Kylian bouge lentement, juste un centimètre, mais cela fait trop mal.
_ S’il te plaît, ne bouge pas, haleté-je.
Je serre mes lèvres l’une contre l’autre en signe de honte. D’autres femmes sont passées par là : elles se sont allongées et ont souffert. Pourquoi ne le pourrais-je pas ?
Le corps de Kylian se tend comme un arc. Il touche ma joue en se retirant, me forçant à le regarder.
_ Ça fait si mal que ça ?
Sa voix n’est que retenue, là où ses yeux sombres brillent d’une émotion impossible à définir.
Ressaisis-toi, Stef. Dis-je intérieurement.
_ Non, pas tant que ça.
Ma voix s’arrête sur le dernier mot parce qu’il tressaille.
_ C’est bon, Kylian. Bouge juste. Je ne serai pas en colère contre toi. Tu n’as pas besoin de te retenir pour moi. Finissons-en.
_ Tu crois que j’ai envie de t’utiliser comme ça ? Je peux voir à quel point c’est douloureux. J’ai fait beaucoup de assez glauques dans ma vie, mais je n’ajouterai pas ça à la liste.
_ Pourquoi ? Tu n’as pas à faire semblant de te soucier de mes sentiments uniquement parce que nous sommes des amants.
Il cligne des yeux.
_ Qu’est-ce qui te fait croire que je dois faire semblant ?
Mes lèvres s’entrouvrent. Je n’ose pas espérer, je n’ose pas lire entre les lignes plus qu’il n’y a, même si, mon Dieu, j’en ai envie !
_ Dis-moi ce que je dois faire, souffle-t-il durement.
_ Tu peux me serrer contre toi un moment ? Mais ne bouge pas.
_ Je ne le ferai pas, promet-il en m’embrassant.
Il serre les dents en s’abaissant complètement. Nous sommes incroyablement proches – même une feuille de papier ne pourrait pas se glisser entre nous. Il passe un bras sous mes épaules pour me presser contre sa poitrine. Puis, nous nous embrassons, nos lèvres glissant l’une sur l’autre, nos langues s’entremêlant, douces et taquines. Il caresse mes flancs avant de glisser une main entre nous et de dessiner de petits cercles sur mon téton.
Lentement, mon corps se relâche sous sa douce caresse et le goût de sa bouche. La douleur entre mes jambes se transforme en un lancinement sourd. Je me relâche autour de lui, mon corps s’habituant à sa taille. Il ne semble toutefois pas le remarquer, ou bien il choisit de l’ignorer ; au lieu de cela, il continue à m’embrasser. L’ongle de son doigt frotte mon téton, et un frisson de plaisir jaillit entre mes jambes. Je recule, les lèvres gonflées. Les yeux de Kylian sont voilés.
_ Peux-tu encore… ? demandé-je.
Lorsqu’il bouge, je sens à quel point il est dur. Il ne s’est pas ramolli du tout. J’écarquille les yeux de surprise.
_ Je te l’ai dit, je ne suis pas un homme bon. Même si je sais que tu souffres, j’ai toujours la trique parce que je suis en toi.
_ Parce que tu me veux.
_ Je n’avais jamais désiré personne autant que je te désire, toi, admet-il.
_ Peut-on aller lentement ?
_ Bien sûr, princesse.
Tout en me serrant contre lui, il se retire de quelques centimètres, observant mon visage. Le regard d’inquiétude qu’il pose sur moi libère un nœud dans ma poitrine.
Je soupire. Cela fait toujours mal, mais pas autant qu’avant. D’autant que derrière la douleur, se laisser percevoir quelque chose de meilleur. Il revient en moi et trouve un rythme lent et doux. Je m’imprègne de la sensation de son corps puissant pressé contre le mien. Ses yeux ne quittent jamais les miens. La tension dans ses épaules est le seul indice de l’effort qu’il déploie. Il change soudain l’angle, et une étincelle de plaisir me traverse. Je halète. Il s’arrête aussitôt.
_ Ça t’a fait mal ?
_ Non, c’était bien, dis-je avec un rictus tremblant.
Avec un sourire, il répète le mouvement, ce qui provoque un autre frisson en moi. Il unit ses lèvres aux miennes.
Je ne sais pas combien de temps il garde ce rythme lent, mais je commence à avoir mal et je sais que je ne jouirai pas. Je n’en suis même pas proche, malgré les vacillements occasionnels de plaisir. La douleur couvre encore trop de sensations. Je ne sais pas comment le lui avouer, mais il doit le lire sur mon visage parce qu’il me dit :
_ Tu vas bien ?
Je me mords la lèvre.
_ Combien de temps avant que tu… ?
_ Pas longtemps, si je vais un peu plus vite.
Il scrute mon visage, et je hoche la tête. Il s’appuie sur ses coudes pour pousser plus vite et un peu plus fort. Aussitôt, je me mords les lèvres en enfouissant mon visage dans son cou. La douleur est de retour, mais je veux qu'il vienne.
_ Stef ? dit-il dans un râle.
_ Continue, s’il-te-plaît. Je veux que tu jouisses.
Avec des grognements, il continue à me pénétrer. Sa respiration se fait plus rapide. Lorsqu’il s’enfonce encore plus profondément, je mords son épaule pour ne pas crier de douleur.
Après quelques minutes, il se crispe avec un gémissement. Il frémit, et je peux le sentir grossir en moi, me remplir jusqu’à ce que je sois sur le point d’exploser. Il arrête finalement de bouger, ses lèvres contre ma gorge. En le sentant se ramollir en moi, je pousse presque un soupir de soulagement. Je m’accroche à lui, savourant la sensation des battements rapides de son cœur et le son de sa respiration difficile.
Il s’allonge ensuite à côté de moi, m’attirant dans ses bras. Il balaie les mèches de mon visage en sueur. Je sens que quelque chose s’échappe de moi, et je me déplace sans ménagement.
_ Je vais chercher un gant de toilette.
Il sort du lit pour se diriger vers la salle de bains.
Ayant froid sans lui, j’étire mes jambes, mais aussitôt, je grimace. Lorsque je m’assois, mes yeux s’agrandissent. Il y a du sang sur mes cuisses et sur le lit, mêlé au sperme de Kylian.
Ce dernier s’agenouille sur le lit, à côté de moi. Il doit s’être nettoyé, car il n’y a aucune trace de sang sur lui.
_ Wow ! Dit-il aussitôt.
Il écarte mes jambes ensuite pour presser le gant de toilette chaud et humide contre moi. J’inspire pendant qu’il embrasse mon genou.
_ Tu étais beaucoup plus serrée que je ne le pensais, dit-il doucement.
Il retire le gant de toilette tandis que je rougis. La seconde qui suit, il se rend à la salle de bains et revient juste après avant de presser sa main contre mon abdomen.
_ À quel point as-tu mal ?
Je repose ma tête sur l’oreiller.