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Si Mirko devait se qualifier, il se dirait être plutôt un bon conducteur. Toutefois, selon les normes citoyennes et la personne lambda, il était un réel danger public. En particulier ce jour là pour retrouver Adriana, il doublait n'importe comment et roulait à une vitesse excessive si bien qu'il arriva en à peine une heure. Il se gara en double file et s'excusa de son geste grâce à ses feux de détresses. Il prit les escaliers, impatient, et arriva en trombe devant sa porte, essoufflé. Il dut reprendre un peu de son calme avant de toquer, certain qu'il l'effraierait sinon.

« Adriana, c'est moi. Mirko. » Il toqua une nouvelle fois, légèrement. « Ouvre-moi. » Elle entrouvrit la porte pour y percevoir son visage. Il avait les joues roses et les lèvres entrouvertes de sa course. « Tu me laisses entrer ? »

Elle acquiesça, se reculant pour qu'il le fasse à sa place. Elle avait tant pleuré que ses propres pommettes étaient rouges. Ses yeux aussi, l'étaient ainsi que voilés d'un épais brouillard de larmes. Il eut envie de passer ses pouces sur ses paupières pour les chasser mais à la place, il quitta son regard pour fermer la porte derrière lui. Ils se retrouvèrent tout deux rapidement silencieux et mal à l'aise, comme si en dehors des impulsions et de l'angoisse, ils ne savaient plus interagir. Le brun fit le tour de la chambre comme s'il s'intéressait au mobilier et à la décoration, pour réfléchir à la suite. Maintenant qu'il était ici, il allait devoir la confronter à la réalité. Elle était en danger, elle, et donc sa famille aussi, et ça même sans les Castellano dans sa vie.

« Qu'est-ce que tu vas faire Mirko ? »

« Moi ? » Il se retourna en fronçant les sourcils. Il ne voulait aucunement interagir avec cette situation. Il attirait la mort et se refusait de voir le nom d'Adriana près de celui de son père. Il comptait régler le problème en l'envoyant dans un pays étranger, lui acheter un billet et un faux passeport, puis, ne plus jamais la voir pour tourner la page. Il se suffisait à sa douleur, il n'avait pas besoin de la sienne. « T'es libre, Adriana, j'suis venu t'aider à sortir d'ici mais après... après, c'est tout. »

« J'peux pas retourner chez ma mère. » Il secoua la tête négativement. C'était trop risqué. En venant dans sa ville natale, en s'y montrant au cimetière puis sur une terrasse, elle avait indiqué aux trafiquants sa présence ainsi que son nouveau lieu de vie. « Je... Mirko... »

« J'peux t'envoyer dans un autre pays mais tu devras y rester et n'être en communication avec personne. »

« C'est impossible. » Elle posa sa main sur sa poitrine tandis qu'elle avait l'impression de manquer d'air. Ses pleurs, eux, revinrent abondamment. « Je préfère mourir. » Comme si la folie la prenait, elle s'approcha brusquement de Mirko et tenta de lui voler son couteau. Bien entendu, les réflexes du jeune homme étaient toujours à point et il l'en empêcha.

« T'es sérieuse ? » Il serra son poignet, insistant pour que la douleur lui prouve sa colère. « Ne refais jamais un truc aussi stupide putain. J'suis bien trop crevé pour supporter tes conneries habituelles. »

Elle fronça les sourcils, cherchant quoi dire ou quoi faire mais il avait raison, son impulsivité lui faisait défaut. Néanmoins, le désespoir amenait à faire des choses désespérées. Depuis plusieurs semaines maintenant, tout son quotidien si tranquille et programmé était devenue une sorte d'apocalypse sans fin. Elle leva le menton pour le regarder et il crut être envahit d'une peine immense. La pièce semblait s'assombrir tandis que le monde semblait inexistant. Il inspira profondément, le cœur au bord des lèvres.

« Pourquoi t'es venue si tu t'en fiches de ce qui est le mieux pour moi ? » Elle sécha ses joues. « Pourquoi tout ça m'arrive ? Pourquoi t'es le seul à t'en soucier ? » Il serra la mâchoire, espérant pouvoir se sortir de cet ébat d'émotion. Il était mal à l'aise, ne sachant quoi dire alors qu'il rêvait d'être un adulte normal, pouvant s'épanouir. « Arrête de me regarder comme si j'étais folle. »

« C'est pas ce que je fais. J'ai les mêmes questions en tête. » Il recula d'un pas comme s'il prenait le recul de ses propres mots. « C'est pour ça qu'on doit prendre des chemins opposés. » Le menton d'Adriana se mit à trembler. « Arrête, s'il te plaît, joue pas comme ça avec mes émotions. Pour le peu que j'en ai, t'arrives à toutes les attirer vers toi. » Il plongea ses doigts dans ses cheveux nerveusement, avant de se diriger vers le mini-bar mais fit finalement demi-tour. « Allez, ça va aller. Écoute, je te ramène chez toi et puis, je te mettrai de la sécurité, beaucoup de sécurité. Mais, tu n'es plus seule maintenant, tu as ta mère. Tourne la page. On peut plus s'appeler et chacun doit être dans sa ville. »

« Tu me ramènes maintenant ? »

Elle attrapa son sac avant même qu'il ne réponde. Néanmoins, ils se dirigèrent simultanément vers la porte et se retrouvèrent tout deux la main sur la poignée. La jeune femme essaya de se libérer mais il imposa sa poigne sur elle, l'empêchant de bouger. Il s'approcha d'elle, guidé par ses simples pulsions. Adriana ne pipa pas un mot, trop abasourdie par cette soudaine proximité mais surtout par le regard de Mirko. Il remonta ses doigts jusqu'à son cou sans pour autant quitter sa peau. Il semblait obnubilé par chaque détails de celle-ci comme s'il découvrait l'être humain par un objectif de caméra. Il pouvait voir son pouls rapide, sa respiration entrecoupée et ses frissons musculaires. 

« Mi farai impazzire, pulcino. Sei troppo bella. »

« Je ne comprends pas ce que tu dis. » Elle murmurait seulement, de peur que leur bulle éclate.

« Je sais, ça me plaît. » Il ferma les paupières en même temps qu'elle. Il passa son pouce sur sa mâchoire, sa douceur faisant contraste avec la peau rêche de ses doigts. « Tu m'as fait venir jusqu'ici et j'ai couru. J'ai pas réfléchi une seconde et ça a été comme ça depuis le premier jour. Et c'est insupportable. »  Elle se pencha vers l'avant, invitation à ce qu'il s'approche et c'est ce qu'il fit, posant son front contre le sien tandis qu'il profitait de cette proximité pour s'enivrer de son contact et de son odeur. « Il faut que j'appelle mes gars pour qu'ils arrivent rapidement et que tu rentres chez toi. »

« Oui. »

« Et que je rentre avant qu'on remarque mon absence. » Elle hocha la tête légèrement. Il passa son doigt le long de ses cheveux avant de les mettre derrière son oreille. « J'suis garé en double file. »

« Alors, vas y, Mirko, avant que ta voiture soit prise par la fourrière. » Ce fut à son tour d'acquiescer. Néanmoins, il ne la lâcha pas, au contraire. À la place, il avança jusqu'à ce qu'elle soit contre le mur. « Qu'est-ce que tu fais ? On peut pas faire ça, tu le sais. »

« Pour l'instant, on a rien fait de regrettable. »

« Au contraire. Depuis le début, on fait des mauvais pas. On aurait dû s'ignorer depuis le début..continuer à se détester... »

« Si c'est trop tard alors... »

Il n'attendit pas une seconde pour hésiter et l'embrassa. C'était un simple baiser, furtif et sans forme, comme si ce seul contact avait créé une décharge électrique, les faisant reculer.

CosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant