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Le beau-père fut incapable de dormir suite à la discussion ou plutôt du silence avec Adriana. À trois heures du matin, il se décida à descendre en robe de chambre, à traverser la route puis à toquer contre la vitre de la voiture. Mirko sursauta et pointa son arme contre lui avant de la ranger tout en jurant. Il déverrouilla sa voiture tout en l'invitant à rejoindre le côté passager.

« Vous avez pas peur d'une balle dans la tête, décidément. »

« Peut-être que tu sors ton arme un peu trop facilement, jeune homme. » Il haussa les épaules, il n'avait pas tort mais il avait tenu un pistolet à bille dès c'est un an puis un vrai à quatre ans. Il avait la gâchette facile. De plus, il avait suffisamment été lui même tenue en joue pour se méfier du moindre bruit ou ombre. « C'est vraiment nécessaire de rester ici ? »

Il s'appuya contre l'appui tête tout en essayant de se réveiller. Il était épuisé et malgré qu'il ait retrouvé la jeune femme, il semblait qu'il n'avait le droit au repos. « J'en sais rien. Je dirais que non mais... j'ai besoin d'être là. Comment est-ce qu'elle va ? »

« La vérité ? » Il tourna la tête vers la maison. Malheureusement la chambre concernée était de l'autre côté. « J'suis là pour ça justement, ça va pas vraiment. Et je crois... je crois qu'elle a besoin de toi, même si ça m'ennuie de le dire et que ma femme risque de me tuer. Je te propose de venir ce soir, voir ce que ça donne. Par contre, si ça la perturbe, je te demanderai de partir pour de bon. Ça te va ? » Il hésita. C'était quitte ou double. Pourtant, si cela devait être la dernière fois qu'il la verrait alors ça lui suffirait. De toute manière, il ne supportait plus son absence ainsi que cette attente infinie. Il sortit de la voiture et le passager le suivi. « Je vous laisserai tous les deux mais je serai pas loin, compris ? »

« Il se passe rien entre elle et moi. Pas de risque. »

« A d'autres. »

Mirko se pinça les lèvres, les joues roses en repensant à leur baiser, furtif et chaste. Il avança rapidement, connaissant le chemin mais s'arrêta net en voyant la porte. Il semblait que celle-ci rétrécissait et pour sûr son angoisse lui montait à la tête. Il toqua légèrement mais aucune réponse ne se fit entendre. L'aîné le poussa un peu pour l'inciter à entrer. Alors, il le fit tout en jurant entre ses dents de se sentir comme un gamin, incapable de gérer ses émotions et pire, ses sentiments. Il entra presque sur la pointe des pieds mais Adriana avait déjà les yeux ouverts vers lui.

« Putain. » Il referma la porte derrière lui et s'y appuya. La jeune femme était épuisée et avait réussi à reperdre du poids en quelques jours. « Pulcino. » Il s'approcha, lentement tandis qu'elle attendait, impatiemment, qu'il arrive. « J'te retrouve dans la même position que je t'ai laissée. » Il prit place sur le bord du lit, à ses côtés. « J'suis désolé, j'ai pas pu venir avant. J'voulais pas monter par la fenêtre et me faire plus détester par ta mère. »

« Je m'en fous d'elle. »

« Dis pas ça. » Il tira sur la couette pour la recouvrir un peu plus, le besoin de la toucher se faisant immense mais se débattait avec ses barrières. « Elle t'a accueilli. Elle veut juste te protéger. »

« Ne la défends pas, s'il te plaît, j'ai pas envie d'entendre ça. »

« Ok, ok. C'est pas le moment. » Elle souffla, soulagée qu'il cède. « Tu veux bien manger un truc ? » Elle secoua la tête et ferma les paupières. « Tu vas refuser tout ce que je propose ? Tu veux juste te reposer ? » Elle se camoufla dans ses draps. « Tu veux que je reparte ? Que je revienne un autre jour ou pas du tout ? »

« J'veux que tu restes et tu peux dormir, ici, il y a de la place et vu ta tête, tu en as besoin. »

La commissure de ses lèvres montèrent face à son commentaire. Pour une fois, il adorait l'entendre lui lancer une pique. Il retira ses baskets puis sa veste avant de se faufiler à ses côtés. Il s'installa près de son bord, à deux doigts de tomber du lit. Pourtant, il souhaitait la prendre dans ses bras, s'y endormir jusqu'au petit matin. Néanmoins, son beau-père était juste derrière la porte tandis qu'ils étaient menacés par Catherine. Si elle apprenait sa présence, ça serait la fin. Adriana, elle, se moquait complètement des conséquences et elle attrapa sa main maladroitement.

« J'ai pas rêvé, hein... Beto... »

« Ouais. Sacha lui a mis une balle entre les deux yeux. Il n'avait pas le choix, c'était lui ou nous... ou toi. »

« Sacha ? »

« Mon nouveau second. Il fallait bien que je remplace Leo un jour ou l'autre. » Il joua avec les doigts de la brune distraitement. « C'est un bon gars. Je l'ai choisi parce qu'il avait l'air d'être un vrai connard, super froid et.. insupportable... mais, il est cool. Il m'a vraiment aidé à te retrouver. Par contre, il sort tous le temps des proverbes et expressions et ça me rend dingue. » Elle ouvrit le bouche pour poser une question mais il reprit. « Je sais que tu vas me demander pour mon père. Il me harcèle d'appels et de messages mais je les ignore. J'voulais te voir avant de rentrer parce que j'ai aucune idée de comment ça va se passer. Enfin si... mal. » Il pouffa sarcastiquement. Les mots de paternel étaient plutôt clairs. Il n'y avait peu de chance à sa survie.

« Je voulais surtout savoir si ça allait. » Il haussa les épaules, détestant toujours autant cette question. La brune posa son index contre son pouce puis chacun de ses doigts comme si elle vérifiait qu'il était bien là. En réalité, elle ne savait que faire de leur contact, souhaitant tout comme lui, s'enfoncer dans ses bras et oublier le présent. « J'suis désolée pour tout ce qui t'es arrivé. J'ai... plus les mots. » Elle secoua la tête et ferma les paupières pour cacher ses larmes.

« C'est moi qui suis désolé. » Il eut envie de tout lui dire, de lui dire les excuses qu'il avait formulé pendant des nuits d'insomnie dans sa voiture. Toutefois, il en fut incapable. « J'dois y aller mais je reviens demain soir. Ok ? » Elle acquiesça tout en lâchant sa main. « Par contre, s'il te plaît, demain, mange. Fais un effort, c'est tout ce que je te demande. »

« Et toi tu dois aller à l'hôtel dormir. »

Il quitta les draps. « Ok. » Il remit ses chaussures et sa veste. « Bonne nuit, pulcino. »

« Bonne nuit Mirko. »

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