La grossesse d'Adriana se passa sans encombre, accompagnée de près par sa famille. Avec le temps, les langues s'étaient déliées et sa mère avait terminé par la supplier de lui pardonner ses mots prononcés à son départ. Elle avait accepté simplement parce qu'elle avait compris, avec le temps qu'il y avait une pointe de vérité dans ses insultes. Elle s'était rendue compte à quel point elle avait besoin d'attention et que sa peur de l'abandon avait créé chez elle des prises de risque invraisemblable. Toutefois, elle maintenait que ses sentiments pour Mirko étaient sincères. Effectivement, malgré son absence, ainsi que l'absence complète de signes de vie, elle pensait à lui régulièrement. Son cœur brûlait, en particulier le soir, à la nuit tombée lorsque le silence et le froid nocturne venait l'enlacer. Néanmoins, le poupon à ses côtés recollait les morceaux de son passé. Elle n'en parlait pas, sachant le peu de soutien de sa famille.
Elle attrapa la main du bébé du bout des doigts tout en le regardant amoureusement. Il n'avait que quelques semaines mais son visage s'affinait de jour en jour, laissant des traits uniques apparaître. Elle passait des heures à le scruter pour y voir ceux de Mirko, s'assurant qu'elle le voit à travers lui. Elle avait conscience de cette obsession malsaine mais le voir à travers cet enfant lui permettait de garder son souvenir et de s'assurer qu'il avait bien existé. Elle le prit dans ses bras avant de quitter sa chambre.
« Adi, ça va ? » Sa mère l'attendait dans la cuisine, occupée devant la cafetière. « Bien dormi ? »
« Maria a pleuré plusieurs fois et moi aussi, mais ça va. » La nouvelle grand-mère s'approcha pour caresser le front de la petite fille.
« Elle est vraiment magnifique. »
« Je sais, je m'en remets pas. Je réalise pas qu'elle est là, je l'ai tellement attendue. » Elle caressa ses petits cheveux bruns avec amour. « Tu crois que je vais être une bonne maman ? Malgré qui je suis, malgré mes défauts. Je veux faire au mieux. »
« Et c'est ça qui compte, Adi, crois-moi. » Elle te dit les bras pour la prendre. « Donne-la moi et mange quelque chose. »
« Merci, je veux bien, je meurs de faim. »
Mirko se lava les mains, regardant le sang couler dans le lavabo. Il n'eut aucune réaction, inspirant sur sa cigarette posée au bord des lèvres. Il ferma le robinet puis essuya ses mains tout en se regardant dans le miroir. Ses cheveux avaient poussé et des mèches un peu trop rebelles retombées sur son front. Néanmoins, tout ce qu'il voyait, c'était l'absence d'émotion. Depuis les derniers départs de sa vie, aucune nausée de dégoût ou d'anxiété n'était apparue face à la mort, ni même face à son propre père. Il n'avait plus pleuré depuis des mois et se concentrait seulement sur le présent.
Il essuya la goutte de sang dans son cou avant de sortir de la salle de bain. Un homme tapa son épaule avant de lui donner une liasse de billets.« Bravo Mirko. » Il acquiesça seulement tout en s'assurant d'avoir la somme convenue. Il le fit tout en marchant vers son vestiaire. « Plus ça va, plus les gens parient pour toi. Je crois qu'il serait bien de perdre pour gagner plus ensuite. »
« Je ne tricherai pas. Je ne fais pas ça pour l'argent. » Il retira son short pour enfiler un pantalon ainsi qu'une chemise. Il avait un rendez-vous immobilier. L'immeuble qu'il avait commencé à rénover il y a plusieurs mois était enfin prêt. « Appelle-moi pour le prochain combat. »
Quelques jours après le départ d'Adriana et Sacha, Mirko s'était battu contre un homme de son clan. Ses poings avaient assommé ce traître tandis que son propre sang avait coulé. La rage qu'il contenait au creux de son ventre s'était évanoui au fur et à mesure qu'il donnait ses coups. Alors, lorsqu'on lui avait proposé de faire profit grâce à ses compétences, il avait accepté, se droguant à l'adrénaline et à la douleur physique qui inhibait celle psychique.
Il prit le volant en direction de l'immeuble, seul. Depuis le départ de Sacha, il n'avait repris aucun second comme si ce poste était dorénavant maudit. Il lui était hors de question d'autoriser une autre personne à donner sa confiance. Il se gara sur la parking où on l'attendait déjà. Il était en retard depuis plusieurs heures déjà mais comme il l'avait prévu, personne n'était partie avant qu'il n'arrive. Il salua chacun et aucun ne fit un commentaire. Ils l'invitèrent seulement à rentrer à l'intérieur. Il évalua les alentours même s'il se moquait du résultat, souhaitant seulement avoir un nouveau revenu.
« Vous avez pas mal bossé. »
« Merci Monsieur Castellano, c'était un plaisir de travailler pour vous. » C'était complètement faux et il le savait. Depuis le début des travaux, il leur avait mis la pression jusqu'à ce qu'ils ne respectent plus les lois, restant sur le chantier jour comme nuit. « Comme convenu, nous n'avons pas touché au dernier étage mais si vous changer d'avis, nous serons ravis de revenir. »
« Vous avez pris toutes vos affaires ? »
« Oui, Monsieur. »
« Alors, vous pouvez y aller. »
Ils acquiescèrent et se faufilèrent à l'extérieur. Mirko resta contemplatif un instant avant de se diriger vers les ascenseur. Il n'était pas venu depuis beaucoup trop longtemps ici et le poids contre sa poitrine semblait le lui rappeler. Il appuya sur le dernier bouton pour entrer à ce fameux étage qui semblait être un lieu de réminiscence. Il n'hésita pas devant la porte, comme si son cerveau s'était figé, l'empêchant de réfléchir aux conséquences. Lorsqu'il ouvrit, il se prit tous les souvenirs dans le cœur, éveillant ce qu'il avait étouffé si durement, avec si grande difficulté. Il s'avança directement vers la vue, attiré par celle-ci. Néanmoins, la sensation des mains d'Adriana contre lui le fit vriller. Il se retourna mais il n'y avait personne, seulement lui et le fantôme de la seule qu'il aimait. De rage, il jeta le matelas, renversa les boîtes plastiques vides du comptoir. Il se dirigea vers la salle de bain à la recherche d'un autre objet à faire valser. Il attrapa alors la poubelle avant de la jeter contre le miroir, le brisant par la même occasion. Néanmoins, il n'en prit pas la mesure alors qu'il voyait au sol un bâton.
C'était le test de grossesse d'Adriana.
Et à sa vue, il s'effondra sur ses genoux, pleurant comme s'il venait d'apprendre une nouvelle fois la perte de ses proches.
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...