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Adriana sortit du restaurant suite à la fermeture et fut accueillie par une main tendue. C'était Mirko qui l'invitait à entrelacer leurs doigts pour marcher jusqu'à la voiture, silencieusement. Il l'avait regardée travailler toute la soirée, demandant un verre sans alcool toutes les demi-heures pour garder sa table.  La scène était si étrange, la retrouver maintenant, un an après, un bébé entre eux et une famille décimée. Il lui ouvrit la portière et elle s'installa à l'intérieur.

« Nouvelle voiture ? »

« J'ai dû donner la mienne. » C'était une des étapes, donner tous ses biens. Heureusement pour lui, il avait pu garder son argent gagné.

Il fit le tour et démarra. « Ma mère est chez moi, elle s'occupe de Maria quand je travaille. »

« J'attendrais à l'extérieur qu'elle parte, c'est ça ? »

Elle acquiesça et sa réponse plomba l'atmosphère. Après tout ça, Mirko n'avait plus envie de se battre contre quiconque mais il avait conscience que Catherine le détestait et que seuls le temps et les actes pourraient changer son avis, peut être. Adriana ne sut le rassurer. Les propos de sa mère pendant sa grossesse avait été durs et colériques et elle n'avait accepté son retour seulement parce que leur relation était terminée. Il se gara devant l'appartement et elle sortit après quelques secondes à se regarder dans les yeux, communiquant par ce biais là tant ils étaient incapables de verbaliser leurs émotions.

Il patienta, impatiemment, fixant la fenêtre qui donnait sur la rue. Il était anxieux de rencontrer Maria, comme s'il allait devoir se présenter. Pourtant, ce n'était qu'un poupon qui ne pourrait lui montrer sa haine, son dégoût ou tout autre sentiment négatif. Néanmoins, il n'était pas certain d'être un bon père, après tout, il n'avait pas eu d'exemple et il n'était pas considéré comme une personne douce et affectueuse. De plus, c'était une petite fille et dans tous les clichés qu'il connaissait, elles avaient besoin de bien plus que ce qu'il n'était. Il n'eut le temps de se dénigrer plus que Catherine quittait les lieux. Il attendit quelques minutes avant de toquer à la porte. Adriana ouvrit, Maria dans ses bras.

« Rentre. »

« Ouais. Je...ouais. »

Il se faufila de profil, effrayé de pousser maladroitement Adriana et Maria. Il regarda les alentours, incapable de regarder les deux femmes, presque inquiet que son regard jetterait soudainement des lasers. L'appartement, du moins, le studio était précaire. Il y avait un sommier qui faisait office de canapé et de lit, une petite cuisine puis une salle de bain où une seule personne pouvait y aller à la fois. Pourtant, il était seulement fier d'elle, de cette indépendance qu'elle avait cherché et trouvé.

« Je t'avais prévenu que c'était pas fou. »

« Au moins, tu dors pas par terre comme on le faisait. » Il haussa les épaules. « J'aime bien quand même, tu as fait ton petit chez toi. C'est douillet. T'as des... mugs, des plaids et des bougies... ça te ressemble bien. »

« Mirko. » Il lui faisait dos, les paupières closes, angoissé. « Je connais cette attitude par cœur. » Il s'humecta les lèvres avant de les pincer l'une contre l'autre. Il avait soudainement l'impression que les murs se resserraient et que les bruits de la ville devenaient insupportables. Il n'avait pas sa place ici, il n'était que violence et haine. On lui avait suffisamment répété pour qu'il y croit. « Tout va bien, tu sais. Je t'assure. Je sais qui tu es et j'ai confiance en toi. »

Il se retourna et tomba sur le bébé dans les bras d'Adriana. Elle était déjà en pyjama au vue de l'heure tardive mais ses yeux étaient grands ouverts. Elle regardait les alentours jusqu'à se poser sur lui. La brune ne cacha pas son sourire en les voyant ensemble. Elle s'était imaginée cette scène un million de fois pour s'endormir et s'apaiser. Mirko resta immobile, scrutant chaque détails de cette petite fille.
Il était tombé amoureux d'Adriana dès leur première rencontre mais il lui avait fallu des mois pour s'en rendre compte. Ici, il n'eut besoin que de poser ses yeux sur son visage rond pour s'amouracher de Maria.

« Elle est... » Il leva sa main vers elle, incapable de la toucher comme si ses mains n'étaient douées que d'animosité. « Beaucoup trop minuscule. »

Elle acquiesça. « Oui, au début, j'avais peur de lui faire mal tellement elle semble fragile. Tu peux lui prendre la main si tu veux. Si tu lui donnes ton doigt, elle va le serrer, c'est trop mignon. » Il hésita quelques secondes mais le ton de la brune était si réconfortant qu'elle lui donna confiance. Comme prévu, Maria serra son index et ses yeux s'ecarquillèrent. « T'as vu ? »

« Elle me tient. » Il resta fixé sur ce lien entre eux tandis que le bébé le regardait curieusement. « Elle est mignonne. »

« Tu veux la prendre ? » Elle put le voir se raidir complètement. « Elle ne risque rien, ne t'inquiète pas. » Il souffla profondément pour se donner du courage et tendit ses bras maladroitement. « Elle va adorer être dans tes bras, j'en suis sûre. Soutiens bien sa nuque. » Il fut précautionneux, la tenant fermement contre lui tout en étant complètement obnubilé par ses grands yeux noirs et ses joues rondes et roses. « Tu vois, elle adore. »

« C'est surréaliste. » Il voulait caresser ses petits cheveux ou reprendre sa main mais il était trop paniqué à l'idée de ne la tenir que d'une main. Pourtant, elle était toute petite dans ses bras et n'avait aucune risque de bouger. « Elle est.. pulcino, regarde-la, elle est vraiment... » Adriana souriait comme elle ne l'avait jamais fait auparavant parce que voir Mirko et Maria ensemble alors qu'elle l'avait espéré et pleuré pendant des mois la rendait extatique. « J'pensais pas.. j'pensais pas ressentir ça en la voyant. Je.. l'aime déjà. »

CosmosOù les histoires vivent. Découvrez maintenant