Bonus #6

1.1K 100 32
                                    

Cela fait presque un mois que j'habite avec Nii-san. C'est encore un peu embarrassant de l'appeler ainsi mais je ne veux pas être malpolie ou trop familière avec lui donc je me contente de cette appellation qui me convient et qui j'espère ne le dérange pas. Nous ne parlons pas beaucoup ensemble. Nos échanges se résument à des salutations et il me demande comment s'est passé ma journée à l'école quand je rentre à l'appartement.

Mais ces temps-ci, je trouve qu'il a un comportement quelque peu étrange. Il semble vouloir me dire quelque chose mais s'abstient de le faire. Cependant, ce n'est pas moi qui va aller se plaindre auprès de lui donc je faisais mes devoirs dans ma chambre comme d'habitude, jusqu'à ce qu'il rentre.

Shōta : Tu fais tes devoirs?

Haruki : Oui.

Shōta : Ça s'est bien passé aujourd'hui, l'école?

Haruki : Normal.

Shōta : Je vois.

Haruki : ...

Shōta : ...

Je continuais mes exercices tandis qu'il restait dans le cadre de la porte.

Shōta : ... Dis.

Haruki : ... Oui?

Shōta : Hm... Ça va faire combien de temps que tu habites ici?

Haruki : Trois semaines et deux jours.

Shōta : Et... Tu t'es habitué à ta nouvelle école?

Haruki : Je suppose.

Shōta : ...

Haruki : ...

Shōta : Et est-ce que... tu voudrais aller quelque part?

Haruki : Où ça?

Shōta : Et bien...

Haruki : Au commissariat, n'est-ce pas?

Shōta : ...! Comment...!

Haruki : Ça fait depuis longtemps que j'aurais dû faire mes dépositions mais ce n'est toujours pas le cas. Je suppose que tu ne voulais pas me brusquer mais il y a deux jours, la nuit, tu avais reçu un appel. Je me suis dit que ça devait être les inspecteurs qui auraient voulu boucler cette affaire.

Shōta : ... Tu ne dormais pas ce soir là?

Haruki : J'étais allée aux toilettes.

Shōta : ...

Haruki : On peut y aller, tu sais.

Shōta : Ça te va?

Haruki : Ça ne m'enchante pas mais je sais bien que je n'ai pas vraiment le choix.

Shōta : ... Alors prends une veste, on y va.

J'acquiesçai et je m'exécutai. Au commissariat, je racontai aux policiers tout ce que je savais. Sur mon père, sur ma mère, sur moi-même et tout ce qui s'était passé dans cette demeure dans laquelle je n'y retournerais plus. Après avoir parlé, l'inspecteur me demanda d'attendre devant la salle car il voulait parler avec Nii-san et sa demande ne me réjouissait pas. J'abordai une expression morne tout en baissant la tête et je m'agrippai d'une main au vêtement de Nii-san.

C'est alors qu'il posa sa main sur le haut de ma tête.

Shōta : Je te rejoins tout de suite, tu veux bien patienter un peu?

Je lui hochai timidement la tête avant de sortir et de m'asseoir sur une des chaises qui était installé à côté de la salle. Des minutes s'écoulèrent et j'attendais toujours. Je me sens de moins en moins à l'aise, les policiers qui passent me regardent d'un mauvais œil et l'ambiance de ce bâtiment me donne la nausée. Je veux rentrer. Des mauvais souvenirs commençaient à envahir ma pensée, l'arrivée des autorités, l'arrestation de mes parents, ma fuite...

Je veux fuir... Je n'ai qu'une envie, c'est de courir du plus vite que je peux pour quitter ce lieu. Mon pouls s'accéléra et ma respiration se faisait de plus en plus irrégulière. Ne pouvant plus supporter cet pesanteur, je finis par me lever dans l'intention de partir en courant. Mais avant que je ne puisse démarrer, je heurtai un mur ou plutôt... une personne. C'était à supposer un homme, il était imposant de par son poids et sa carrure ronde.

??? : Oh, désolé petite. Tu vas bien?

Il parlait avec l'accent du kansai. Il se pencha au dessus de moi et me tendit la main. Je ne répondis pas mais continuais de le fixer. Face à mon silence, il me prit par les aisselles pour me remettre sur pieds.

??? : Excuse-moi si je t'ai fait mal. Tu veux un bonbon ou autre pour que je me fasses pardonner?

Haruki : Non... merci...

??? : Oh, mais! Tu ne serais pas la petite Haruki??

Haruki : C-Co...

??? : Oh, tu te souviens de moi? J'étais là lorsque Eraser était venu te chercher! Ah, tu ne t'en rappelles peut-être pas...

J'observai le parka jaune qu'il portait où était inscrit en grand les lettres "F" et "G".

Haruki : Fat... Gum...?

Fat Gum : Oui, c'est moi! Je suis étonné que tu t'en souviennes!

Mais... Il ne ressemblait pas du tout à ça lorsque je l'avais vu! Il n'avait pas ce corps semblable à un énorme ballon qui a l'air... tellement...

Sans que je ne m'en rende, j'avais levé les bras pour lui faire un long câlin. Il est tout douillet...

Fat Gum : ...?

Haruki : ...!

Je m'écarta rapidement. Mais qu'est-ce qui me prend?! Malgré sa surprise, il ne commenta pas mon geste.

Fat Gum : Qu'est-ce tu fais là? Il y a un problème?

Haruki : Et bien...

On finit par s'asseoir à côté et je lui expliquai mon ressenti par rapport à cette situation.

Fat Gum : Hm... Tu n'aimes pas les policiers?

Haruki : C'est surtout eux qui ne m'aiment pas je pense... Et ils m'ont tous l'air méchants à cause de ça...

Fat Gum : J'ai travaillé avec la police et je peux te dire que la plupart, ce sont de bonnes personnes!

Haruki : Tu faisais parti de la police?? Tu m'as l'air bien plus accueillant et gentil qu'eux...

Fat Gum : Ha ha! Je suppose que l'apparence y est pour quelque chose!

Haruki : Mais...

Fat Gum : Hm...?

Haruki : Si les policiers sont des personnes comme toi alors je penses que j'arriverais à les apprécier!

Fat Gum : ...!

Haruki : Euh... Je peux te demander une faveur...?

Fat Gum : Vas-y! Demande moi ce que tu veux.

Je gigotai sur ma chaise, un peu embarrassée.

Haruki : Je n'aime pas vraiment le commissariat ou quoi mais... Je pourrais venir te voir de temps en temps...?

Fat Gum : ... Mais bien sûr!

Il me frottai frénétiquement la tête. Puis Nii-san sortit enfin de la salle.

Shōta : Hm? Fat Gum? Qu'est-ce que vous faites ensemble?

Fat Gum : On a fait connaissance!

Il me prit alors affectueusement dans ses bras.

Shōta : ...?

Je me sens toujours un peu embarrassée mais... Ce sentiment agréable, cet chaleur... Ce que je n'ai jamais pu obtenir de mes parents... Peut-être que ce que je souhaitais, c'était de l'affection et de simples gestes comme le fait de pouvoir enlacer librement une personne sans retenue. Ou plutôt, je voulais obtenir le droit de pouvoir exprimer une affection que je n'avais jamais été capable de manifester... jusqu'à maintenant.

Fin

All For YouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant