Chapitre 34

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_  Je n’ai pas si mal. Comment pourrais-je me plaindre alors que tu es couvert de cicatrices dues aux coups de fouets ?!

_  On ne parle pas de moi, là. Je veux savoir comment tu te sens, Stef. Sur une échelle d’un à dix, à quel point ça fait mal ?

_  Maintenant ? Cinq !

Il se crispe. Il enroule un bras autour de moi en scrutant mon visage.

_ Et pendant ?

J’évite son regard.

_  Si dix représente la pire douleur que j’ai jamais ressentie, alors huit.

_  La vérité.

_ Dix, chuchoté-je.

Il serre la mâchoire.

_ La prochaine fois, ce sera mieux.

_  Je ne pense pas pouvoir recommencer si tôt.

_ Je ne voulais pas dire maintenant, dit-il fermement en embrassant ma tempe. Tu auras mal pendant un moment.

_  Sur une échelle d’un à dix, à quelle vitesse et à quelle intensité es-tu allé ? La vérité, répété-je.

_  Deux.

_  Deux ?

Je dois avoir l’air assez horrifié, car il frotte légèrement mon ventre.

_  Nous avons le temps. Je vais y aller aussi doucement que tu le souhaites.

_  Je n’arrive pas à croire que le grand Kylian ait dit  doucement, plaisanté-je, pour détendre l’atmosphère.

Avec un sourire, il se penche vers mon visage.

_ Ce sera notre secret.

Les émotions se pressent dans ma poitrine.

_ Merci d’avoir été doux. Je n’aurais jamais pensé que tu le serais.

Il rit sèchement.

_ Crois-moi, personne n’est plus surpris que moi à ce sujet.

Je roule sur le côté en grimaçant et me blottis contre son épaule.

_  Tu n’as jamais été gentil avec quelqu’un d'autre ?

_ Juste avec Constantin, dit-il avec amertume. Notre père nous a appris que toute forme de gentillesse était une faiblesse. Il n’y a jamais eu de place dans ma vie pour ça.

Même si les mots veulent rester coincés dans ma gorge, je lui demande :

_  Et les filles avec qui tu étais ?

_ Elles étaient un moyen d’arriver à mes fins. Quand je voulais baiser, je cherchais une fille, et voilà. C’était dur et rapide, certainement pas doux. Je les baisais surtout à cheval, pour ne pas avoir à les regarder dans les yeux et faire semblant de m’intéresser à elles.

Il a l’air froid et cruel.

J’embrasse ses cicatrices, voulant bannir cette partie de lui à nouveau. Ses bras se resserrent autour de moi.

_ La seule personne qui aurait pu m’apprendre à être sensible est ma mère.

Je retiens mon souffle. S’apprête-t-il à me parler d’elle ?

_  Mais elle a choisi d'être spectatrice.

_  Je suis désolée.

J’ai envie de lui poser des questions mais je n’ai aucunement envie qu’il se retranche derrière son masque froid. Alors, je me contente de caresser sa joue. Il semble surpris par ce geste, mais ne se retire pas. Je me lèche la lèvre, essayant de réprimer ma curiosité.

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