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Il se réveilla le matin dans un sursaut désagréable. Il ouvrit les yeux à la recherche de repères et tomba sur Adriana, déjà habillée avec dans ses bras Maria. Avant qu'il ne laisse un grognement désagréable, elle se perdait dans l'horizon, comme si elle essayait de réaliser ce qui s'était passé hier. Elle quitta sa contemplation pour le regarder. Il avait l'air épuisé malgré sa nuit de sommeil mais surtout, ses prunelles semblaient incapables de profiter de la lumière présente pour perdre un peu de leur noirceur. Il la vit quelques secondes hésiter avant de le rejoindre. Elle s'allongea à ses côtés, le poupon déposé dans son couffin.

« Salut. » Elle lui fit un sourire timide pour seule réponse. « Tu travailles aujourd'hui ? »

« Ce soir, oui. » Elle attrapa sa main pour entrelacer leurs doigts.« Tu as réussi à dormir. » Il acquiesça seulement. « Tu as quand même l'air fatigué. »

« Il va me falloir plus qu'une nuit de sommeil. » Il attrapa son bassin pour l'attirer vers lui et se cacher dans son cou. « Il va me falloir du temps, pulcino. » Elle enlaça son tronc puis embrassa son crâne. « Comment s'est passé ta grossesse ? J'veux savoir comment ça s'est passé après ton départ. »

« Ma mère a eu du mal à croire que j'étais revenue, enceinte de toi qui plus est. Elle était en colère mais étant donné que toi et moi... c'était.. terminé et bien elle a accepté que je revienne. De toute manière, c'était ça où je finissais dans la rue alors j'ai dû ravaler ma fierté. Ça a été difficile d'affronter les symptômes mais aussi les moments de joies sans toi... mais je culpabilisais aussi de ressentir cette peine parce que je savais que tu vivais bien pire, que c'est toi qui as fait les plus gros sacrifices. » Elle laissa un souffle tremblant appuyé ses propos tandis qu'il restait muet, s'endormant presque grâce à sa voix. « Pour rendre ton absence un peu plus vivable, j'ai pris des photos de mon ventre toutes les semaines puis de Maria tous les jours. J'espérais que tu reviennes, j'y croyais. »

« Et je suis là, maintenant. »

Elle s'éloigna pour détailler son visage. « Tu es bien là. » Elle passa son pouce sur sa joue où un hématome semblait tatoué pour toujours tant il était sombre. « Tu t'es battu pour. » Il ne répondit pas, incapable de verbaliser ce qui était arrivé au risque de réveiller ce qu'il essayait de taire. « Je te suis redevable pour toujours. »

Elle embrassa son front avant de descendre jusqu'à ses lèvres dans une ligne de baiser. Il ne tarda pas à dominer et la plaqua contre le lit pour passer au-dessus d'elle afin de l'attaquer de sa bouche. Elle passa ses mains dans ses mèches rebelles, appréciant leur nouvelle longueur. Il lui retira rapidement son haut, trop avide de cette peau qu'il avant tant rêvé pendant un an. Elle tenta de faire de même mais il l'en empêcha, attrapant d'une main ses deux poignets afin de profiter de sa poitrine, y laissant des marques roses qui ne tarderaient à violacer d'amour. Il sentait sa chaire de poule contre sa langue et ça le rendait un peu plus fou.

« Mirko... »

C'était une supplication, de celle qui fait tourner la tête et battre le cœur. Elle voulait le toucher, avoir sa peau nue contre la sienne, parce qu'il lui avait beaucoup trop manqué pour se soumettre à ses tortures amoureuses. Il céda, oubliant que la brûlure sur sa peau ne laisserait Adriana impassible. Il n'eut le temps de ré-attaquer ses tendresses qu'elle y toucha. Ses paupières closes s'ouvrirent brusquement alors qu'il s'arrêtait, pris d'une douleur immense. Elle retira ses doigts immédiatement et observa sa blessure maudite. Elle se pinça les lèvres pour retenir ses émotions. Toutefois, lorsqu'elle remonta à ses yeux, elle vit le malaise du brun et tenta de lui faire oublier en l'embrassant. Il se laissa faire, envieux de passer à autre chose, tandis qu'elle évitait au mieux son torse, caressant ses bras puis son dos. Toutefois, ses doigts s'arrêtèrent sur les nouvelles cicatrices. Sa liberté avait eu un réel prix et elle s'en rendit compte alors que la peine l'étouffait. Mirko vit le ventre d'Adriana se soulever dans un lourd tressaillement. Il remonta alors vers son visage qui était fermé, essayant au mieux de retenir ses émotions.

« Ça va ? » Elle hocha la tête mais ses sourcils froncés et ses lèvres pincées disaient l'inverse. « Pulcino. Parle. »

« C'est rien. » Elle avait baissé les yeux mais il ne lui laissa aucune issue et releva son menton, la dominant par le regard et sa position.

« Tu sais que je peux être gentil mais aussi un vrai con quand il faut. »

« Comment est-ce que tu as fait ? Pour être libre ? »

Il se retira du lit. « Pourquoi tu penses à ça maintenant ? » Elle se redressa et enfila son haut. Maintenant qu'il était debout, elle avait vu sur toutes les plaies et cicatrices de son torse ainsi que cette marque face à son cœur. Ne supportant sa contemplation, il enfila son sweater. « J'arrive pas à y croire. »

« Désolée mais je ne peux faire comme si ça ne me faisait rien de voir.. littéralement... la marque de... l'horreur que t'as vécu. » Il secoua la tête, refusant sa voix douce et ses mots attentionnés. « Mirko, comment est-ce que t'as réagis quand j'ai eu la marque de Beto ? »

« C'est complètement différent ! » Il serra la mâchoire en se rendant compte de son cri. « C'est complètement différent. Toi, c'est toi. »

« Et toi, c'est toi. » Elle leva les yeux au ciel avant de s'approcher. « C'est pas parce que c'est toi que c'est pas important. » Il fit mine de chercher ses cigarettes pour éviter son regard. « Ça compte pour moi. Tu comptes pour moi et bien sûr que ça me fait quelque chose de voir ça sur ta peau. » Elle sortit son paquet à sa place et il n'eut le choix que de l'affronter. « Je suis désolée d'avoir réagit comme ça. J'ai été... surprise. Et je le suis seulement parce que... je tiens à toi, que je t'aime. »

« Je sais. » Il lui prit son bien avant d'enfiler ses baskets. « J'ai plus envie de parler de ça. »

« D'accord. »

« J'vais faire un tour. J'ai besoin de fumer. »

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