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Le soleil s'était à peine levé que Mirko avait profité du réveil de Maria pour l'emmener au bord de l'eau. Il s'était assis sur une serviette et avait déposé la petite fille sur ses cuisses, emmitouflée dans un plaid malgré la température déjà agréable. Elle était face à lui, chouinant à plein poumons si elle ne voyait pas son visage. Sa personnalité se dessinait de plus en plus et ses parents prenaient un malin plaisir à se comparer, lançant les défauts à l'autre tout en prenant ses qualités. Pour sûr, Maria était capricieuse mais souriante. Elle aimait la présence de ses parents mais surtout elle adorait fixer son père d'un grand regard tout en tenant ses doigts.

Mirko contempla l'horizon. Cela faisait déjà quelques semaines qu'ils étaient installés dans ce nouveau pays, à deux pas de la mer, dans un endroit si perdu que le réseau était haché. Néanmoins, ils étaient comblés et profitaient de chaque moment comme s'il valait tout l'or du monde. Ils s'étaient choisis encore et encore et avaient décidé de fuir et de se battre pour ce à quoi ils croyaient, l'amour, la famille, la vraie.
Finalement, il abandonna l'environnement pour sa fille qui gigotait, mécontente de son absence d'attention. Il pouffa en voyant ses sourcils froncés et son rire la fit rire à son tour. Il caressa tendrement sa pommette, pris d'émotion en l'entendant. S'il considérait Adriana comme un ange tombé du ciel, il n'avait encore trouvé de meilleure comparaison pour Maria. Les larmes aux yeux, il se retourna pour regarder la maison et fut surpris de voir la jeune femme sur la terrasse. D'un geste, il l'invita à venir près d'eux et elle ne se fit pas prier. Elle s'installa à ses côtés, recevant un baiser sur sa tempe.

« Ça fait longtemps que t'es réveillée ? »

Elle acquiesça. « Vous étiez si beau, je voulais pas vous déranger. »

« C'est elle qui fait tout le charme du lieu. »

Il bouscula légèrement son épaule, taquin. Ici, il était la majorité du temps d'humeur légère. Néanmoins, il restait réveillé avant l'aube, étranglé par son passé et se perdait facilement dans sa tête, revivant si précisément les scènes qu'il lui fallait plusieurs minutes pour retourner dans la réalité. Face à son mutisme soudain, elle embrassa sa joue avant de reposer sa tête sur son épaule. Dorénavant, Maria regardait ses deux parents, ne sachant où poser ses yeux alors qu'ils l'admiraient tous deux amoureusement. Elle lança même un de ses plus beaux sourires béats, les faisant craquer.

« Elle est parfaite. » Il acquiesça, appuyant son accord en passant son indexe le long de son petit nez.

« Pulcino ? » Sa voix était légèrement tremblante.

« Hm ? »

« T'es heureuse ? » Elle hocha seulement la tête, confuse par sa demande. « T'es bien ici, genre vraiment ? »

« Oui, pourquoi ? Toi, non ? » Il souffla, incapable de dire qu'il gardait en lui cette douleur qu'aucun océan ne pourrait éteindre. « Si tu ne l'es pas, je comprendrai, on tourne pas la page facilement. »

« J'suis bien ici, avec toi, avec Maria et même avec le recul, je sais que j'ai pris la bonne décision. » Il attrapa sa main pour entrelacer leurs doigts, tout près de la petite fille qui semblait s'endormir en entendant sa voix. « Mais un rien me rappelle ce que j'ai... vécu... ça me rend faible. Je réalise à quel point tout était... dingue et malsain. Et il faut que tu saches que.. il faut que tu saches que parfois ça me manque. La violence et cette...adrénaline d'avoir le pouvoir. Ça me rend dingue à quel point je suis complètement.. taré. Je devrais être en taule, en vrai, pas être là, à vivre au paradis avec les deux femmes que j'aime le plus au monde. »

« J'entends mais tout arrive pour une raison. Et on a déjà dit qu'avec des si... »

« Ouais, je sais. »

« Pour ton besoin de.. retrouver un peu ça, tu peux peut-être faire du combat, en salle ? » Il haussa les épaules tout en se pinçant les lèvres. « Ça extériorisera ta colère. » C'était si innocent qu'il acquiesça, seulement, incapable de lui faire comprendre la noirceur acide dans son corps qui le poussait à agir brusquement, à tout détruire sur son passage mais il voulait y croire parce que depuis le début, elle y croyait. « Et puis, tu es talentueux, je crois que tu pourrais... peut-être réfléchir à utiliser tes compétences mais seulement de manière légale. »

« J'ai pas de diplôme, pulcino. J'ai même pas le brevet. »

« J'y connais rien mais je crois pas que ça soit toujours nécessaire. » Ils se levèrent simultanément pour rentrer dans la maison. Ils marchèrent l'un à côté de l'autre, Maria toujours dans les bras de son père. « J'suis désolée, je sais pas quoi te dire, comment t'aider. »

« Tu m'aides déjà, t'inquiète pas. » Il la chahuta de son épaule. « J'avais juste besoin de te le dire parce que je veux pas que tu crois que c'est lié à toi. »

Elle acquiesça, restant néanmoins songeuse alors qu'il semblait n'y avoir aucune solution pour eux deux. Mirko avait espéré que leur départ, l'éloignement avec Catherine, le sauveraient. Toutefois, il fallait bien plus que ça. Il fallait du temps, du pardon et de la réflexion. Il devait accepter ses origines et ses traumatismes pour en faire une force. Adriana passa une main dans son dos, essayant au mieux de le réconforter en le voyant perplexe. Il lui souria affectueusement alors qu'ils entraient par la baie vitrée. C'était une toute petite maison avec deux chambres qui donnaient en tout point vers l'extérieur. Elle était à une heure de la ville mais comme ils en avaient rêvé, ils n'y allaient pas pour le moment, s'isolant pour que rien ne puisse interférer dans leur monde. S'ils avaient été honnêtes, ils auraient dit que c'était toxique mais pour le moment, c'est tout ce qu'ils pouvaient affronter.

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