au patriarche qui se vit, jeune adulte et amoureux de Marie, la mère de Mirko. Il était certain qu'à l'époque, il aurait agit ainsi aussi, protégeant de tout son être la seule femme qui avait sût éveiller le bon chez lui. Néanmoins, elle n'était plus là et toute la lumière qu'elle avait apporté semblait avoir disparu. Du moins, il ne la percevrait plus même si elle brillait profondément dans le cœur de son propre fils.

« Papa ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse ? »

« Te laisser vivre serait un acte de lâcheté vu par les autres. »

« Tu tuerai ton seul héritier. » Il haussa les épaules nonchalamment comme si l'idée que sa famille soit décimée irrévocablement ne soit qu'une banale nouvelle. Adriana cachée derrière lui ne put se retenir d'avancer devant l'absence de conviction de Mirko.

« Combien pour sa liberté ? Combien pour sa vie ? » Le père ne put retenir un léger rire.

« Ce n'est pas une question d'argent mais une question de réputation. » C'était Mirko qui s'était exprimé à la place de son père. « Et si je donnais le nom du tueur de Beto ? »

La jeune femme ne put que pincer ses lèvres, choquée qu'il puisse donner Sacha. Il était certain que ça ne lui ressemblait mais lorsqu'on était proche de la mort, il s'avérait que les personnes se révélaient sous un autre jour. Adriana avait put le voir par elle-même. Face à la mort, elle s'était figée, espérant presque qu'elle étreigne son cou. Néanmoins, ce qu'elle ne savait pas, c'était que jamais il ne vendrait son second. Il comptait seulement donner une personne qu'il détestait, un ennemi qu'il rêvait d'éliminer.

« Ça peut se faire, oui. » Le brun se détendit. Finalement, il y avait peut-être une issue. « Par contre, Adriana et toi, ça sera terminé... peu importe ce qu'il se passe entre vous, c'est terminé. Elle était pour Beto, pas pour toi, et tout le monde parle de cette hypothétique relation que vous entretenez. C'est une trahison envers ton frère. »

« Il ne s'est jamais rien passé entre lui et moi ! » Adriana s'était écrié sans précaution, ne supportant pas l'idée qu'une énième personne ne les sépare.

« D'accord. Laisse-moi la ramener chez elle. » Il déposa ses doigts autour de sa nuque, signe pour elle de ne pas intervenir. « Je te contacte dès que j'ai retrouvé le tueur. »

« Très bien. »

Il descendit sa main jusqu'en bas de ses reins pour la guider vers la sortie. À peine il ferma le bureau, qu'elle essaya de se retourner pour le confronter. « Pas maintenant, Adriana, pas ici. » Elle continua alors son chemin jusqu'à la voiture, cette fois côté passager. Mirko prit place derrière le volant et démarra en direction de l'immeuble. Lorsqu'il tourna vers la tête, il crut rouler sur son propre cœur. Elle avait croisé les bras contre sa poitrine et fixait l'horizon en face d'elle. Du moins ce qu'elle pouvait tant les larmes flottaient dans son regard. « T'aurais jamais dû y aller. » Elle acquiesça, le menton tremblant et les joues dorénavant trempées de pleurs.

« J'suis désolée. »

« Pas autant que moi. »

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