Quelques jours plus tard.
Ce matin je me lève très tôt vu que c'est mon premier jour de cours. D'une part je suis anxieuse car l'inconnu me fout la trouille mais d'autre part l'excitation est à son comble. Après avoir pris une douche, je choisis une tenue dans ma valise et je m'habille juste après.
La veille je m'étais rendue au campus A pour prendre des informations sur mon planning de la semaine. Les cours allaient se dérouler à quelques kilomètres du village et plusieurs bus avaient été mis à notre disposition.
Ne voulant pas les rater je me dépêche et lorsque je quitte mon studio, j'entends la serrure de la porte voisine s'activer. Je sais qu'il s'agit probablement de mon voisin mais au fond de moi je lui en veux et depuis cette scène dégoûtante, je l'évite consciemment.
Dès que la porte s'ouvre, je me précipite vers les escaliers et en un rien de temps je me retrouve au niveau de la barrière. C'est mieux ainsi, je ne veux plus me laisser distraire par son beau sourire et son charme.
Un quart d'heure plutard, j'arrive au Campus A et sans perdre de temps je me faufile parmis les étudiants pour avoir la possibilité d'obtenir ma place dans le bus à moitié plein.
_ Un ticket s'il-vous-plaît.
_ Deux cent cinquante !
Je sors un billet de mille francs de mon portefeuille pour m'offrir quatre. Ça fera l'affaire pour ces deux jours. Je tend le ticket au chauffeur et la seconde d'après, je prends place à l'intérieur du bus. Ça ne tarde pas et quelques instants après, nous prenons la direction de Banekane. Pendant le trajet, je me focalise sur le paysage sans prêter attention aux personnes autour. Je ne suis pas une personne sociable de toute façon.
À notre arrivée quarante cinq minutes après, je sors du bus et pendant un bref instant je suis perdue. Je ne sais quelle direction prendre. C'est gênant !
_ Tout va bien ?
J'entends une voix qui m'interpelle et je me retourne. Mes yeux se posent sur Cabrelle. Elle sourit et se rapproche de moi.
_ Salut !
Dis-je en faisant un geste de la main qu'elle ignore complètement. Au lieu de ça, elle me fait la bise et cette proximité me gêne. Je ne suis pas trop tactile.
_ Comment tu vas ?
_ Bien et toi ?
_ Je dirais que ça va !
_ Heyyy , tu as oublié ton portable !!!
Une voix grave résonne tout d'un coup et nous regardons au même instant dans sa direction.
_ Ahh lui...
Dit-elle en faisant une grimace et son geste m'intrigue.
_ Qui est-ce ?
_ Mon frère.
Il s'approche et sans dire un mot de remerciement, elle s'empare de son portable.
_ Toujours égale à toi-même !
Dit-il juste après.
_ Ouais !
Je les observe comme une intruse.
_ C'est ta copine ?
Il s'exprime en me regardant droit dans les yeux.
_ Oui, je te présente Stéphanie. Stefy, voici mon frère Richard.
_ Enchanté.
Il me tend sa main et je la saisi fermement.
_ Bon, je vais vous laisser. Sois sage petite.
Elle fait la moue et me tire ensuite vers un bâtiment. En parcourant les escaliers pour nous rendre vers la salle de cours , je constate qu'elle ne cesse de saluer les gens.
_ Tu connais pas mal de monde apparemment.
_ Oui, la plupart sont des amis de mon frère et des anciens camarades de classe.
_ Je vois ! C'est cool.
_ Et toi ? Tu n'as pas de connaissances ici ?
_ Pas vraiment, enfin ....je n'ai pas encore croisé un visage familier.
_ Tu étais dans quelle école ?
_ Vogt et toi ?
_ Lauréats.
_ C'est où ça ?
_ À Douala !
_ Hum. Je n'ai jamais mis mes pieds dans cette ville.
Ma réponse semble la surprendre car juste après, elle me dévisage comme si j'étais un être surnaturel.
_ T'es sérieuse là ?
_ Oui ! C'est vrai qu'on a visité beaucoup de pays mais depuis que nous sommes au Cameroun, c'est juste Yaoundé et rien d'autre.
_ Je vois, heureusement que je suis là désormais. Je vais te faire découvrir pas mal de choses.
_ Merci.
Je la trouve plutôt sympa et c'est ainsi qu'on passe toute la journée ensemble. Elle me présente à ses amis et ceux-ci m'accueillent gentiment. Au final, mon insertion académique se passe plutôt bien.
Aux alentours de dix-huit heures, les cours prennent fin....ouf c'est épuisant, je me demande si je vais supporter le rythme. Lorsque le bus nous dépose au Campus A , la nuit tombe déjà.
_ Tu fais quoi ce soir ?
_ Je crois que je suis bonne pour le lit !
_ Toi alors ??!
Elle sourit.
_ Qu'est-ce qui ...
Je me tais brusquement car au même instant, j'aperçois mon voisin qui sort d'un bus.
"Faites qu'il me traverse pitié !"
Dis-je intérieurement mais ma prière n'a pas d'effet.
Il se rapproche de nous et dès qu'il arrive à notre hauteur, je ressens mon corps me trahir. Mes sens sont en alerte et mon coeur s'affole.
_ Bonsoir Stef !
_ Bonsoir !
Ma voix est étranglée et je m'en veux d'être si troublée par sa présence.
_ Tu rentres ?
_ Oui !
Dis-je sèchement.
_ Bon, je vais vous laisser.
_ Merci encore pour tout Cabrelle.
_ De rien, à demain.
Elle me fait un clin d'oeil avant de s'éloigner et son geste m'irrite.
_ C'est ton amie?
_ Qu'est-ce que cette information va apporter de plus dans ta vie ?
Au lieu de s'offusquer, il se met à sourire.
_ Toujours sur la défensive toi, bref file moi ton sac.
_ Pour...
Sans me laisser le temps de le questionner, il le récupère et passe son bras sur mes épaules. Je sursaute car je trouve son geste un peu trop intime. Que diront les gens qui nous observent ?
_ On s'en fout !
Dit-il au même instant comme s'il avait lu dans mes pensées et ça me déstabilise.
_ Tu ne dois pas te soucier de ce que vont penser les gens. Tu es la priorité, c'est ta vie ! Fais ce qui te rend heureuse c'est tout.
Je l'écoute en silence , au fond il n'a pas totalement tort. Je dois apprendre à m'affirmer et prendre confiance en moi. Ainsi je serais peut-être plus ouverte aux autres.