Comme prévu, ils arrivèrent devant la gare routière. Il éteignit le contact avant de s'appuyer contre l'appui tête. L'atmosphère était lourde malgré la liberté d'Adriana et il n'arrivait à en cibler la raison. Pourtant, c'était bien là, pesant sur son cœur, comme si le retour à la réalité était plus difficile à supporter que les lames chaudes contre son torse. La brune resserra contre elle son sac tout en attendant qu'il fasse le premier mouvement, incapable de le faire elle-même.Il quitta l'horizon pour elle qui la regardait déjà. Elle ne lâcha pas son visage, évitant seulement ses yeux pour ses autres traits.
« T'as décidé où tu partais ? »
« Tu m'as convaincu. » Après une nuit blanche, elle avait finalement accepté de suivre son conseil. Dans toutes ses cartes, sa mère était inquiète et souhaitait seulement qu'elle aille bien. Adriana espérait que ça soit encore le cas quand elle la rencontrerait, sans père, ni avenir. « Sans doute, elle voudra même pas me voir. »
« Impossible, pulcino, impossible. Elle se sentira chanceuse, crois-moi. »
« Arrête d'être gentil. » Il poussa son épaule alors qu'elle ricanait, moqueuse devant sa gêne. Elle reprit son calme néanmoins en tombant sur un bus qui arrivait devant la gare. « Merci, Mirko, de me laisser cette chance. » Il acquiesça, les lèvres pincées, retenant ses mots. « Garde cette part de ta mère en toi, promets-le moi. Rappelle-toi d'elle dans les moments difficiles, dans ceux où tu devras faire des choix. » Il voulait lui avouer que il se souviendrait d'elle, aussi, lorsqu'il devrait prendre des décisions décisives.
« Il est temps que tu y ailles. » Il déverrouilla la voiture, l'invitant à sortir.
« Tu m'accompagnes pas ? »
« Nos chemins se séparent maintenant, pas besoin de grands adieux. Personne n'avait envie d'être là, pas vrai ? » Il se mordit l'intérieur de la joue, reprenant le réflexe qu'elle avait elle-même. « File, tu veux. » Elle ouvrit la portière et sortit. Avant de claquer cette dernière derrière elle, il l'interpella. « Et ne fais rien de stupide, ok ? »
Elle hocha la tête avant de fermer la portière. Elle s'éloigna à reculons jusqu'à ce qu'il démarre la voiture, sans pour autant la quitter des yeux. Elle se retourna la première et il prit cette occasion pour partir, la laissant derrière lui. Il s'arrêta quelques minutes plus tard au bord de la route pour sortir. Il s'alluma une cigarette, un besoin immense de remplir le vide à l'intérieur. Néanmoins, il n'eut le temps de se couper du monde que son téléphone vibrait dans sa poche. Il espéra un instant qu'Adriana connaissait son numéro et qu'elle avait volé un portable à un inconnu, mais ce n'était que Léo qui s'inquiétait de sa longue absence.
« T'es où ? »
Il regarda les alentours à la recherche d'un repère. « J'en sais rien. Pourquoi ? »
« Tu l'as déposée ? » Il souffla, préférant laisser le silence répondre. « T'as fait ce qu'il fallait, je t'assure. Cette situation est merdique depuis le début et les risques ne faisaient que d'augmenter, Mirko, tu le sais. Beto est complètement taré. Et puis, ces mecs qui vous ont kidnappé... ils vont forcément se venger et ça sera pas beau à voir. » Leo abandonna l'idée d'avoir une conversation constructive avec lui. Depuis des années, il passait son temps à se terrer derrière une carapace impénétrable. « Il est temps que tu rentres. »
Il raccrocha avant de jeter son mégot et de reprendre la route. Il n'eut besoin de conduire qu'une dizaine de minutes pour retrouver la maison Castellano. Il ignora ses inquiétudes martelant son crâne et entra. Personne ne l'attendait pour l'enlacer, comme dans les films. Seule la gouvernante le salua timidement alors qu'il passait devant elle pour entrer dans le bureau de son père. Celui-ci était devant son ordinateur, mal rasé et la bouteille de whisky vide à ses côtés. Cela faisait des jours qu'il regardait les caméras de sécurité de la ville, le soir de l'attaque. Lorsqu'il posa les yeux sur son fils, il ne put retenir sa surprise, certain qu'il était six pieds sous terre.
« Putain, Mirko, merde. » Il se leva sans pour autant avancer vers lui. « Est-ce que ça va ? »
Le plus jeune écarta les bras, un sourire sur les lèvres pour cacher sa souffrance. « Regarde-moi, je pète la forme. Juste quelques contusions, rien de méchant. »
« Raconte-moi tout. » Il le fit alors, détaillant chaque moment tout en épargnant certains détails, ce qui ne loupa pas au patriarche. « Et Adriana dans tout ça ? Elle est où ? »
« J'en sais rien. J'ai pas pu la ramener ici. » Il se remercia intérieurement d'être un bon menteur et de savoir cacher ses vraies émotions. « Elle va sûrement être tuée, j'vais pas te mentir. »
« Pas grave. » Il ignora ses mots d'un geste de main. « Beto ! » Il s'était écrié si fort que l'aîné s'approcha en quelques secondes comme si une urgence allait tomber. Il regarda son frère de haut en bas tout en grimaçant, dégoûté par son visage blessé. « Adriana ne reviendra pas. » Il ne cacha pas sa joie, imitant grossièrement une prière. Mirko eut envie de lui refaire le portrait. Il était bien de retour, il n'y avait plus aucun doute. « Mais cette situation est de ta faute et tu vas devoir régler ça. Ils te voulaient toi, Beto, pas lui. Tu as voulu faire du trafic d'humains ? Sérieusement ? »
« C'est pas ça papa. » Il envoya un regard noir à son frère de l'avoir vendu. « C'était simplement pour me débarrasser d'Adriana quand je l'ai trouvé. J'ai refusé une fois que t'avais un autre plan. Je te le jure ! » C'était pas complément vrai, il est espérait que ce début de contact permettrait l'ouverture d'un nouveau marché. « J'avais aucune idée de ce qui allait se passait. » Encore une fois, il donna une demi-vérité.
« Je m'en fiche, t'entends ? J'veux que tu règles le problème. »
Beto serra la mâchoire avant de pousser Mirko d'un coup d'épaule en sortant. Il profita de cette proximité pour murmurer. « J'aurai préféré que tu crèves dans leur putain de cave. » Le cadet attrapa son bras brusquement, il venait de se trahir.
« Comment tu sais pour la cave ? T'étais au courant que j'étais là-bas ? » Lui aussi chuchotait. De toute manière, son père était bien trop ivre et éreinté pour faire attention à leur échange. « Dis-le. »
« Bien sûr que je savais. On m'a rapidement informé. »
« Et t'as rien fait ? »
« Ils devaient finir par te tuer. J'attendais. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...