Lou-25/07

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Samedi 25 juillet

Lou

Humeur du jour : encore une fois vengeresse.

Aujourd’hui, c’est décidé : Roxane et moi, on s’occupe de la mèche d’Arthur. Ça fait un bout de temps que j’en ai envie mais jusque-là, je n’ai rien fait. Et puis, ça lui apprendra à cracher sur nous dans son journal.
On hésite encore à mettre Aliénor dans la confidence. Depuis qu’on est tout petit, ça a toujours été Roxane et moi – les ainées – contre Arthur et Aliénor – les benjamins. Mais bon, depuis qu’Arthur à débuter sa crise d’ado – au plus grand malheur de la planète – lui et Aliénor sont moins proches. Enfin, je pense qu’on a plus à perdre à tout lui cacher qu’à tout lui dire. La seule partie du plan qui soit vraiment sûre en attendant, c’est qu’on passera à l’action pendant la nuit. Et Aliénor pourrait nous aider. Après tout, c’est elle qui a l’honneur de dormir dans la même tente qu’Arthur.

Avec Roxane, on a transformé les toilettes des femmes du camping en notre quartier général. C’est le seul lieu dans lequel notre saleté de frangin ne puisse pas nous déranger. Ou entendre quoi que ce soit. Et puis, être dans un pays étranger dans lequel personne ne te comprend, ça a du bon. Comme je le disais, on attaquera cette nuit. J’ai eu la très bonne idée d’emporter mes ciseaux – ceux-là même avec lesquels j’avais menacé Arthur à son retour de colo. On a plus qu’à compter sur notre discrétion légendaire, notre talent inné pour la vengeance et le sommeil profond de notre frère.

On a fini par mettre Aliénor dans le secret. Elle était pas à fond pour au début mais elle est devenue beaucoup plus enthousiaste au fur et à mesure qu’on échafaudait le plan.

Maintenant, on attend. On s’est couché à 23 heures comme tous les soirs à cause du couvre-feu instauré par les parents – et oui on vit avec de vrais tortionnaires – et Arthur met environ une demi-heure voir une heure à s’endormir. L’attente est toujours la partie que je déteste le plus. Il faut ignorer le stress que tout va foirer – surtout pour Roxane -, l’excitation de la vengeance tant souhaitée qui est bientôt proche – en particulier pour Aliénor - et l’envie de dormir – qui me concerne plus.

Minuit : heure du crime. Ma jumelle et moi, on sort discrètement de notre tente – enfin dans la mesure du possible, parce qu’ouvrir une fermeture éclair discrètement, en pleine nuit lorsqu’il n’y a pas un bruit dehors, ça n’a jamais été de la tarte. On se dirige vers celle des parents et des benjamins. Là encore, une fermeture éclair. J’essaye de nouveau de ne pas faire tout un boucan mais ça reste complexe.

Aller ! Plus qu’une fermeture éclair ! C’est Roxane qui s’y colle ce coup-ci. Une fois que c’est fait, je passe les ciseaux à Aliénor qui s’est relevée sur son séant pendant qu’on menait l’opération « fermeture éclair ». Elle se penche sur Arthur et commence à couper minutieusement sa mèche chérie. A la base, c’était à Roxane de le faire mais après avoir réfléchi, on s’est dit qu’il valait mieux que ce soit notre petite sœur qui refasse une coupe à Arthur, parce que c’est la moins douée des trois dans ce domaine. Les cheveux tombent autour du visage de notre frère, sur son oreiller. La tête qu’il va faire demain ! Ah ! j’ai hâte d’y être !

Bon, encore une fois le trophée des déesses de la vengeance nous est décerné à Roxane et à moi. Et celui de la meilleure coiffeuse du camping à Aliénor.

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant