Adriana était dans le salon de sa mère, les larmes noyants ses joues et les sanglots contractant son ventre. Avant de partir à l'autre bout du monde, elle s'était convaincue de devoir les prévenir. C'était la meilleure chose à faire. Après tout, s'ils disparaissaient du jour au lendemain, ce serait la chose la plus horrible à vivre, surtout la séparation avec Maria. Toutefois, alors qu'elle était face à elle, elle regrettait. Le manque de compréhension était telle que Catherine criait, les mains dans ses cheveux, à faire les cents pas.
« T'es complètement dingue ! » Elle hurlait à plein poumons. « Qu'est-ce que tu comprends pas ? C'est pas une bonne personne ! » Adriana n'eut le courage de réponse, secouant seulement la tête tandis qu'une vague de soubresauts sortaient une nouvelle fois. Finalement elle regarda par la fenêtre, espérant voir Mirko mais la pénombre ne lui permettait de voir la rue. « Mais regarde-le vraiment bon sang ! Comment est-ce que tu peux être amoureuse de lui ? Est-ce que t'es aussi naïve que ça ? T'es plus une gamine ! Et tu as une fille ! Tu as un appartement et un travail ! »
« Mais ma vie n'a pas de sens sans lui ! » Elle essuya ses joues d'un geste rageur. « C'est lui depuis le début et si tu es incapable de le comprendre, tu confirmes seulement mon besoin de m'éloigner de toi. » Lorsqu'elle avait dû expliquer la raison de son départ, elle avait protégé Mirko et avait annoncé que c'était son souhait, à elle, et à personne d'autres. « J'espère qu'un jour tu pourras comprendre que ça va au-delà des apparences, qu'il est bien plus que ce qu'on lui a imposé de faire. Il aime Maria de tout son cœur et il est déjà un merveilleux père et elle est chanceuse de l'avoir. » Elle se leva, prête à partir. « Et je suis chanceuse aussi de l'avoir. J'ai le même numéro de téléphone, si tu veux prendre de nos nouvelles. Je te répondrai parce que je sais que tu aimes Maria profondément et je ne veux pas t'inquiéter. »
« Adi... »
Elle leva la main dans un geste protecteur tout en faisant marche arrière jusqu'à la porte. « C'est bon maman. Tout va bien. J'ai grandi et je sais ce que je vaux et ce que je veux. »
Elle n'attendit pas de réponse et s'en alla malgré les appels de sa mère. Une vague de nouveaux sanglots la perturbant alors qu'elle se dirigeait à tout vitesse vers la voiture. Mirko l'attendait à l'extérieur. Il avait refusé qu'elle y aille seule, inquiet de la réaction de Catherine et en voyant le visage d'Adriana, il comprit qu'il avait bien fait. Il sortit du véhicule et se précipita vers elle pour l'enlacer. Elle s'enfonça dans ses bras, éclatant dans de bruyants pleurs. Elle relâchait entièrement la pression, se sentant en sécurité dans ses bras pour être vulnérable.
« Tu veux que j'aille la voir ? » Elle secoua la tête, refusant complètement. « J'suis désolé, merde, pulcino, j'suis désolé. »
« On fait bien de partir. Je supporte plus ses histoires. »
« Alors, allons y. On a à un peu de route vers l'aéroport. » Il embrassa sa tempe avant d'attraper sa main et de l'emmener à son siège passager. « Maria n'a pas arrêté de parler. Je crois qu'elle te soutenait à distance. »
Adriana pouffa alors qu'il essayait de dédramatiser et de lui faire changer les idées. Il fit le tour rapidement pour s'asseoir derrière le volant. Il n'eut à peine le temps de reprendre la route que la jeune femme attrapait sa main libre. C'était à son tour d'avoir besoin de réassurance et Mirko accepta de lui donner toute sa tendresse avec aisance. Il embrassa son poing avant de se délier, seulement pour tirer sur les lacets de ses baskets. Elle les retira pour se recroqueviller sur le siège, se penchant vers la gauche pour reposer sa tête sur le bras du brun. Il déposa un baiser sur son crâne, soudainement serein dans cet habitacle alors qu'il prenait conscience qu'ils s'en allaient, lui, Adriana et Maria. Sa famille.
« Repose-toi pulcino. »
« Je savais que ça allait mal se passer. » Elle avait fermé les paupières tandis que la musique en fond la berçait. Elle savait qu'avec la chaleur de Mirko, il ne lui en faudrait pas plus pour s'endormir. « Je savais qu'elle allait être en colère mais... elle a été blessante, volontairement. Elle a appuyé là où ça fait mal. » Il put sentir une larme tomber sur sa main. Néanmoins, il ne bougea pas, espérant que son immobilité lui permettrait de continuer à se confier. « Elle m'a dit que j'agissais comme une gamine, qu'il fallait que je reste parce que maintenant, je suis maman, que j'ai un appartement et un travail. »
« Cette vie te convenait ? »
Elle secoua la tête négativement. « Est-ce que je voulais devenir cette femme célibataire ? En manque de son amant et incapable de tourner la page ? Une mère sans réel soutien ? Vivant dans un studio sans chambre pour sa propre fille ? Payer par un emploi qui ne me plaisait pas ? La question ne se pose pas. Bien sûr, quitter ce confort me fait peur mais je suis bien plus heureuse à tes côtés. »
« T'as pas de regrets ? »
« Aucun. » Elle haussa les épaules. « J'ai toujours suivi mon instinct. Depuis le début. » Il serra sa cuisse pour seule réponse, soulagé de ses mots. « Je referai exactement pareil si c'est pour en être où on est aujourd'hui. Et toi, tu en as ? »
« J'en ai mais peut-être que tout devait tourner comme ça pour qu'on finisse ici, à ce moment là. »
« Lesquels ? »
Il contracta sa mâchoire, hésitant. « J'aurai aimé être sincère dès le début, m'enfuir avec toi. Léo serait peut-être en vie. J'en sais rien. Après tout avec des si.. avec des si on peut refaire le monde. C'est ça ? »
Elle ricana légèrement. « Un truc comme ça. » Le silence flotta quelques secondes entre eux avant qu'elle ne reprenne. « Je rêverai que Léo soit là. »
« Pour sûr, il dirait qu'il le savait depuis le début, pour nous deux. Il me ferait chier tous les jours avec ça. » Il pouffa en y pensant. « Mais peut-être qu'on aurait pas Maria et ça, c'est hors de question. Elle est peut-être le résultat de toutes ses... »
« ... souffrances. »
« Et c'est la plus belle fin qu'on aurait pu rêver. »
« Ou le début. »
« Le début, ouais, c'est encore mieux. »
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Cosmos
Romance« Je me battrai jusqu'à mon dernier souffle. » Elle se retira, se retenant de gémir alors que le fil arrachait sa peau. Le sang se mit à couler de nouveau, encore plus abondamment. « Alors, crois-moi, c'est moi qui ai l'avantage. » Cette fois, le ca...