Lou-22/09

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Lundi 22 septembre

Lou

Humeur du jour : rebelle, anxieuse, curieuse.

Je suis allée chez le coiffeur ce matin. Je commençais exceptionnellement à 14 h aujourd’hui alors j’en ai profité. J’ai soutiré des sous à papa qui voulait plus que se faire pardonner après l’engueulade publique d’hier et je suis passée outre les protestations de Roxane, avec qui je suis fraichement réconciliée, qui voulait absolument y aller avec moi mais qui ne pouvait pas parce que la pauvre, elle commençait à 8 heures.

En parlant de Roxane, je tiens à la remercier pour m’avoir sortie de cet enfer qu’était la maison de Sophie. Et dans laquelle je ne remettrai jamais les pieds : d’abord parce que les parents seraient totalement contre, ensuite parce que jamais, ô grand jamais, je ne veux risquer de goûter de nouveau aux talents culinaires de cette gourde de Sophie. Ça me fait penser qu’entre la sortie ciné, la partie de bowling et sa soirée, j’ai toutes les raisons de la détester. Evidemment, je ne la déteste pas : je la hais.

Pour continuer sur cette touche joyeuse, je tiens à remercier papa pour l’humiliation qu’il a fait subir à toute la famille hier au resto ! Merci, merci et merci ! Non mais quelle idée !! Tu as des choses à nous reprocher, tu nous en parles dans notre salon, pas en public !

Bref, je ne veux pas m’appesantir là-dessus et préfère changer de sujet. Prenons ma coupe de cheveux par exemple. Elle est toute nouvelle, fraiche d’une heure ! Je ne voulais pas qu’il y ait quelqu’un de la famille avec moi. Je crois que sinon, je n’aurais pas eu le cran de le faire. Après tout, je suis l’enfant sage de la fratrie. En plus, mon attitude chez le coiffeur était à pleurer.

D’abord, j’ai grave hésité, sachant qu’il n’y aurait pas de retour en arrière possible. Ensuite, je me suis rendue compte qu’il y avait une tête familière dans ce salon de coiffure. C’était un des premières du baby-foot. Génial. Après ma discrète sortie du bowling, c’était sûr qu’il allait me reconnaitre ! Je suis donc passée en phase : je ne suis pas là, tu ne me vois pas et si oui, et ben moi non.

J’ai évité de croiser son regard dans la glace, ne l’ai pas regardé plus de deux secondes d’affilées et me suis arrangée pour ne pas attirer l’attention sur moi. Heureusement que ma coiffeuse n’était pas une de celles qui se désolent sur la qualité et la quantité de cheveux qu’elle doit couper. Je suis finalement sortie. Il ne m’avait pas adressé un regard et ma nouvelle coupe me faisait tout drôle.

*****

Je vais rentrer du lycée dans quelques minutes, je prends juste le temps au CDI d’écrire deux ou trois trucs et de laisser Roxane rentrer devant. Ça a été le choc dans ma classe. Tout le monde m’a regardé style « mais, mais, mais… » et puis j’ai eu le droit aux « Ça te va super bien ! » et aux « Qu’est-ce que ça change ! ».

Voilà, après mettre arrangée pour ne pas croiser Roxane au lycée, pour garder la surprise intacte, je rentre chez moi. J’ai hâte de connaitre leur réaction. Arthur aura bien un compliment à mon intention, Aliénor un regard choqué, maman je ne sais pas – les femmes enceintes sont imprévisibles-, papa pensera en avoir eu pour son argent et Roxane… ben Roxane aura sûrement une réaction de femme enceinte : imprévisible.

Bref, ils seront tous étonnés de découvrir que j’ai perdu au moins 25 bons centimètres de cheveux entre ce matin et ce soir et que j’ai maintenant la coupe à la garçonne.

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant