Jeudi 13 novembre
Lou
Humeur du jour : au fond du trou.
Une thérapie de famille. Manquait plus que ça. Me retrouver en face d'un psy frappadingue avec mes sœurs et mon frère frappadingues accompagnés de mes parents complétement fous (non mais quel adulte raisonnable irait faire cinq enfants !?) : l'enfer.
Moi, j'avais prévu de retrouver Quentin après les cours et de trainer avec lui pour le reste de l'après midi. Ben non, va falloir aller s'enfermer dans le cabine du psy.
Il est 18h30, on entre tous dans le bureau de M.Cochard. C'est la guerre pour trouver une chaise et Aliénor et Arthur se battent un moment pour le dernière place assise disponible. Finalement, Arthur gagne et Aliénor se réfugie sur les genoux de Papa. Roxane et moi,on se partage chacune une moitié de siège, à la droite de maman.
M.Cochard a une tête d'enterrement. Je crois qu'il vient de réaliser que nous convoquer tous les six - sept en comptant le bébé sœur – en même temps, n'est pas une bonne idée. Surtout que Roxane, Arthur et moi, on le tient toujours, notre pari.
Bon, j'avoue que j'ai un peu la pression par rapport à ce dernier. Arthur et Roxane ont pris pas mal d'avance question santée mentale bancale. Par ailleurs, il y a moyen qu'il pense que je sois surdouée. Alors autant continuer dans cette voie-là : peut-être que je vais finir par le saouler avec mes théories sur l'humanité et qu'il craquera bien sec.
Et si moi toute seule, je ne le fais pas pleurer, le reste de la famille s'en chargera. Nous regrouper pour une thérapie de famille... moi j'appelle ça du suicide.
***
20h00. De retour à la maison, prête à me coucher. Mais quand même, il faut absolument que j'écrive notre séance chez le psy. Rien que pour l'immortaliser.
Après l'épisode de la guerre des chaises et une fois que le silence s'est fait, le psy a ouvert son carnet, posé ses coudes sur la table joint, ses deux mains l'une à l'autre, doigts écartés et a pris une grande inspiration. J'ai senti qu'Arthur était prêt à passer à l'offensive, aussi l'ai-je devancé.
« Vous prenez une grande inspiration, monsieur... Dites-moi, vous ne seriez pas un peu nerveux ?
-Lou ! se sont exclamés en chœur les parents tandis qu'Arthur me lançait un regard noir.
Roxane n'a pas perdu son temps et a renchéri :
-Le stress, c'est pas très bon pour la peau vous savez ? Déjà que vous n'avez pas été très gâté par la nature question physique... Si en plus vous gâchez votre peau...
-Roxane ! ont lancé les parents
-Est-ce que vous avez une fille dans votre vie ? Ou même un homme ? Non mais parce que ça détend, il parait...
-Arthur ! se sont insurgés les parents.
Le psy était rouge écrevisse, les parents blancs de désespoir, mais Roxane, Arthur, Aliénor et moi, on s'étouffait de rire.
-Oui, c'est très bien ça, les relations homme-femmes ou femme-femme ou homme-homme, ai-je enfoncé le clou.
Les parents n'ont pas trouvé la force de me rappeler à l'ordre.
-En parlant de ça, a fait le psy, en cherchant à reprendre contenance, j'ai remarqué que c'est un sujet tabou dans votre...
-Tabou ? a gueulé Artur en se levant, tabou ? Je ne vous ai rien caché moi ... !
-Tabou ? Ça veut dire quoi ? a fait Roxane mimant la stupidité.
Le psy les a ignorés et s'est tourné vers les parents.
-Je n'accuse personne, mais vos enfants, les deux ainées surtout, a-t-il vite ajouté en voyant Arthur se lever à nouveau, m'ont l'air assez... comment dire... Enfin, elles ont une drôle de façon d'aborder le sujet... Vous voyez, il faudrait peut-être que vous en parliez chez vous. Vous avez déjà discuté de... ça avec elles ?
-Si quelqu'un a un problème avec le sujet ici, c'est bien vous, ai-je lâché d'une voix atone.
Le psy s'est raclé la gorge, a desserré un peu son nœud papillon et s'est focalisé sur les parents. Ces derniers avait l'air déconcerté.
-C'est-à-dire, a bredouillé papa, C'est-à-dire qu'on n'est pas du genre à lancer le sujet comme ça à table mais nos enfants savent qu'ils peuvent nous on parler sans problème...
-Oui, sans problème, a fait écho maman.
-Enfin, sans problème..., me suis-je immiscée, vous avez assez mal pris que Roxane ait deux petits copains en même temps.
-Oh, mais c'est pas vrai ! s'est insurgée Roxane devant la mine déconfite du psy, Et puis Lou, elle a un tatouage !
-Un tatouage ?!
-Aliénor a bu a la soirée d'halloween et Roxane aussi.
-De l'alcool ?!
-C'est faux, a essayé de se défendre Aliénor. Et Lou, elle t'a menti sur son emploi du temps papa ! Elle a passé ses aprems avec Quentin !
-Arthur est amoureux ! ai-je hurlé.
-Pas du tout, a-t-il rétorqué. Et d'abord Quentin, c'est le petit ami de Lou !
-Tristan me manque ! a crié Roxane.
-Axel me manque ! a renchérit Aliénor.
-Je ne voulais pas déménager ! ai-je ajouté.
-Moi non plus ! ont-ils fait en cœur.
Les parents nous ont regardés, atterrés. Le psy restait sans voix. Et nous, on continuait de se dénoncer les uns les autres, tout en désespérant sur notre sort. Et ce, sans arrêter de crier. Quelle tête ils devaient avoir dans la salle d'attente, à nous entendre nous égosiller comme ça.
Finalement, le psy a mis fin à la séance et lorsque les parents ont demandé s'il fallait prendre un autre rendez-vous, il leur a répondu qu'on verrait.
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Le Journal des Quatre Indécis
Teen Fiction4 ados. 4 journaux. 1 existence commune. Chacun son point de vue sur leur petite vie tranquille : école, collège, lycée, disputes, rabibochages... Tout un train-train bien réglé soudain bouleversé par une arrivée inattendue qui fait l'effet d'une...