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Adriana ferma la porte derrière sa mère avant de se retourner vers le brun. Il avait le nez dans le sachet, impatient de manger. Elle profita de sa concentration pour se glisser derrière lui et l'enlacer, ses mains s'arrêtant sur ses abdominaux pour ne pas remonter sur son torse, certain de créer une autre dispute si elle le faisait. Il apprécia sa tendresse, tirant sur son avant-bras pour l'enlacer à son tour. Il embrassa longuement sa tempe tout en appréciant son contact après cette journée à errer.

« Ça a été ? »

« C'est plutôt à moi de demander ça, non ? » Il ria jaune.

« Ça a été, pulcino, pas d'inquiétude. On a.. parlé. » Il attrapa le sachet derrière lui et le bruit la fit s'éloigner. « Il est temps de manger, maintenant. » Elle acquiesça vivement et ils se détachèrent. Mirko se dirigea directement vers le lit, souhaitant être confortable pour ce dîner tardif. Elle le rejoignit après avoir retiré ses baskets. Il lui donna une boîte en aluminium sans regarder le plat mais Adriana échangea. Il leva les yeux pour la regarder, surpris. «Si tu veux m'empoisonner, sois un peu plus discrète. »

« T'es con. » Elle pouffa tandis qu'il souriait niaisement, ouvrant son couvercle. « Non, c'est juste que je t'ai gardé une part de lasagnes. » Elle haussa les épaules, faussement nonchalante mais ses joues roses ne la trompaient pas. « Quand tu as été au restaurant, tu as pris des lasagnes et chez toi, enfin chez ton père, tu en as pas mal mangé. »

« Merci, pulcino. »

Il secoua la tête pour cacher son sourire, touché par son geste. Il dévora avec plaisir son repas tandis qu'ils se jetaient des coups d'œil. Les regards étaient au début tendres et affectueux, appréciant la présence de l'autre, puis, au fur et à mesure, ils devinrent ardents et impatients comme si leurs retrouvailles n'avaient pas été complètes tant qu'ils ne s'étaient pas liés physiquement. Lorsqu'ils passèrent au dessert, Adriana tendit une cuillère pleine, dérapant en fin de course sur son menton pour le taquiner. Il imita une mine outrée tandis que ses yeux rieurs marquaient son amusement. Il essuya de son pouce tout en débarrassant rapidement le lit. Il attrapa son cou d'une main dominante tout en s'approchant à son visage.

« Mademoiselle Cascio. » Il la repoussa jusqu'à s'allonger au-dessus d'elle. « Tu testes le danger ? »

« Même pas peur. » Elle posa sa main sur son avant-bras et il la libéra. Elle en profita pour prendre en coupe son visage, intensifiant sa sincérité alors qu'il semblait hésitant. « Je n'ai pas peur de toi et je n'ai jamais eu peur de toi. » Il acquiesça, pensif. « Bon, d'accord, si je veux que tu me crois, je dois être complètement honnête. J'ai déjà eu peur mais c est quand je ne te connaissais pas. Je me souviens dans le hangar quand tout le monde était horrible avec moi et toi, t'avais déjà l'air... différent. » Il s'en souvenait encore. Du moins, il se rappelait de son obnubilation pour elle. « Mais tu m'as dit... » Elle tenta d'imiter sa voix tout en fronçant les sourcils. « Si t'as peur de mon frère, tu devrais encore plus avoir peur de moi. » Il pouffa.

« Je m'en souviens. »

« A part ça, en réalité, tu étais vraiment ma personne.. ressource. » Elle caressa ses cheveux à la naissance de sa nuque. « Et tu l'es toujours. » Il ferma les paupières, appréciant sa tendresse. « Mais on doit admettre qu'il va nous falloir du temps, qu'on risque plus d'une fois de.. ne pas se comprendre, de se fâcher, de partie une journée... mais, perso, je peux t'assurer que j'abandonnerai pas si facilement. Pour toi, pour nous, pour Maria. »

« Je t'assure que moi aussi. Je t'aime. Genre vraiment. » Il embrassa son front puis entre ses sourcils. « La première étape pour une désaffiliation, c'est de se faire frapper pendant plusieurs minutes par des gars du.. groupe. Ensuite, il faut tuer son second. Heureusement pour moi, mon premier second est déjà mort. » Adriana ne put retenir ses larmes et il en fut soulagé de la voir émue. Il passa son pouce sur ses pommettes. « Ensuite, il faut donner tout ce qu'on a, changer de nom et quitter la ville. »

« Changer de nom ? »

« J'ai pris le nom de ma mère. »

Elle acquiesça, le menton tremblant. « Delamare. »

« Oui, Mirko Delamare. » Il laissa un léger rictus se glisser sur ses lèvres. Il appréciait porter ce nom. « Ça sonne bien, je crois. »

« Carrément. » Il s'installa de profil tandis qu'elle ne bougeait pas, le regardant néanmoins, la tête tournée complètement vers lui. Il se sentait en confiance en l'instant tant elle lui donnait toute son attention. Ce fut lui qui la força à se mettre complètement face à lui. « Il y a une étape que tu gardes sous silence. » Il hocha la tête avant de passer sa main le long de la hanche d'Adriana. « Je sais que c'est la pire, j'en ai pas de doute et je ne sais pas comment je dois approcher la chose ou si je dois taire le sujet. »

« C'est tellement... » Il inspira profondément. « J'pensais pas que mon propre père me ferait ça, tu vois. J'ai vécu dans la violence et tu sais à quel point je m'en fous, que ça ne me fait plus rien. »

« Parce que ça a perdu du sens tellement elle est présente. »

« Complètement. » Il s'approcha un peu plus jusqu'à ce qu'elle se retrouve collée à son torse, là où il sentait sa brûlure le tirailler à chaque seconde. « Il m'a brûlé, c'est lui qui l'a fait. En soi, tu vois, c'est pas grave, c'est pas... c'est pas le fait que ça soit lui qui l'ait fait mais c'est le sens que ça a. Il a fait ça pour... » Il ria jaune devant l'absurdité. « Pour me maudire. C'est tellement stupide et ça devrait rien me faire tellement c'est des conneries. »

« Mais le fait que lui veuille te...maudire... ça a du sens, Mirko. » Il acquiesça tout en déglutissant ses émotions. « Je suis désolée pour ce que tu as vécu. Tu ne méritais pas ça. Tout ça montre seulement que tu as fait le bon choix. »

« S'il y a bien une chose dont je doute pas, c'est ça. Je suis à ma place. »

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