Aliénor - 12/11

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Mercredi 12 novembre

Aliénor

Voici ma séance chez le psy :

Je ne dis rien, fixe le sol. J'ai pleuré et ça se voit. Le psy ne dit rien non plus, il ne m'a posé aucune question depuis le début de la séance. Quelque part derrière la porte, Lou attend dans la salle, un magazine à la main. Papa ne pouvait pas m'accompagner et Lou a été missionnée. Je n'ai pas envie de parler, en fait, je n'ai pas ouvert la bouche depuis la fin des cours où Lou est venue me chercher. Depuis que j'ai dit à Axel qu'entre nous, c'était fini. Il a tourné le dos. C'était lui la lettre, celle envoyée à l'école. Il a utilisé mon nom et m'a laissée seule face à mon père et au directeur.

-J'ai cassé avec mon petit copain, je lance soudain dans le vide.

Je ne parle pas vraiment au psy mais ça ne le dérange pas. Il écoute en silence. Je continue :

-Il était énervant, il parlait trop et ...

Je pleure tout à coup comme une madeleine. Le psy ne parle pas.

-Et vous voyez, ma mère est à l'hôpital depuis je ne sais pas combien de temps et je ne suis pas allée la voir... non ! Je suis une fille nulle. A la maison, tout le monde fait comme si ça allait mais ça ne va pas.

Je m'arrête et je le fixe, abandonnant le sol qui lui, est inondé de larmes.

-Vous croyez que j'ai un problème, qu'on a tous un problème ? Moi, je ne pense pas parce que si c'était le cas on serait une famille merdique... pardon je veux dire une famille nulle mais moi, j'aime bien ma famille !

Je m'arrête une fois de plus. Le psy écrit sur son carnet. Sûrement que je suis tarée. Puis, il ferme son carnet.

-La séance est finie, annonce-t-il.

-C'est tout ? je demande.

-Oui.

-Mais j'ai besoin de parler.

-Tu as parlé comme tous tes frères et sœurs. Et je vais faire mon premier bilan.

Je me lève de mon siège et je m'apprête à sortir mais il me retient :

-Dis à tes parents que je prévois une thérapie de famille. Et enfin, j'ai un petit devoir pour toi pour la prochaine fois : allez voir ta mère.

Quand je referme la porte du cabinet, je ne pleure plus. Je me sens même plutôt bien. Lou lâche son magazine et nous rentrons. Je me jette sur mon journal et je commence à écrire.

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant