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Mirko détestait porter un costume. Il se sentait étriqué, surtout lorsqu'il portait une cravate. Il ne savait aucunement faire le noeud et c'était la gouvernante, qui lui avait fait. Auparavant, c'était sa mère mais les choses avaient changé. Malgré son absence, il n'avait pas souhaité apprendre alors il s'était retrouvé à supplier Nicole de l'aider. Bien entendu, elle l'avait fait parce qu'elle lui avait toujours tout cédé, mais aussi, c'était certain, parce qu'elle était payée.
Il jeta son mégot sur le bitume avant de tirer sur son col. Il étouffait et venir seul à cet événement était loin d'être aidant. Son père et Beto étaient déjà arrivés mais il n'était pas certain d'en trouver un soutien quelconque. Léo était absent car il s'occupait de gérer les derniers détails de leur plan.

« Monsieur Castellano ? » Il se retourna vers celui qui l'interpellait. C'était un des agents de sécurité de l'établissement. « La vente aux enchères va commencer dans seulement une vingtaine de minutes. Il est temps de rentrer, nous allons fermer les portes. »

Il acquiesça tout en rentrant ses mains dans le poches de son pantalon. « Merci. »

« Bonne soirée. »

Il entra, tout en soufflant à travers sa mâchoire serrée. Il était impossible de passer un bon moment dans un événement où il devait sourire, répondre poliment mais surtout rester patiemment debout à manger des petits fours. Il scanna la pièce du regard, cherchant des visages familiers. Bien entendu, il reconnaissait beaucoup de personnes mais une sélection plus drastique devait se faire. Il souhaitait quelqu'un avec qui il pouvait être, sans prétention, sans faux semblant. Après avoir observé toute la salle, il se dirigea vers son frère et Adriana qui étaient présents depuis une bonne demi-heure déjà. Ils feraient l'affaire.
Même si elle était de dos, il pouvait voir son anxiété. Elle se tenait droite et en sueur, la main de Beto contre ses reins.

« Salut. »

Ils se tournèrent en entendant sa voix. « Salut. » Adriana ne prit pas la peine de répondre, préférant l'ignorer suite aux derniers événements mais aussi parce qu'elle était certaine qu'une voix trop aiguë sortirait tant elle était surprise par sa tenue. Elle ne l'avait jamais vu ainsi, soigné, dans un vêtement cintré et luxurieux. S'il était perturbé par la jeune femme, elle l'était tout autant. « T'es en retard. »

« Je déteste ces soirées là. Pourquoi je peux pas faire seulement un don et m'en aller ? Il faut se montrer à dépenser de l'argent pour faire bonne figure. » Il prit un ton fluet et moqueur. « Regardez moi, je fais une bonne action une fois par an... »

Les fonds de la vente aux enchères reviendraient à l'association organisatrice. C'était un bel événement mais Mirko préférait faire des dons anonymes, agir dans l'ombre, plutôt que de lever une pancarte tout en se montrant, d'un air prétentieux, riche mais surtout bienfaisant. Néanmoins, son agacement diminua légèrement alors que ses yeux disséquaient Adriana. Elle portait une robe légère qui pour lui, la mettait grandement en valeur. Pourtant, elle semblait mal à l'aise, tirant sur l'ourlet tulipe de celle-ci. Puis, Mirko se rendit compte que Beto n'arrêtait pas de remonter le tissu et qu'elle essayait seulement de se protéger de ses mains baladeuses. Il remonta alors à son visage et se mit à la scruter tout en espérant qu'elle finirait par remonter la tête pour qu'il puisse croiser son regard. Néanmoins, rien n'y faisait, elle restait fixée sur ses talons tout en priant que le temps passe vite.

Il toussota, fit l'effort de discuter avec son aîné mais rien n'y faisait, elle portait ses œillères. Il essaya alors une dernière tentative. Il craqua ses doigts, le long de son corps et cette fois, elle s'attarda sur sa main. Il en profita pour pointer son index vers le haut et d'un mouvement, elle remonta le menton pour croiser ses prunelles. D'un langage silencieux, d'un simple regard, il lui indiqua les toilettes, une échappatoire temporaire pour qu'elle retrouve son souffle.

« Excusez-moi messieurs, je vais me rafraîchir. »

Elle tenta de s'éloigner mais Beto attrapa son bras avec force avant de murmurer à son oreille. « N'essaye même pas de t'enfuir. On a des hommes à tous les coins. » Elle acquiesça seulement. « Et t'as cinq minutes, pas plus. Sinon, je prends ça pour une invitation. »

Adriana s'éclipsa alors dans les toilettes tandis que Mirko observa la porte se fermer derrière elle. Il ne la rejoignit pas, n'essaya pas parce que tout ce qu'il voulait, c'était qu'elle s'éloigne de Beto, qu'elle puisse se ressourcer. Il était certain que sa présence ne lui permettrait pas. De plus, il se devait de garder une distance avec elle car plus ils étaient en contact, plus il lui semblait que ce qu'il ressentait était bien plus que de la pitié. Toutefois, son regard persistant en sa direction interpella son aîné. Celui-ci se posait des questions depuis plusieurs jours, notamment depuis qu'il avait vu la jeune femme avec des affaires à elle. Cela ne pouvait être que lui.

« Je te déconseille même de penser à elle. »

Il quitta l'horizon et ses pensées pour voir son frère qui lui, le fixait avec noirceur et haine. « Je n'oserai pas. » Il lui fit son plus beau sourire malicieux. « Je m'en contre fous d'elle, de toi, de votre mariage à la con. J'préfère les meufs consentantes que je peux faire partir de mon lit quand je veux. »

« Très drôle. » Mirko ne put se retenir de rire et Beto trouva lui-même la situation comique. Adriana et lui, ce n'était qu'une situation de malchance, seulement différente selon le point de vue. « T'es vraiment le pire des connards, c'est pas possible que tu sois mon frère. »

« Oh crois-moi, si je suis un connard, t'es bien pire. »

« T'as sûrement raison. » Il haussa les épaules. Beto savait qu'il n'était pas quelqu'un de bien mais ça ne lui avait jamais posé aucun problème. Il s'assumait, complètement, comme s'il était né en enfer. Lorsqu'il y pensait, il avait l'impression que c'était un peu le cas. « Mais je suis sérieux pour Adriana. Ne t'approche pas d'elle. »

« T'as peur qu'elle tombe amoureuse de moi ? »

« J'vais même pas prendre la peine de répondre. »

« T'inquiète pas. C'est pas du tout mon genre. »

Mirko haussa les épaules avant de s'éloigner.
Il ne mentait pas complètement. Ce n'était pas son genre de trahir la famille Castellano, son frère inclus, ou encore de voler une femme à un autre homme. Néanmoins, Adriana était bien son genre.
Complètement.
Irrévocablement.
Et il l'avait su dès qu'il l'avait vu dans le restaurant.

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