Mirko se regarda dans le miroir tout en lissant sa chemise encore et encore. Il détestait porter ce genre de tenue mais ce midi, il souhaitait faire bonne figure et être le gendre parfait. Le déjeuner du samedi était précieux pour Catherine et son époux. Étant donné qu'Adriana était conviée, Mirko l'était à son tour. Il n'en avait aucune réelle envie tant il détestait tout ce qui se rapportait aux rituels familiaux. Néanmoins, il avait accepté de venir, espérant arranger les relations pour que ça devienne plus vivable. Deux bras entourèrent sa taille et il inspira profondément comme si elle venait s'ouvrir sa cage thoracique.
« Tout ira bien. » Il acquiesça sans trop y croire. Il avait eu tellement de préjugés sur son dos qu'il en connaissait les difficultés à les retirer. Il se retourna pour la voir et elle en profita pour poser son menton contre son sternum pour le regarder. « Si ça ne va pas, tu me fais un signe et je trouverai une excuse pour partir. On fait équipe. »
« On fait équipe. »
« Et puis, on va manger maison gratos sans rien faire. » Il pouffa légèrement, se déridant. « Et si tout se passe bien, ils gardent Maria pour la journée alors on aura notre après-midi. »
« J'en rêve. J'ai même réservé un endroit. » Elle ouvrit grand les yeux, surprise. « J'ai envie de profiter avec toi, de me couper de la réalité. »
« J'suis impatiente. » Elle se mit sur la pointe des pieds pour embrasser ses lèvres avant de s'éloigner. « Allons y. »
Il acquiesça silencieusement, la regardant enfiler ses talons puis attraper leur fille. Face à son regard brulant, Adriana sentit le chaud arriver à ses joues. Elle préféra passer devant pour ne plus le voir, certaine qu'elle céderait à la tentation. Ils prirent la route silencieusement, incapables de parler alors que leurs pensées étaient envahies par leurs inquiétudes. Néanmoins, Mirko attrapa sa main pour entrelacer leurs doigts et s'en rassurer.
Ils arrivèrent en quelques minutes mais restèrent immobile autant de temps, appréciant seulement le calme de l'habitacle et l'apaisement de l'autre. Le babillage de Maria les réveillèrent et ils sortirent alors. Cette fois, le brun prit les devants et prit la petite fille dans ses bras, ayant besoin d'un soutien émotionnel et ses sourires béats et son regard attentif étaient grandement aidants. Adriana ne put s'empêcher de sourire pleinement, heureuse de les voir se rapprocher progressivement.Ils toquèrent et ce fut Catherine qui ouvrit. Elle eut un mouvement de recul en voyant le jeune homme, Maria dans ses bras. Il préféra ne rien dire, entrant seulement après y avoir été convié. Adriana, elle, effleura son dos en soutien avant d'avancer vers le salon.
« Vous voulez boire quelque chose ? »
« Un coca, ça ira. »
« Mirko ? »
Il leva la tête, son indexe entouré par sa fille. La brune s'installa à ses côtés. « Pareil, merci. »
« Adi, tu devrais coucher Maria. »
« Elle est bien là où elle est. »
Catherine piqua un fard avant de s'éloigner. Malgré qu'elle est pris sa défense, Mirko se sentit soudainement mal à l'aise comme s'il n'était pas à sa place et qu'il prétendait être un autre. Lui qui avait tant vécu dans la violence portait dorénavant un bébé plein d'innocence dans ses bras. Il regarda Adriana et fut surpris de voir son sourire. Elle était seulement comblée, voyant ce qu'il n'arrivait à voir, un père et sa fille, un amour inconditionnel.
« Tu peux la prendre ? »
Cette fois, elle vit l'ombre dans ses prunelles. « T'es sûr ? Elle est vraiment bien dans tes bras. »
« Prend-la, s'il te plaît. Elle sera mieux dans son lit. »
Elle acquiesça, ne souhaitant pas envenimer la situation en présence de sa famille. Elle attrapa Maria pour l'installer dans une chambre. Catherine y avait tout aménagé pour leurs visites, compensant presque son absence en couvant la petite fille. Mirko était resté dans le salon, regardant ses mains comme s'il y voyait le sang de ses victimes. Il se les frotta vigoureusement tandis que son cœur battait la chamade. Il avait soudainement l'impression d'étouffer comme s'il venait de courir un sprint. Il en posa sa main sur sa poitrine mais la douleur déclenchée au contact de la brûlure le fit sursauter, jetant un peu plus dans ses veines de l'adrénaline. Ses pupilles se dilatèrent et son souffle s'accéléra. Il arrivait à entendre le moindre petit bruit et à ressentir le moindre courant d'air.
« Mirko ? » Catherine s'approcha lentement comme s'il était une sorte d'animal de foire en souffrance. « Qu'est-ce qu'il se passe ? »
« J'en sais rien. Je... j'arrive pas à respirer. »
Il se leva et attrapa son paquet de cigarettes. Il avait besoin de sortir pour s'oxygéner et prendre sa dose de nicotine. À chaque pas, il ressentait des coups d'électricité jusque dans ses pieds comme si un million de fourmis rongeaient ses nerfs. Il passa la baie vitrée et s'installa sur le bord d'une chaise longue. Il vit Catherine hésiter une seconde avant de le rejoindre. Elle prit place sur l'autre chaise, à un mètre de lui. Il serra la mâchoire, rêvant de la faire partir en l'insultant ou en lui faisant peur.
« Vous faites une crise d'angoisse. »
« Je suis juste crevé. Ça va. » Ses mots étaient entrecoupés par des inspirations saccadées.
« Adriana en faisait quand elle était petite. Elle en faisait presque des malaises. C'était effrayant qu'une gamine soit aussi... anxieuse. » Elle secoua la tête, revivant les larmes de sa fille. Pourtant, elle était partie malgré tout, connaissant les conséquences de son départ. « Alors je reconnais ce que c'est. J'imagine que vous avez de nombreuses raisons d'en faire. »
« Effectivement. »
« Et quand on fait, c'est qu'on réalise aussi ce qu'on a fait ou le sujet de nos angoisses. »
« Je resterai poli mais je vois vraiment pas où vous voulez en venir. Je n'ai aucune envie de me confier à vous et je suis là pour Adriana parce qu'elle pense que vous êtes quelqu'un de bien et pour Maria parce qu'elle a besoin d'une grand-mère. » Il put voir la brune à la baie vitrée qui attendit tout en le regardant, espérant qu'il y voit un soutien et prête à détecter un appel au secours. « Je n'ai aucune envie de prétendre que je vous apprécie. Vous n'êtes pas une bonne mère et alors que je pensais que vous feriez mieux en retrouvant Adriana, vous n'êtes que déception, encore et encore. »
« Je venais seulement discuter, Mirko. »
« Il me faudra un peu plus pour croire en votre bonté. »
Le pouvoir avait changé de côté.
Mirko se leva et laissa Catherine, seule, hébétée.
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...