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Mirko reposa son verre vide sur le bar tout en écoutant Sacha qui lui racontait les premiers jours de formations des nouvelles recrues. Tout semblait aller pour le mieux dans ses projets et il en était rassuré. L'argent rentrait progressivement et il se permettait dorénavant de regarder pour une maison plus grande pouvant accueillir les deux futurs petits garçons. Toutefois, le plus important actuellement était qu'il pouvait vivre chaque étape de la grossesse.  Il s'imprégnait de chaque moment, se rendant compte de la chance qu'il avait.
Il se leva, impatient de retrouver les deux femmes à la maison.

« On se tient au courant des avancés. » Sacha acquiesça tout en se levant à son tour. Néanmoins, son regard changea du tout au tout comme s'il venait de voir un fantôme. « Quoi ? »

La sonnette de la porte sonna et la pièce fut soudainement silencieuse. Il se retourna et devint livide. Monsieur Castellano était là, en chair et en os. Il était encore habillé d'un costard sur mesure mais surtout de son visage dur et impassible. Toutefois, Mirko ne se laissa pas intimider et murmura seulement à son ami de vérifier l'arrière du bâtiment pour être sûr de ne pas être pris par surprise. Du moins, plus que maintenant. Il s'approcha lentement, analysant tout l'environnement comme s'il pouvait entendre la minuterie d'une bombe ou voir le canon d'une arme. Ce n'était pas le cas et tout était drôlement calme et immobile.  Il s'arrêta à quelques pas de lui, suffisamment pour avoir le cœur battant la chamade alors qu'il pensait à Adriana et Maria. Il espérait qu'il n'y soit pas allé et qu'elles étaient toutes deux en sécurité. Il regretta ne pas avoir demandé à Sacha d'aller directement voir mais il n'avait plus le choix.

« Qu'est-ce que tu fais là ? »

« Bonjour à toi aussi. » Il ne répondit pas, refusant de lui donner quoi que ce soit. « C'est sympa, ce restaurant. » Il regarda brièvement, presque avec dédain. « C'est bien pour un début, j'imagine. »

« Ça me convient. » Mirko croisa ses bras devant lui. « Je suppose que t'es pas là pour parler architecture. »

Ça le fit sourire et Le Brun crut sentir son cœur s'arrêter. « Comment va ta fille ? Maria, c'est ça ? C'est mignon comme prénom. » Encore une fois, il ne pipa aucun mot. Il ne lui donnerait rien, aucune satisfaction. Il connaissait ses méthodes d'intimidation parce que lui-même les avait apprises et utilisées. « Et Adriana ? La fameuse Adriana... » Il ria jaune. « Son arrivée a crée une avalanche de problèmes et si j'avais su... si j'avais su je l'aurai tuée dès le hangar. » Il avança dans le restaurant jusqu'au bar pour y demander un whisky. Le serveur attendit l'accord du jeune homme, sentant qu'il n'était pas le bienvenue. « Mais si j'avais fait ça... » Il but d'une traite son verre et Mirko comprit qu'il savait. « Je n'aurai pas eu deux héritiers et une nouvelle ville à conquérir. »

« Ça n'arrivera pas. Ton discours est inutile. J'ai survécu à la désaffiliation alors tu sais de quoi je suis capable. »

« Mais sauf que j'ai bien mieux à te proposer que cette vie... minable. »

Mirko serra la mâchoire tout en la frottant. « J'aimerais qu'on en discute à côté, tu veux bien ? C'est pas bon pour la com. »

Son père acquiesça, se sentant en sécurité face à un fils qui avait toujours été discret. Il se souvenait de son enfance et de toutes les fois où il avait dû se battre pour l'endurcir un peu. Il l'avait enfermé de nombreuses fois au sous-sol espérant qu'il en ressorte plein de haine et de vengeance. À la place, il rejoignait sa mère pour la supplier de le sauver mais Marie n'avait aucun moyen de lui donner cette liberté alors qu'elle même n'y avait pas accès.
Mirko eut une énième pensée pour les deux femmes à la maison, se promettant de revenir en vie auprès d'elles, toujours aussi libre. Ils entrèrent dans son bureau et il regretta un instant ne pas avoir une arme à feu pour lui pointer directement contre son front.

« Tu sais très bien que je ne te donnerai aucun de mes enfants. Je ne suis pas comme toi et ma famille passe avant tout. » Il appuya son poing contre le bureau et son père fronça les sourcils une milli-seconde, qu'il ne loupa pas. Il l'avait touché. « Une désaffiliation est claire et nette. Il n'y a pas de retour en arrière. Tu n'es pas même pas censé être là et tu le sais. Je ne fais plus partie des Castellano et donc mes enfants non plus. »

« Je... »

« Ma vie est parfaite, maintenant. J'ai une future fiancée magnifique, une petite fille adorable et deux futurs garçons qui n'auront rien à voir avec toi. » Son ton était calme, faisant contraste avec ses mots. Il ne lui offrirait par sa colère, ni aucune autre émotion par ailleurs. « Alors qu'est-ce que tu veux ? Parce que moi, j'ai plus rien à te donner. » Sacha entra dans la pièce, sans invitation mais bien trop inquiet pour son ami.

« Est-ce que tout va bien ? »

« Le fameux traître. »

« Je ne l'ai été que contre vous. Jamais je ne trahirai Mirko. » Il se positionna au côté de ce dernier. « Est-ce que je dois appeler la police ou vous allez partir ? »

« Pardon ? »

« Vous m'avez bien entendu. Si vous pensez que je suis parti sans aucune preuve contre vous, sans assurer mes arrières, vous vous trompez. Je n'hésiterai pas une seconde à le faire pour protéger Mirko et sa famille. »  Monsieur Castellano regarda le sol. « Alors, votre décision ? »

Il leva le menton, le regard vide. « Je n'ai jamais eu besoin de toi Mirko, ni de tes rejetons. T'as toujours été ma plus grande honte. »

« Parfait. On est d'accord. » Il s'en alla sans un mot de plus, laissant Sacha et Mirko seuls. Ce dernier se laissa tomber contre sa chaise de bureau. Son ami ne tarda pas à poser une main sur son épaule en soutien.

« Il est parti. Tout va bien. »

Le cadet utilisa le reste de sa volonté pour se redresser et l'enlacer. Celui-ci fut tout d'abord surpris par son geste avant d'y répondre,
tel un père et un fils.

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