_ Comment ça c'est toi ? Tu n'étais même pas là !
_ Si , quand tu as demandé de l'aide à Constantin je vous ai suivi.
_ Mais pourquoi as-tu fait une chose pareille ?
Dis-je d'un air confus.
_ Je n'ai pas apprécié la façon dont ce gars t'a parlé. Je ne suis plus un enfant Stephanie, et jamais je ne vais tolérer qu'on traite ma soeur de cette façon.
_ Ce ne sont pas tes affaires !!!
J'ai crié sur elle.
_ Si ça l'est ! Martin n'est plus là, tu es la seule qui me reste. Et lui, il s'est comporté comme un salaud. Si c'était à refaire je n'hésiterais pas .
Dit-elle en sortant.
Elle a claqué la porte et le bruit m'a ramené à la réalité de manière brutale.
_ Va la voir !
M'a dit Caleb la seconde qui suit.
J'ai réalisé tout d'un coup que je l'avais accusé à tort. Il devrait normalement être remonté contre moi mais il semblait serein et venait de faire passer mes intérêts une fois de plus avant les siens.
_ Je suis désolée !
Dis-je à voix basse.
_ On en parlera plus tard.
Après avoir terminé sa phrase, il est parti. Je venais de faire une gaffe une fois de plus. Comment allais je faire pour rattraper le coup ?
J'étais dépité mais j'ai dû prendre sur moi et l'instant d'après, je suis allée à la recherche de la sœur. Je la trouve près d'une tente entrain de causer avec sa meilleure amie Adeline.
_ Flora, je peux te voir un instant ?
_ Okay !
Elle met fin à sa conversation avec son amie et me suit juste après.
_ Je sais qu'on n'a pas eu pour habitude de discuter de ce genre de choses mais je n'aimerais pas que tu agissez de la sorte à l'avenir.
_ Tu l'aimes encore ?
_ Pardon ?
_ Dis-moi si tu l'aimes encore ! Cet homme ne te respecte pas Stefy, je suis une fille du mouvement j'ai eu l'habitude de côtoyer pas mal de personnes et je peux te dire avec assurance qu'il n'a rien à cirer de toi !
_ Ne parle pas de lui ainsi. Même si on n'est plus ensemble, je...
_ Laisse-moi tes longs discours ! C'est ça la différence réelle entre toi et moi. Jamais je n'accepterai qu'un homme me parle n'importe comment. Jamais ! Tu me mords, je te croque ou bien ?!
Je l'observe, elle semble enragée.
_ On ne résoud pas tout avec la violence.
_ Tu as raison mais le respect s'impose des fois. Ce gars si je le croise à niveau, il ne vera que du feu. Caleb l'a même raté, j'allais le castrer !
J'éclate de rire.
_ Tu es une vraie folle tu sais.
_ Je suis une sauvage !
_ Je confirme, garde toute cette énergie pour briller dans tes études.
_ T'inquiète, je le dois aux parents. Je suis reconnaissante de la chance que nous avons.
Je la prends dans mes bras.
_ Martin n'est plus là mais je te fais la promesse d'être toujours là pour toi.
_ Je sais que je peux compter sur toi.
_ Je t'aime ma fille furieuse.
Elle sourit et par la suite, on se sépare. Je retourne auprès d'Adèle et Constantin.
***
Badayo, Côte d'ivoire.
Ça y est c'est fait, il est parti définitivement. En jetant la terre sur son cercueil mon coeur s'est déchiré en Lille morceaux. Savoir que je ne le reverrai plus, son odeur , sa voix, tout ça va me manquer. Je vis cette épreuve douloureusement et c'est encore plus dur pour nos parents.
Ils sont inconsolables, ma mère n'a pas eu la force de le voir descendre six pieds sous terre. Ma tante pareil. C'est dur mais on devra s'habituer dorénavant à vivre sans lui.
Après son enterrement, nous avons regagné notre maison familiale au village. La famille était réunie, certains visages m'étaient familiers et d'autres non. Ça faisait des années qu'on avait quitté nos proches du coup nous étions comme des étrangers. Lors de la réception, je me suis chargée de veiller que tout le monde soit bien reçu. Arrivé à la table où se trouvaient Calen, Aria, Constantin et Adèle, j'ai forcé un faible sourire.
_ Je tiens à vous remercier d'avoir fait ce déplacement pour nous soutenir.
J'étais consciente du sacrifice, Adèle avait séché sa période de stage pour être là d'ailleurs je ne sais pas quelle raison elle allait sortir mais le fait de la voir à mes côtés était énorme. Que dire de Constantin, depuis le début il n'a pas lâché ma main. Même après la dispute avec Kylian , il est toujours resté à mes côtés. Aucun mot ne sera jamais assez grand pour lui manifester ma gratitude.
Aria , voir son visage déchiré m'a fait soupçonner qu'elle avait encore des sentiments pour mon frère. Elle était dévastée et sa douleur avait ranimé la mienne. On s'est soutenu mutuellement.
Quand à Caleb, il était là. Tenant ma main à chaque étape, prenant les devants face à certaines situations et épaulant mon père comme un gendre. Sa discrétion et son calme ont été le côté neutralisant de mes émotions.
J'ai croisé son regard au même moment, il a soutenu le mien. À cet instant précis, j'avais l'impression qu'il s'agissait uniquement de nous deux. Il ne parlait pas beaucoup mais posait des actes concrets. Avec lui je n'avais pas besoin de m'exprimer, il déchiffrait mes émotions.
_ Tu as déjà mangé !?
M'a demandé Adèle tout d'un coup.
Sa question m'a fait sortir des nuages et cette connexion qui s'était établie entre Caleb et moi s'est coupée pendant un bref instant.
_ Je n'ai pas faim.
_ Il faut bien t'alimenter Mademoiselle !
Elle s'est levée la seconde suivante pour se diriger vers le buffet en m'entraînant avec elle.
_ Lorsque tu seras posée, il faut qu'on cause.
_ D'accord.
J'étais curieuse mais pour l'instant, les seules pensées présentes dans mon esprit allaient à l'encontre de mon défunt frère.