Mirko ne rappela pas Adriana et se plongea dans ses projets. En quelques semaines, il avait fait le ménage dans la ville et avait repoussé les trafiquants à plusieurs kilomètres. En l'honneur de Leo, il avait fait explosé une partie d'un bâtiment, stratégiquement, puis l'avait racheté pour une miette de pain aux enchères. Il comptait en faire un hôtel à son nom, espérant qu'ainsi ses nuits seraient moins hantées par son souvenir. Tout semblait se passait pour le mieux d'un point de vue extérieur, même son frère semblait le laisser tranquille. Pourtant, il se sentait plus seul que jamais et le travail ainsi que la violence physique étaient les seuls moyens de le maintenir hors de l'eau.
Adriana, elle, passait son temps avec sa nouvelle famille. Elle profitait de ses retrouvailles pour rattraper le temps. Tout était sujet à discussion et tout était à faire à deux. Avec son beau-père, ils s'étaient découvert un intérêt commun pour le piano si bien qu'ils passaient leur temps à reproduire leurs morceaux préférés sous le regard protecteur et heureux de la mère. Avec Julia, sa premier frangine, elles jouaient à tout ce que la petite fille souhaitait, sans argument de la plus âgée qui cédait à toutes ses volontés.
C'est ainsi qu'Adriana se retrouva dans sa nouvelle ville, seule, à faire les boutiques pour remercier ses proches de leur accueil. Elle avait mis ses écouteurs, ne supportant plus le silence qui lui permettait de repenser à son passé. Elle déambulait alors dans les rues, quelques sacs en main tout en regardant les vitrines à la recherche d'un dernier cadeau pour sa mère. Malgré les heures passées ensemble, elle trouvait difficile de choisir un présent qui lui plairait. La frustration montant d'un cran alors qu'elle comprenait à quel point elle connaissait peu sa propre mère, elle se décida de partir et de rejoindre la voiture. Elle fit demi-tour subitement et bouscula deux hommes sur le trottoir. Elle s'excusa à demi-mot avant de reprendre sa route. Néanmoins, lorsqu'elle se retourna pour vérifier qu'ils avaient repris leur chemins, elle fut surprise de les voir la suivre de près. Elle ne prit pas la peine de trouver une raison plausible et se mit à avancer à grands pas.
« Putain, putain. » Elle sortit son portable de son sac à main et fit la seule chose rassurante lui venant en tête. Mirko répondit en quelques secondes comme si son portable avait une sonnerie spéciale pour elle. En réalité, c'était le cas mais même un couteau contre sa jugulaire ne l'aurait fait avouer un tel geste. « Je suis suivie. »
« Hein ? » Il était deux heures de l'après-midi et il avait été éveillé toute la nuit. Si ça n'avait pas été elle, pour sûr, il n'aurait jamais répondu. Elle l'entendît bailler, encore inconscient de sa panique.
« Deux hommes me suivent. » Il se redressa, le bruit des draps se faisant entendre de l'autre côté. « Aide-moi, je t'en supplie. »
« A quoi est-ce qu'ils ressemblent ? »
« Je... j'en sais rien. Qu'est-ce que ça peut faire ? J'vais pas te faire un autoportrait alors qu'ils me suivent. » Elle continuait d'avancer tout droit, jetant des regards dans le reflet des vitrines pour vérifier qu'ils étaient derrière. « Mirko, merde, qu'est-ce que je dois faire ? »
« Partage ta position avec moi. » Il était trop loin pour agir physiquement et ce qui comptait dorénavant, était de la rassurer et de la protéger au mieux. Il reçut le message de partage. « Ok, continue de marcher, t'arrête pas et continue dans les rues où il y a du monde. Ne va pas à ta voiture. Reste calme et suis mes indications, quoi qu'il arrive. » Il regarda la carte sur son portable. Il ne connaissait pas cette ville et se détestait sincèrement de l'avoir influencé à la rejoindre. « T'es trop loin du poste de police. »
« Ils vont m'avoir. Ils vont m'enlever une nouvelle fois. » Elle pleurait malgré elle. « J'veux pas disparaître. »
« Reste calme. Fais-moi confiance, je vais tout faire pour que ça n'arrive pas, d'accord ? » Elle ne répondit pas, trop concentrée sur ses pas ainsi que sa respiration. « Je sais comment on va faire mais pour le moment, j'ai besoin que tu prennes la prochaine à droite. Il faut que tu passes devant le parking sous terrain privé. Regarde bien en hauteur, tu verras normalement des caméras de sécurité. Il faut qu'on puisse les voir. » Il était prêt à payer des milliers le propriétaire seulement pour récupérer les images. Il la vengerait. Il se vengerait. Pour ça, il avait besoin de leurs identités. « T'y es presque, continue, pulcino, tu t'en sors bien. »
« Je vois la caméra. »
« Parfait, tu gères. » Il entendit son essoufflement se mélanger à ses sanglots. « Continue comme ça, Adriana. J'veux que tu rejoignes l'hôtel devant la mairie. Reste en ligne, ne raccroche pas. » Il appela l'hôtel en question, n'entendant plus la jeune femme qui se mit à paniquer. Il négocia grâce à une somme exubérante une chambre ainsi qu'un agent qui l'attendrait à l'intérieur, clé en main, près du premier ascenseur en vue. Il ne lui fallut que cinq minutes pour le faire mais lorsqu'il reprit Adriana au téléphone, elle pleurait à chaudes larmes si bien qu'il ne garda lui-même plus son calme. « Parle-moi, ça va ? »
« Où est-ce que tu étais ? Merde Mirko ! Je vais pas tenir longtemps, j'en peux plus... J'en peux plus. »
« Rentre dans l'hôtel et va directement à l'ascenseur. Un employé t'y attend. Fonce, cours s'il faut mais reste au téléphone. »
« D'ac..d'accord... je vais courir. »
Il ferma les paupières, priant intérieurement qu'elle arriverait à son but. De son côté, la brune se mit à courir de toutes ses forces, ses poumons tout comme ses cuisses brûlant. Comme il l'avait prévu, un homme l'attendait devant l'ascenseur. Elle lui attrapa la carte magnétique à la volée tandis qu'il lui disait l'étage. Elle appuya frénétiquement sur le bouton alors qu'elle fixait ses deux assaillants qui rentraient. Heureusement pour elle, les portes se refermèrent avant qu'ils n'arrivent. Toutefois, elle ne relâcha pas la pression et dès lors qu'elles se rouvrirent, elle repris sa course jusqu'à la porte de la chambre pour y entrer et s'enfermer.
« Putain ! Pulcino ! Tu m'entends ? Merde Adriana répond ! »
« J'suis là. J'vais bien. J'suis dans la chambre. »
« Putain... je... ça va ? »
« J'ai eu tellement peur. » Elle tenta de calmer ses sanglots mais l'inquiétude était trop grande. « Qu'est-ce que je dois faire maintenant ? »
« Ne sors pas de cette chambre et n'ouvre à personne. Je t'envoie quelqu'un. »
« Non, s'il te plaît, toi, viens. » Il hésita, le cœur palpitant. « S'il te plaît. »
« Ok, j'suis là dans une heure. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...