Roxane - 14/11

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Vendredi 14 novembre

Roxane

Salut personne !!!

La journée d'hier est teintée d'une énorme ironie : nous sommes allés voir le psy en famille alors que celui dans la salle qui semblait le plus perdu dans sa vie, c'était ce dernier. Je pense qu'après notre visite, il va fortement envisager la reconversion professionnelle. Ensuite, dans le but de gagner un pari, nous nous sommes dénoncés les uns les autres pour des actes insensés. Et après avoir enfin fait surgir tous les mensonges qui nuisaient à la famille, les parents étaient énervés. Cependant, je me suis rendue compte d'une ou deux choses me concernant : premièrement j'ai un gros problème d'égo, deuxièmement je me sens terriblement seule, troisièmement je suis lâche et tout cela m'amène à une certitude : je suis amoureuse de Tristan. En fait, quand j'y repense, on a vraiment l'histoire la plus bancale au monde. Je le rencontre dans un camping, je le trouve peu attirant et inintéressant mais il me fait rire alors on se raproche et frustrée de n'avoir plus de petit ami, je sors avec lui. Sauf que mon ego et ma lâcheté m'obligent à l'emmener dans un endroit interdit et à boire pour l'affronter. Evidemment, ça se finit mal et ça aurait pu être le « end » de l'histoire. Mais non, ironie du sort : je déménage dans sa ville, il joue au volley dans mon nouveau club et est dans mon lycée. En plus de ça, il a finalement un sourire des plus attirants, donc rebelotte, on se tourne autour. Mais on est jamais en phase et on ne fait que se loupper. Puis il part voir son père, en laissant naïvement cette stupide lettre. Offensée de sa trahison, mais surtout vexée de n'avoir pas été digne de sa confiance et très déprimée, je sors avec le premier mec du coin, aussi bizarre qu'il soit. Ainsi ma lâcheté à ne pas vouloir affronter mes sentiments et mon égo mis à l'épreuve aidant, je me persuade, jours après jours que je ne l'aime pas. Seulement, il faut reconnaitre une chose : grâce à ce psy incompétent, j'ai remis mes stupides certitudes en doute et j'ai compris quel étai tmon vrai problème. Ce n'est pas ma sœur jumelle, on se comprend ; pas mon frère, il me fait autant rire que désespérer ; pas ma petite soeur, qui par sa naïveté et son sens de la justice me rassure ; pas notre future sœur, qui malgré le bordel qu'elle installe, s'annonce être un bonheur sans fin ; pas les parents non plus, pas le déménagement... non, mon vrai problème, ce sont les mensonges. Je me mens à moi-même. Alors voilà, ironie du sort : un psy bancal et nul, m'a permis de réfléchir malgré lui. Mais de manière encore plus ironique, en sortant de la salle, après avoir hurlé « Tristan me manque », devinez qui attend sagement sa consultation dans la salle d'attente, en réfléchissant à cent à l'heure à comment réagir quand je franchirai la porte : lui. Ça, c'était la partie « ironie cool et marante ». La partie « moins cool et marante », c'est moi, sortant de la salle, le voyant, m'arrêtant et lui, me regardant intensément – jusque là ça va – puis Lou me voyant en position de zombie tourne la tête, le voit et, évidement, éclate de rire. Papa nous hurle alors, du bout du couloir, de nous dépêcher mais Tristan vient de se lever et je ne veux pas bouger. Lou s'en va en me glissant un « Je leur inventerai une pause pipi ! ». Et là... devinez quoi... le psy déboule... Il appelle « Tristan ! » et toutes les personnes dans la salle d'attente se retournent vers nous, hilares. Je me recule pour ne plus être soumise à leur jugement, dégageant l'accès au bureau du psy. Mais je veux aussi parler à Tristan tranquillement. Seulement, lui, passe devant moi et disparait avec M. Cochard, non sans m'avoir laissé un sourire. Ce que je n'ai pas compris, c'est que le psy aurait pu attendre un peu, le temps de réfléchir au sens de la vie du moins, mais non. Et en plus, Tristan a préféré partir.

Peut-être qu'il ne m'aime plus ? Ou qu'il me trouve folle ? Si je n'ai pas totalment convaincu le psy, lui peut-être... Ironie, te revoilà.

Alors je pars vers la voiture, un peu triste. Je m'assois à l'arrière et Lou me pose une question silencieuse des yeux. Je hausse les épaules en guise de réponse.

« Vous m'expliquez ? demande alors papa sur le ton de la colère, coupant cours aux insistances toujours silencieuse de Lou.

Personne ne répond. Puis, au bout d'un très long moment, maman éclate de rire. Et voyant le regard déconcerté de papa, je la suis. Puis, on s'y met tous en chœur, jusqu'à ce que papa cède lui aussi. Il démarre en annonçant un fait que je commence à trouver vrai :« Il n'est peut-être pas si nul que ça ce psy ! » Ironie ?

Le soir en m'effondrant sur mon lit, épuisée mais satisfaite, je reçois un message :

« Salut, c'est Tristan !

J'ai entendu ce que tu as dit au psy aujourd'hui et je pense exactement la même chose : tu me manques, et surtout, je crois que je t'aime... bien ! J'aurais préféré te le dire tout à l'heure chez le psy mais tu t'es reculé pour partir. Je suspose que tu étais pressée. On se voit quand tu veux ! »

IRONIE !!!!!!

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant