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« Tu la tiens ? » Adriana acquiesça, la petite fille sur ses genoux, tenant sa tête pour ne pas qu'elle bouge. « On devrait attendre, non ? »

« Mirko, s'il te plaît, elle a besoin de dormir et donc de prendre son traitement. » Maria avait réveillé la maison dans la nuit, douloureuse à l'oreille. Avec la fièvre, ils n'avaient pas hésité à l'emmener aux urgences. Le diagnostic était simple, c'était une otite mais le traitement était tout autre. Du moins, pour le père qui semblait incapable de mettre des gouttes. « C'est prescrit par le médecin. »

« Et il a pas arrêté de la faire pleurer. » Elle le regarda, hébétée. « Trop protecteur ? » Elle hocha la tête vivement et il inspira profondément. « Ok, allons y mais si je la fais pleurer... »

Elle ne répondit pas, certain qu'il trouverait un moyen de se décharger de sa tâche. Il se pencha au dessus de Maria qui était restée immobile, apaisée par les tendresses de sa maman dans ses cheveux. Il fit tomber les gouttes dans son oreille et comme prévu, la petite fille pleura. Toutefois, il resta au mieux calme, s'asseyant à côté d'elles tandis qu'Adriana la prenait dans ses bras. Il passa une main dans son dos, espérant la calmer. Les bisous et les caresses eurent raison d'elle et elle se relaxa. Le brun se détendit enfin et ils purent l'allonger entre eux deux dans le lit. Ça n'avait pas été une négociation, tous les deux bien trop inquiets pour se séparer d'elle.

« Je m'améliore ? » Elle fronça les sourcils, confuse, tout en le regardant. Lui, ne lâchait pas du regard la petite fille qui tripotait son doudou, les yeux grands ouverts comme si elle n'avait pas sommeil. « Tu crois que je deviens... mieux ? »

« T'as toujours été un bon père. »

« Tu sais ce que je veux dire. J'aurai frappé ce Medecin alors qu'il faisait juste son taff. » Il passa ses doigts contre le crâne de Maria, espérant l'endormir. « Imagine quand elle va grandir, marcher, aller à l'école... faire du putain de vélo. »

« On apprendra au fur et à mesure. »

Elle était convaincue qu'ils en étaient capables. Ils avaient battu nombreux obstacles, avec difficultés et parfois échecs avant de s'en sortir vainqueurs mais ils l'avaient fait. Mirko resterait cet homme protecteur ayant besoin de contrôler et Adriana serait toujours cette femme impulsive ayant besoin d'attention. Néanmoins, il n'y avait aucun doute qu'ils avaient appris et qu'ils apprendront jusqu'à la fin de leur jour. Et tout ce qui comptait en l'instant, c'était qu'ils essayaient encore et encore d'être les meilleures personnes qui soient.

« Tu dors mieux. Tu... laisses les employés du chantier travailler. Tu laisses Maria s'aventurer... » Il hocha la tête, elle n'avait pas tort. Maintenant qu'elle marchait à quatre pattes, la petite fille filait n'importe où et il était certain d'en faire un ulcère. Toutefois, il la laissait faire, surveillant seulement pour sa sécurité. « Tu lui as mis des gouttes dans son oreille. »

Il pouffa légèrement. « Génial. » Il secoua la tête. « Mais t'as raison. » Il regarda de nouveau le bambin entre eux. Elle avait fermé les paupières mais continuait de lutter contre le sommeil. Néanmoins, ça devenait de plus en plus difficile du fait des caresses et des voix réconfortantes. « D'ailleurs, les travaux avancent bien. Je crois que c'est une bonne affaire mais... j'aurai besoin d'aide pour la paperasse. » C'était faux. En réalité, il gérait très bien seul mais il avait besoin de voir Adriana quitter son travail, ne supportant plus de la voir s'éreinter pour les maintenir hors de l'eau.

« Tu vas demander à Sacha ? »

« Non, il fait sa vie maintenant. Je pensais à toi. »

« Mais je n'y connais rien, moi. » Elle inclina la tête tout en plissant les paupières, suspicieuse. « Tu me dis toute la vérité ? » Il s'humecta les lèvres et se recoiffa. « Quand tu me mens, ça se voit. J'espère que tu t'en rends compte. »

« On joue sur l'honnêteté ? » Elle lui fit les gros yeux devant cette évidence, ne sachant à quoi s'attendre. « Est-ce que ton taff te plaît vraiment ? Je veux dire, tu fais des heures de dingues. On se voit plus beaucoup et t'es payée une misère. » Elle baissa la tête, touchée. Elle savait que ce n'était pas le travail le plus gratifiant au monde mais elle le faisait pour lui, pour Maria. « Ne te vexe pas. Tout ce que je dis, c'est que tu mérites mieux. » Elle avait l'impression d'entendre son père, elle en grimaça.

« Ça serait inconscient de plus avoir de salaire. Tu t'en rends compte ? »

« Je sais mais je pourrai refaire du combat. » Elle se redressa brutalement, manquant de réveiller Maria. « Réagis pas comme ça. » Elle sortit du lit, prenant le temps de mettre son oreiller malgré tout pour protéger le bambin. « Adriana. »

« Tu parles d'une évolution, Mirko. » Elle le pointa du doigt, se retenant de crier. Il s'était redressé sans pour autant quitter les draps. « C'était quoi tout ce bla-bla pour que j'accepte ? Tu me demandes si.. tout va mieux et au final tu parles de ça ? »

« Il existe des combats légaux. »

« Génial, ça me fait une belle jambe. » Elle leva les yeux au ciel. Ses pommettes étaient rouges et son cœur battait la chamade. Elle était effrayée à l'idée qu'il retombe dans ses travers et se battre pour de l'argent semblait être une ligne droite directement vers ses anciens excès. « Je refuse. J'ai accepté plein de trucs, pour toi, pour nous, mais ça, ça non. » Elle sentit son menton trembler puis ses joues se tremper. Cette fois, il se leva, positionnant à son tour une protection avant de la rejoindre. Il tenta de l'enlacer mais elle l'évita. « C'est bon, laisse-moi. »

« On va pas se disputer pour ça. »

« Si, bien sûr que si ! » Elle essuya ses joues d'un geste rageur mais ne se débattit pas une seconde fois alors qu'il l'attirait contre lui. « Tu m'énerves. »

« Je sais. » Il embrassa son front. « Je le ferai pas. Désolé. Je voulais juste trouver une solution. »

« Je veux mon indépendance. Je veux pas travailler pour toi. »

« Ok, ok. C'est toi qui décide. »

« N'en reparle jamais. S'il te plaît. »

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