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Mirko hésita quelques secondes en regardant la maison devant lui. Il allait devoir annoncer la disparition d'Adriana à sa famille et il était certain que la situation se retournerait contre lui. Toutefois, il était prêt, il le devait à la jeune femme et de toute manière, il pensait mériter leur colère. Il n'avait pas su la protéger, la laissant seule dans la chambre d'hôtel trop longtemps, oubliant de la prévenir de n'ouvrir que s'il se présentait avant. Depuis le début, tout n'était que regret. Il aurait dû égorger son père dans le restaurant afin qu'elle reste libre et loin de Beto. Il aurait dû l'ignorer, ne pas suivre son instinct, ni la voix de sa mère lui murmurant de faire ce qu'il fallait, d'être juste même si sa famille ne lui permettait pas toujours.

« On y va ? » Sacha avança, impatient. Il n'avait pas cherché à comprendre la raison de l'appel de Mirko. Celui-ci lui avait seulement expliqué qu'ils devaient retrouver Adriana alors il avait accepté. Il ne l'avait jamais vu et ne connaissait rien d'elle mais c'était la demande de son boss. « Tu veux que je leur dise ? Ça me dérange pas. Plus on le fera vite, plus vite on pourra la retrouver. »

« Ça va aller. Je sais me débrouiller. » Il toqua lourdement à la porte, impatient, et ce fut le beau-père qui ouvrit. Il ne put se retenir de souffler, il voulait seulement y passer rapidement, peut-être même ne pas rentrer et annoncer la nouvelle avant de s'enfuir. Pour se rassurer, il toucha du bout des doigts son couteau. « On voudrait voir Catherine, ancienne épouse de Monsieur Cascio et mère de Mademoiselle Adriana Cascio. »

« Et vous êtes ? »

Mirko serra la mâchoire et s'avança, les yeux sombres qui firent reculer le plus âgé. Il profita de la brèche et entra dans la maison. Il évalua l'environnement sans pour autant s'arrêter. La mère d'Adriana était dans la cuisine, elle préparait le repas du soir, inconsciente que sa première fille n'en ferait pas partie. Comme si le destin continuait d'être contre lui, Julia, la petite sœur entra, joviale et Catherine releva enfin le nez de sa poêle. Il put voir la ressemblance avec le jeune femme, surtout lorsque son visage se marqua de craintes.

« Julia va dans ta chambre. » Elle attrapa le couteau de cuisine à son côté sans quitter des yeux les deux inconnus. « Qui êtes vous ? Comment êtes vous rentrés ? »

Mirko dut se forcer à déglutir tant il avait même oublié de respirer. « On est simplement venu vous prévenir qu'Adriana ne rentrera pas ce soir.... ni les prochains jours. » Il vit yeux de Catherine devenir larmoyants alors que la peur se transformait en panique. « Je suis une... connaissance... un ami et elle m'a appelée car elle était en danger. Je suis venu trop tard. » Il regarde le sol une petite seconde avant de reprendre. Il se devait de rester impassible malgré la difficulté de la situation. « Je vais tout faire pour la retrouver, je vous le promets. »

« C'est une blague ? Pas vrai ? » Elle le pointait avec la lame. « Allez vous en ! »

« Je vous tiendrais au courant via la téléphone d'Adriana. » Il ignora son ton et ses gestes menaçants. Il savait qu'il n'avait qu'à avancer d'un pas pour la faire reculer. « Je vous conseille quand même d'appeler la police pour déclarer sa disparition. On sait jamais. » Il se retourna pour partir mais tomba de nouveau sur le beau père. Il était rouge et pour sûr, la promesse de Mirko n'avait aucunement apaisé leurs inquiétudes et leurs colères.

« Vous n'irez nulle part. » Il bloquait la porte de la cuisine, comme s'il pouvait faire poids contre eux seulement parce qu'il était à domicile. « Catherine, appelle la police. » Le brun inclina la tête tout en se frottant la barbe naissante sur sa mâchoire. Il jugea la situation et finalement sortir son arme à feu pour le pointer contre l'homme. Celui-ci leva les mains en l'air. « Vous êtes dingues ! Qu'est-ce que vous faites ? »

« Laissez-nous passer. J'ai aucune envie de vous tirer dessus mais je n'hésiterai pas. J'ai pas votre temps. »

« Partez ! »

Il les laissa passer et Mirko et Sacha ne se firent pas prier pour sortir de la maison. Ils entrèrent dans la voiture du second pour partir en trombe. Sans un mot, ils rejoignirent l'hôtel où le brun était encore garé. Il ne descendit pas immédiatement et resta à regarder l'horizon par le pare-brise, essayant de digérer les derniers événements tout en planifiant les prochains. Il n'avait aucune piste de recherche, aucune idée par où commencer et l'absence de Léo se faisait encore plus présente face au calme de l'habitacle. Il rêvait de l'entendre lui dire qu'ils allaient simplement exploser chaque planque des trafiquants jusqu'à la retrouver.

« Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? »

Il secoua la tête. « J'en sais rien. »

« On peut commencer par ce qu'on sait ? On connaît une de leur planque. »

« J'suis pas sûr qu'on ait le temps. »

« Je comprends mais on a aucune piste, pas vrai ? J'suis prêt à faire des nuits blanches et à bosser chaque minute pour la retrouver mais on doit commencer quelque part. »

« Ouais, allons y. »

« Laisse ta voiture ici, je t'emmène. Repose-toi. » Sacha redémarra avant que Mirko ne dise quoi que ce soit. « Tu la récupéreras quand on ramènera Adriana à ses parents. » Il regarda du coin de l'œil son boss qui fixait le surnom maman sur le téléphone de la brune. Celle-ci ne faisait que d'appeler, espérant que ce soit sa fille qui réponde. « Est-ce qu'il serait pas mieux de l'éteindre ? Les flics vont forcément retracer son portable quand ils vont la rechercher. On sera pas très utile en garde à vue. » Il hocha la tête, les lèvres pincées. Éteindre ce téléphone semblait ressembler à éteindre une partie d'elle. Néanmoins, il le fit, à regret et le rangea rapidement dans sa poche avant d'être tenté de le rallumer pour y voir un peu de vie. « On la retrouvera. »

« Je sais. »

Il la chercherait jusqu'à son dernier souffle.
Il la retrouverait morte ou vivante mais il la retrouverait.

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