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Le soleil se leva et le téléphone sonna mais Mirko et Adriana étaient sous les draps, silencieux, dans les bras l'un de l'autre. S'ils avaient dû décrire la nuit passée, ils la décriraient comme courte, trop courte. Pourtant, celle-ci avait été sans sommeil, seulement pleine de gestes tendres et charnels. Ils s'étaient endormis dans la matinée et ne se réveillèrent que lorsque Sacha toqua à la porte de tout coeur, agacé de ne pas avoir de nouvelles alors qu'il appelait encore et encore le jeune homme. Celui-ci embrassa la joue d'Adriana avant d'enfiler un jogging et d'ouvrir. Elle, se faufila entre deux, les draps autour d'elle et des vêtements dans une main, jusqu'à la salle de bain.

« J'comprends mieux pourquoi tu répondais pas. »

« Aucun commentaire. » Son ton fut suffisamment dur pour le remettre en place. « Fais-moi juste un compte rendu. »

Sacha fronça les sourcils, se rendant compte que tout partait dans une spirale qui n'amènerait qu'à une seule solution ; la mort.  « Si j'ai pas le droit de parler, je compte pas te faire un compte rendu, Mirko. Tu peux pas... baiser Adriana alors que t'as une putain d'épée de Damoclès sur la tête. Qu'est-ce qui te prend ? Depuis qu'elle est là, tu fais n'importe quoi. Concentre-toi un peu avant que son sang ne soit aussi sur tes mains. »

Il serra la mâchoire tout comme les poings.  « Ton compte rendu, maintenant. »

« Ok, c'est bon. » Il leva les mains et reprit distance sur la situation. Si Mirko ne voulait pas admettre sa descente en enfer, il ne l'accompagnerait pas et resterait sur le côté, après avoir assuré sa propre survie. « J'ai trouvé une planque à eux, je crois. Pour Adriana, la plupart des gars ne veulent pas prendre le risque d'être de ton côté. Ton père leur fait bien trop peur. »

« Bande de lâches putain. » Il s'appuya contre le plan de travail, complètement désespéré. « On ira à la planque ce soir. On ne gardera qu'un des gars en vie, les autres, on leur mettra sous le nez et on verra qui fait le plus peur. » La jeune femme arriva enfin, habillée mais les joues encore roses, incapable de regarder dans les yeux Sacha alors qu'il savait pour leur nuit. « On va y jeter un coup d'œil maintenant. »

« D'accord. Je t'attends en bas. »

Mirko acquiesça et attendit de voir son second sortir de l'appartement pour s'approcher d'Adriana. Il l'enlaça sans hésitation, profitant de ce moment pour prendre un peu de courage dans la chaleur de ses bras. Il embrassa sa joue avant de se délier. La brune resta silencieuse, le regardant comme s'il allait lui annoncer une si mauvaise nouvelle qu'elle s'en relèverait jamais. Il passa ses cheveux derrière son oreille, aggravant l'attente tout en alourdissant l'atmosphère.

« J'ai besoin que tu restes là, Adriana. » Elle n'eut le temps d'ouvrir la bouche qu'il reprit. « J'ai besoin que tu me faces confiance. Je sais que tu détestes être seule, je sais que ça t'effraie mais je vais revenir, d'accord ? Pas besoin de te mettre en danger pour attirer mon attention, je reviens dès que j'ai terminé. »

« Tu me fais la morale comme si j'étais une enfant. »

« J'essaye de me rassurer moi-même. Je veux que tu sois là quand je reviens. » Il papillonna ses lèvres sur son visage entre chaque phrase. « Je veux que tu sois apaisée, que tu te sentes en sécurité. Tu comprends ? Et je veux être serein quand je serai là-bas. C'est pas ton monde tout ça, et je sais que c'est compliqué pour toi mais laisse-moi gérer la situation, je sais ce que je fais. »

« Je te fais confiance. »

« Ok, on se voit dans quelques heures. » Il embrassa furtivement ses lèvres avant de s'éloigner pour enfiler sa veste. « Pas de bêtises, pulcino. »

Elle lui tira la langue, espérant alléger la pesanteur, mais il était si inquiet qu'il se força seulement à sourire avant de s'éclipser, laissant la jeune femme s'allonger sous la couette tout en priant que son absence serait rapide. Mirko, lui, descendit les escaliers rapidement pour rejoindre Sacha qui était déjà dans sa voiture. Il monta sans un mot, toujours colérique par rapport à ses propos plus tôt. C'était ce genre de moment qu'il lui faisait manquer Léo. Ce dernier aurait seulement été heureux pour lui parce qu'il savait que tout ce dont il avait besoin été d'avoir espoir. Et la jeune femme semblait lui en donner outre mesure jusqu'à vouloir se défendre contre père, jusqu'à vouloir se battre pour sa vie.

« J'suis désolé, Mirko, j'aurai dû rien dire. » Il conduisait en direction de la planque pour que les deux hommes puissent repérer les lieux avant d'attaquer dès le soleil couché. « Je m'inquiète seulement sur le fait que tu perds ton objectivité. »

« Je ne perd pas mon objectivité. Tout au mieux, je retrouve un peu d'empathie pour le monde qui m'entoure. » Il s'alluma une cigarette, se moquant de le déranger par la fumée. « Il y a encore quelques temps tu me soutenais. »

« Je te soutiens encore mais je crois qu'il faut surtout que tu te protèges tant que t'es dans cette situation. On sait pas comment on va se sortir de là. » Il ouvrit la fenêtre comme s'il faisait un pas vers lui, incapable de communiquer. « Je crois vraiment qu'il y a quelque chose de spécial entre vous mais j'ai peur que ça tourne mal. C'est tout. Je me dis que peut-être que vous devriez attendre, que tu devrais te concentrer. »

« On a pas réfléchi, ça s'est fait comme ça. » Il se mordilla l'intérieur de la joue tout en regardant l'horizon. Sa peau pouvait encore sentir ses baisers mouillés et ses souffles brûlants. L'idée d'utiliser ses propres mains qui avait caressées sa peau pour dorénavant tuer des hommes le rendaient nauséeux. « J'ai pas envie d'avoir de regret. Si je dois mourir dans quelques semaines... » Il souffla en se rendant compte que s'il mourrait, il ne pourra penser quoi que ce soit. « ...C'est stupide. » Il secoua la tête. « Si je suis en train d'agoniser ou je ne sais quoi, j'veux au moins me dire que j'ai profité avec elle, avec la seule qui me fait sentir ainsi. »

« T'as raison, désolé. » Mirko fronça les sourcils, confus, de son changement d'avis si radicale. Néanmoins, ses mots tendres envers Adriana avait réveillé les remords de Sacha sur sa propre histoire. « Je me rends compte que j'ai pas assez profiter de ma femme et que si je devais mourir aujourd'hui, je regretterai. »

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