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Mirko et Sacha marchaient au bord de la plage, surveillant de près Maria qui déambulait à la recherche d'un coquillage à ramener à sa maman. C'était à la demande du premier qu'ils s'étaient retrouvés. Les femmes, elles, étaient restées à l'intérieur pour boire un café mais surtout pour reposer Adriana qui était tout bonnement épuisée. Son ventre s'arrondissait de semaines en semaines mais c'était surtout l'angoisse de la suite qui la rendait si fatigable.

« Elle est vraiment adorable, cette petite. »

« Clairement. Je pouvais pas rêver mieux. » Il la regarda explorer les creux des rochers, priant pour qu'elle n'ait pas l'idée de monter. « Même si elle me fait faire clairement des arrêts cardiaques toutes les deux secondes. »

« J'imagine mais tu lui offres la plus belle vie possible ici. C'est magnifique. »

Il hocha la tête et mît ses mains dans les poches, mal à l'aise. « Justement.. en parlant d'ici.. j'ai.. j'ai un mec qui vient au restaurant avec ses collègues... il est pété de tune. Il a des gars de sécu avec lui et j'ai parlé avec lui. Il serait intéressé pour avoir de la vraie sécu. Tu vois ce que je veux dire ? »

« Entraîné à la méthode Castellano ? » Il hocha la tête, n'appréciant pas le terme mais c'était le cas. Tous ces hommes avaient été formés par cette méthode, difficile mais efficace. « Pourquoi est-ce que tu m'en parles ? »

« Parce que j'ai envie que ça soit toi qui prenne ce poste. Tu seras bien mieux payé qu'actuellement. Si tu m'aides à former d'autres gars, t'auras vraiment un salaire plus que confortable. C'est légal, tu auras un contrat sous ma responsabilité avec tous les avantages. » Sacha baissa le menton pour réfléchir tandis que Mirko appelait Maria, ayant besoin de son petit soutien émotionnel. Il la prit dans ses bras et embrassa ses petites joues, se rendant compte que celles-ci étaient bien trop fraîche pour rester à l'extérieur. « Si ça te dérange pas, on va rentrer, j'veux pas qu'elle attrape froid. » L'aîné acquiesça. « T'as le temps de réfléchir et je te force en rien, tu sais. C'est seulement une proposition parce que je connais tes qualités. »

« J'te remercie. J'dois réfléchir et en parler à ma femme mais je ne suis pas contre l'idée. »

Il acquiesça et ils firent demi tour. Ils restèrent silencieux jusqu'à la maison et retrouvèrent les deux femmes, assises sur le canapé, à discuter de Mirko et Sacha. Ce dernier parlait souvent du plus jeune et leur relation lui manquait sans aucun doute. Avec les semaines passées ensemble à rechercher Adriana, ils s'étaient rapprochés et l'aîné avait vu dans le brun presque un fils qu'il avait toujours rêvé d'avoir. Maria égaya l'ambiance en babillant et en se jetant presque vers sa maman. Celle-ci l'attrapa pour l'enlacer.

« On est rentré. Il commençait à faire froid et Maria était gelée. » Il passa derrière elle et embrassa son crâne, lui murmurant de le rejoindre, avant de partir dans la cuisine avec les tasses. « Sacha,tu veux un café ? »

« Je veux bien. »

« Je crois que tu auras besoin de mains. » Adriana se leva. « Mama, tu restes ici ? »

Elle lui donna son doudou et la petite fille se recroquevilla contre un plaid, fatiguée par la balade et sa recherche infructueuse de coquillages. Les deux invités la regardèrent, adorateurs. Ils n'avaient su avoir d'enfants et c'était un regret qu'ils gardaient encore aujourd'hui.
La brune arriva vers Mirko qui préparait le café. Elle passa ses bras autour de lui, appuyant sa tête contre son dos. Elle le sentit expirer complètement, soulagé qu'elle ait entendu sa demande. Il appuya ses mains contre le comptoir et ferma les paupières.

« Tu crois que je fais bien ? »

« C'est un bon travail, Mirko. C'est une chance pour lui et il le sait. » Elle embrassa son dos à travers son sweater. « Pourquoi est-ce que ça t'inquiète ? »

« Parce que je suis pas la personne dont on devrait faire confiance. Et que j'ai l'impression d'utiliser son ancien poste de second. »

« Hey, retourne-toi. » Elle le força à le faire et il n'eut d'autre choix que de confronter son regard bienveillant. « Tu ne l'as jamais vu comme un second et il le sait. » Elle attrapa sa mâchoire pour appuyer ses mots. « Et tu es quelqu'un en qui ont peut entièrement avoir confiance, t'entends ? » Il reposa son front contre le sien. « Je te le promets. »

« Ok. » Il embrassa ses lèvres. « Est-ce que ça va, toi ? » Elle acquiesça et il caressa ses cernes. « On dirait pas. T'as l'air épuisée. »

« Deux petits humains grandissent dans mon ventre. » Il ne cacha pas son sourire à cette idée. Plus le temps passait, plus l'idée d'avoir une famille nombreuse à eux leur plaisait, comme s'ils compensaient les manques et les douleurs du passé, comme s'ils réparaient en donnant à leurs progénitures, une enfance idéale, riche d'amour plutôt que seulement d'argent. « Mais je vais bien. » Elle déposa un baiser sur sa joue avant de s'éloigner. « On fait le café ? Ils vont se demander ce qu'on fait. »

« Je crois pas qu'ils soient étonnés, pulcino. Je te rappelle que j'ai passé des semaines à parler de toi à Sacha. »

Elle pouffa tout en secouant la tête, préparant pour Maria un lait chaud. Ils rejoignirent les invités qui s'échangeaient Maria, ne se lassant pas de ses rires et ses affections. Néanmoins, quand elle vit ses parents, elle ne perdit pas une seconde pour se débarrasser des bras de Sacha et sa femme pour les rejoindre. Ce fut Mirko qui la prit, sous le sourire de l'aîné. Adriana ne loupa pas son regard attendri.
Peut-être que c'était ça, la famille, la vraie.

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