Malgré sa fuite de la ville, Adriana ne pouvait se retenir de regarder les actualités. Les homicides dans la maison de l'enlèvement étaient restés sous silence et elle en déduisait que Léo et ses collègues avaient fait le travail comme il fallait. Assise autour de l'îlot central de la cuisine, elle naviguait sur la tablette à la recherche d'informations, en particulier sur la famille Castellano. Elle ne pouvait se retenir de rechercher leur nom de famille. Parfois, elle osait y rajouter le prénom du brun, seulement au cas où d'autres photos d'une soirée caritative apparaîtraient. Néanmoins, il semblait ne plus exister comme s'il n'avait été qu'un simple produit de son imagination mais la cicatrice contre ses côtes prouvaient le contraire. Son frère Beto, lui, existait.
Elle verrouilla brusquement l'écran alors que sa mère arrivait. Malgré son accueil chaleureux, elle avait gardé secret les derniers événements traumatiques de sa vie. Ses insomnies et crises de pleurs étaient gardés sous silence, excusant ses mécanismes de défense grâce à la mort violente de son père.
« Bonjour miss. » Elle attrapa un mug tout en regardant sa fille. Si elles avaient un premier point commun, c'était leur besoin de caféine dès le matin. « Tu as réussi à dormir ? » Elle acquiesça, malgré ses cernes et ses lèvres gercées d'avoir été mordues d'anxiété. « Peut-être que tu aurais besoin de voir un spécialiste. Tu sais, moi j'en ai vu un quand j'étais plus jeune et ça m'avait fait beaucoup de bien de parler. »
« Je vais bien. Je t'assure. »
« Comme tu veux, Adriana, si tu changes d'avis, tu sais que je suis ouverte à l'idée. Je vois bien que tu ne dors pas et que tu es ailleurs. Je veux juste que tu ailles mieux. »
« Je sais, maman, t'inquiète pas. » Elle se força à sourire. « J'te remercie. »
« Je suis soulagée que tu sois ici en tout cas. » Elle fronça les sourcils, confuse face au visage de sa mère devenu soudainement apeurée. « Sur la chaîne des infos, ils disent qu'il y a eu une nouvelle fusillade sur une voiture, en pleine ville, tu te rends comptes ? Il y a eu encore un mort. C'est franchement effrayant ce monde dans lequel on vit. » Adriana sentit son cœur tomber de plusieurs étages, faisant monter ses larmes. « Oh, désolée, je n'aurai rien du te dire. »
Elle secoua la tête, sans répondre, et ouvrit seulement la tablette pour chercher un article sur le sujet. Elle n'eut à chercher très longtemps avant de trouver un premier lien. Lorsqu'elle cliqua, elle ne put retenir son émotion et posa sa paume contre ses lèvres pour retenir un sanglot. Elle pouvait reconnaître avec aisance la voiture de Leo, à l'envers, le côté passager renfoncé vers l'intérieur ainsi que la carrosserie criblée de balles. Elle lut entre les lignes les informations et comprit rapidement que la personne décédée faisait partie de ce véhicule. Toutefois, la description vague n'était pas suffisante pour différencier Mirko et son meilleur ami.
« C'est horrible. »
« Ça doit te rappeler de mauvais souvenir. Cette ville est complètement folle. »
« Si tu savais... » Adriana quitta sa chaise, un besoin irrépressible de s'isoler la guidant. C'était une sorte de dualité entre son besoin de savoir si Mirko allait bien, de cette inquiétude rongeuse et constante pour lui, un homme qui pourtant était complice de son enlèvement, de la mort de son père et de tous ses traumatismes encore présents. Elle se détestait de ne pas être en capacité de tourner la page. « Je vais me reposer un peu, si tu veux bien. »
« Bien sûr, il est encore tôt et tu as besoin de récupérer. Je te réveille pour le repas ? »
Elle acquiesça seulement avant de repartir dans sa chambre, la tablette électronique dans la main. Elle savait qu'il n'y avait qu'un seul moyen pour se détacher, c'était de rester éloigner des Castellano. Néanmoins, pour se faire, elle avait besoin de s'apaiser et ainsi de s'assurer que Mirko était le survivant. Aucune information n'était trouvable et cette famille était discrète mais Léo, lui était plutôt du genre à s'exprimer et la personnalisation excessive de son appartement en était une preuve. Adriana se mit à chercher ses réseaux, avec difficulté, n'ayant qu'un prénom et une ville.
Il lui fallut plus de deux heures et un refus de repas en famille pour retrouver les réseaux de Léo. Il n'avait rien publié depuis l'accident mais Adriana se perdit surtout dans son fil de photo. Mirko y était, peu souriant et souvent en fond, et n'en fut pas surprise. Elle n'essaya aucunement de s'empêcher son exploration, à la recherche de son visage sur chaque photos. Du moins, jusqu'à ce qu'elle se souvienne de la raison de cette recherche. Elle remonta alors au dernier cliché. Il avait été publié quelques heures avant l'accident. Les deux jeunes hommes étaient assis devant un bar vide. Elle profita du lien de localisation pour appeler, espérant que cet endroit vide ne soit qu'une autre propriété des Castellano.
« Club alibi, bonjour ? » Elle bafouilla quelques secondes avant de reprendre son calme. Elle se trouvait un peu folle de faire une telle enquête afin de savoir si Mirko était encore en vie. « Allo ? »
« Oui, euh... bonjour excusez-moi. J'appelle pour savoir si je pouvais avoir Monsieur Castellano Mirko au téléphone ? »
« Vous êtes ? »
« S'il vous plaît, c'est important. »
« Il est injoignable. » Le ton devint ferme et suspicieux. « Quelle est la raison de votre appel ? »
Elle raccrocha rapidement comme une enfant qui venait de faire une bêtise et éteignit son portable. Les joues roses et la main contre ses lèvres, elle tenta de calmer son coeur qui semblait vouloir sortir de sa poitrine.
« J'suis complètement folle, putain. »
Et ce n'était pas terminé.
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...