Roxane-23/09

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Mardi 23 septembre

Roxane

Salut personne !

Samedi, je suis allée voir ma sœur et Tristan à l’hôpital où on les avait gardés pour la nuit après leurs indigestions.
Je suis donc entrée dans cet endroit maudit et ai fait un premier constat : il ressemblait en tous points à l’hôpital de Courbevoie que je connais assez bien pour m’y être fait poser un nombre incalculable de plâtres.

Arrivée à leur étage, j’ai dû faire face à la question ultime : je commence par Tristan ou Lou ? Normalement, en bonne sœur, je devrais commencer par Lou. En même temps, si je commençais par Tristan, elle pourrait me féliciter ou me consoler de la discussion que j’aurais eu avec lui. Bref, dans tous les cas, on aurait de quoi parler et jacasser. A cette réjouissante perspective, j’ai décidé que ma première mission serait de trouver la chambre de Tristan, sans passer par les infirmières car je ne suis pas de la famille…. J’ai donc demandé à un membre du personnel soignant où était la chambre de Lou en me disant qu’il ne devrait pas être bien loin !!! Et bingo, ils avaient leurs chambres juste à côté !

Toc toc toc…

Tristan s’est retourné dans son lit, un peu groggy à cause de la nuit pas sympathique qu’il avait dû passer, m’a regardée quelques secondes en se demandant pourquoi un extraterrestre venait toquer à sa chambre d’hôpital puis m’a reconnue et souri. Il m’a fait signe d’entrer et je me suis assise tout doucement sur la chaise à côté du lit, attendant d’un moment à l’autre à me faire expulser soit par lui, soit par une infirmière.
« Qu’est-ce que tu fais la ? a-t-il demandé d’un ton las révélant son état de fatigue.
Au moins, je ne décelais aucun sentiment négatif à mon égard.
- Ben je voulais voir comment t’allais… Enfin je ne sais pas si tu te souviens mais je suis arrivée tard à la soirée et c’est moi qui t’ai emmené à l’hosto…

Mon ton à moi était hésitant et bafouillant. En même temps, on s’était pas parlé depuis deux semaines et me voilà dans sa chambre d’hôpital, rien que lui et moi.
- Oh que oui, je m’en rappelle !! fait-il d’une voix beaucoup plus assurée et pleine de sarcasmes. Ce n’est pas tous les jours qu’une superbe fille me retourne l’estomac à ce point !

Ok humour ? Drague ?
J’ai légèrement rougi, ne sachant pas comment interpréter sa réponse et ai répondu du tac au tac :
- Tu dois encore avoir du détergent dans le sang…

Gros blanc. Il a fermé les yeux comme si me parler avait été un effort trop important.
- Bref je suis contente que tu ailles mieux, ai-je renchéri avec petit sourire gêné, le regard fuyant et la voix mal assurée : mon comportement était vraiment celui de la fille embarrassée.
- C’est sympa d’être passée ! Et même si j’étais très content de te voir hier, j’espère que notre prochain rencard aura lieu dans de meilleures conditions.
Drague.

Je ne sais pas si c’était l’hôpital ou le lavage d’estomac mais il osait !! Il n’avait plus aucune retenue !! Moi, je me sentais perdue : il ne m’avait jamais draguée aussi ouvertement…

Pendant quelques secondes, je me suis demandée si ce n’était pas un frère jumeau caché qui se tenait devant moi …
- Ouais… Bon ben faut que j’y aille, j’ai ma sœur à voir, elle est juste à côté !
C’était la réplique de la fille qui fuit. Oui, je sais ça fait pitié.
- T’es venue me voir avant ta sœur ? Je suis flatté ! Si ça c’est pas une preuve d’amour. A-t-il répliqué un léger sourire aux lèvres.

Il n’en ratait pas une ! Surement que l’hosto devait pas être très animé ais quand même… Mais forcément, quand lui se montrait plus qu’entreprenant, je jouais l’associable ! Il devait se faire des idées parce que j’étais venue le voir à l’hosto… Pourtant dans ma tête, ça paraissait logique : quand t’amène un mec à l’hôpital, la moindre des choses c’est de vérifier s’il est toujours en vie après… Mais bon, le cerveau masculin est incompréhensible ! Qu’une fille lui courre après pendant plusieurs semaines pour échanger un mot, c’est banal, pas besoin de se faire des idées ! Mais si elle franchit la porte de la chambre d’hôpital, c’est sûr c’est le moment ! D’ailleurs, n’y a-t-il rien de plus craquant qu’un mec pâle comme un linge, les yeux exorbités et des cernes bleuâtres ?? !!

Et puis mince, là j’en ai eu marre de leurs trois neurones qui ne marchent qu’une fois sur deux. Je lui ai lancé de ma voix la plus sèche :
- Ok, on se voit à l’école ou au volley !
- Avec plaisir !! a-t-il juste réagit tout sourire.
Ça m’a fait perdre patiente.
- C’est quoi ton problème ?! Tu me fuis comme la peste pendant deux semaines alors que je veux juste qu’on discute … platoniquement… Et là… ben tu me dragues comme si t’étais en manque ! J’avoue que je suis un peu perdue !
- Ouais… mais moi aussi…
J’ai attendu qu’il enchaine sur autre chose mais il est resté muet. Du coup, sur ces paroles mystérieuses et hautement philosophique, je me suis tirée. J’étais maintenant sûr que c’était un cas désespéré.
- A plus ! »

J’ai réfléchi trente secondes dans le couloir, me demandant si je devais retourner dans la chambre pour plus d’explications ou pas mais le regard inquisiteur d’une infirmière m’en a dissuadé et j’ai préféré aller voir Lou. On a parlé pendant un bon moment de tout et de rien et puis on a essayé pendant près d’une demi-heure de comprendre le comportement de Tristan. La dernière hypothèse que nous ayons eue était que le vrai Tristan après avoir été enlevé par des araignées géantes, avait été remplacé par un sosie. Il faut bien sûr partir du principe que tout le monde a un sosie sur terre. Après avoir convenu qu’il fallait vraiment qu’on stoppe l’alcool, je suis rentrée à la maison et j’ai dormi douze heures !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Deux jours plus tard…(hier)
Ma sœur est rentrée avec une coupe… comment dire… spéciale… pas dénudée de charme… mais d’un style un peu… atypique… Enfin bref, vous voyez ce que je veux dire ! J’ai failli faire une crise cardiaque tellement ça piquait les yeux mais maintenant ça va. Après mûre réflexion ça lui va bien ce changement de style ! On la remarque plus et du coup on voit mieux à quel point elle est jolie.

Ah aussi, dimanche, mon père nous a fait une petite crise de nerf au resto ou je me suis un peu emportée et j’ai peut-être un peu abusée ce que maman m’a bien fait comprendre le lendemain : «  on vous impose ça parce qu’on a pas le choix », « les adultes doivent prendre des décisions qui sont pas facile pour eux non plus » «  c’est pas parce que t’ai énervé qu’il faut en faire profiter toute la famille… » Bref je sais qu’elle a surement raison mais bon… Disons que les responsabilités sont partagés ! Mais au final ça m’a fait du bien de crier un coup je me sens mieux et moins en colère.

Mais sinon tout va bien dans notre famille !!! Faux
On va mal ! Vrai

Au point où on en est on peut pas faire raisonnablement pire et ça ne peut donc qu’aller mieux ! L’espoir fait vivre !

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant