53

367 10 2
                                    

Mirko et Adriana restèrent toute la matinée dans le lit. Ils s'étaient endormis l'un dos à l'autre, suffisamment en contact pour être rassurés, sans dépasser les limites demandées par la jeune femme. La calme de la pièce et la tranquillité d'être à d'eux leurs donnèrent presque espoir d'un mieux, comme si la roue pouvait enfin tourner.
Elle se réveilla en première, vers quinze heures alors que son estomac criait famine. Néanmoins, elle ne s'en plaignit pas et n'essaya pas de résoudre ce besoin. A la place, elle se retourna pour voir le dos du brun. Il portait un tee shirt mais malgré celui-ci, elle pouvait y voir ses muscles se mouvoir selon ses respirations. Elle céda à la tentation et passa sa main le long de sa colonne vertébrale. Toutefois, malgré son geste léger, il sursauta et se redressa brusquement comme si elle venait de le poignarder.

« Putain. » Il se frotta les yeux après avoir regardé les alentours. Son cœur battait tellement fort contre sa poitrine qu'il avait l'impression d'avoir couru un marathon.

« Désolée, j'voulais pas te faire peur. » 

« C'est moi, j'ai oublié où j'étais. » Il se rallongea puis tourna la tête vers elle. « Bien dormi ? » Elle acquiesça, les lèvres pincées comme si elle avait peur de faire un autre mauvais pas. « Je t'ai fait peur. » C'était même pas une question, il pouvait le voir à ses yeux exorbités et sa soudaine timidité. « J'ai souvent le sommeil perturbé. Je me souviens pas avoir eu une nuit tranquille depuis que je suis gamin. Mon père nous réveillait, Beto et moi, pour qu'on soit toujours prêt à se battre. Ils nous faisaient faire des pompes ou des enchaînements de boxe. » À ses aveux, elle s'approcha, posant son visage près de son épaule pour y déposer sa tempe. « Et puis, la nuit, il y a toujours des trucs qui reviennent, même quand on le veut pas. »

Elle embrassa son épaule tendrement. « T'as pas à te justifier. »

« Il faut qu'on se lève. Sacha va arriver. »

Elle acquiesça et comme si le destin voulait prouver ses propos, le second toqua à la porte. Ce dernier jura tout en quittant le lit tandis qu'Adriana s'enfuyait dans la salle de bain, des vêtements en main. Le jeune homme ouvrit la porte pour tomber sur Sacha qui tenait des viennoiseries en main et du café. Il entra sans invitation et reposa toutes les affaires sur le plan de travail tandis que Mirko enfilait un sweater. Il attrapa un gobelet, laissant l'autre pour Adriana et piocha un croissant.

« Ça va ? » Il hocha la tête tout en mâchant et se laissant tomber contre le matelas. « T'as vu ton père ? »

« C'était une super retrouvaille. » Son ton était tellement sarcastique son nouvel ami ne put se retenir de lever les yeux au ciel. « Il faut que je trouve quelqu'un à donner pour ne pas qu'il te bute et je suis censé ramener Adriana dans sa famille. »

« Et tu n'as aucune envie de la ramener, pas vrai ? »

« Nan, je refuse. J'en ai marre de penser aux autres et pas à moi. Depuis qu'elle est là, je me sens... différent. Et c'est carrément égoïste, je le sais, parce qu'elle serait bien mieux chez sa mère mais j'aime bien quand elle est là. Elle est différente et elle me croit différent. C'est plaisant. »

Il ne put continuer de s'exprimer à cœur ouvert qu'Adriana revenait, habillée mais surtout intimidée. « Bonjour. »

« Salut. Heureux de te voir debout et plus... vivante. » Elle acquiesça tout en regardant plutôt Mirko comme soutien. « J'ai ramené du café et à manger, si tu veux. »

« Merci. » Elle se servit et resta contre le comptoir, préférant garder une distance comme pour se protéger des plans des deux hommes. « J'aimerais bien pouvoir vous laisser discuter mais il n'y a pas énormément de pièces ici. »

« Tu veux qu'on sorte et qu'on te laisse ? » Elle secoua la tête, refusant qu'ils partent, du moins, qu'il parte. « Le plus facile à gérer, tout de suite, c'est de donner quelqu'un à ta place, Sacha. On prendra quelqu'un qui nous doit de l'argent. On lui mentira, on lui dira que sa liberté déprendra de son aveu puis mon père fera ce qu'il veut de lui. » La brune s'étouffa dans son café. Mirko racontait son plan comme s'il discutait du restaurant où ils allaient manger ce soir. Il la vit se tendre et toussoter mais dut se retenir d'agir. « Pour Adriana, je... manque d'idée mais je me dis que si les gars l'approuvent, mon père ne pourra trop rien dire. »

« Elle doit faire partie du groupe. »

« Non, c'est hors de question, t'entends ? Jamais elle ne participera à ce qu'on fait. » Sacha accepta, pas parce qu'il était d'accord mais parce qu'il n'avait pas le choix. « Tu vas parler aux gars et les rameuter de notre côté. Trouve tous les moyens mais Adriana sera libre. Raconte leur la vérité, utilise leurs faiblesses, j'en sais rien mais ils doivent être de notre côté. Mon père n'aura plus le choix si tout le monde parle de cette histoire. »

« J'y vais maintenant. J'dois en retrouver certain pour faire le point sur les... dernières nouvelles. »

« Tu me rappelles directement après. »

« Ouais. Pas de soucis. » Sacha attrapa la poignée pour sortir. « Salut Adriana. »

Elle fit un geste de la main poliment et il laissa les deux protagonistes ensemble. Elle baissa le menton, ne camouflant plus sa peine alors qu'ils étaient tous les deux. Mirko s'approcha d'elle, sans hésitation, sans nonchalance. Il l'enlaca contre lui sans un mot, espérant seulement que ce geste l'apaiserait. Il caressa longuement ses cheveux tout en reposant une main dans son dos. Elle, appuya son front contre son torse, les paupières closes pendant qu'elle inspirait son parfum et s'imprégnait de sa chaleur. Plus le temps passait, plus elle ressentait le besoin de son contact comme si elle venait de toucher à une substance addictive sans s'en rendre compte.

« Tout ira bien, pulcino, tout ira bien. »

CosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant