Le Journal des Quatre Indécis

Lou - 09/11

Dimanche 9 novembre

Lou

Humeur du jour : bof.

Maman est toujours à l'hôpital. Roxane va finir par louer une chambre là-bas tellement elle squatte celle de maman. Arthur est sur un petit nuage – ça a un lien avec cette Ophélie bien sûr : et oui, moi aussi je lis son journal. Aliénor déprime sévère. J'ai jeté un coup d'œil à un bout de papier qui trainait par terre dans sa chambre hier. A la base, je cherchais mon pyjama Mickey qu'elle me pique tout le temps. Bref, je suis tombée sur la lettre qu'elle a écrite à Bébé Sœur. Aliénor, ceci est un message que je t'adresse : tu es bien trop mélancolique. Oui, je suis de l'avis de Roxane. Mais surtout, est-ce que tu te rends compte de ce que tu as écrit ?! Elle va déprimer sérieux Mini Sister avec tout les trucs tristes que tu lui as racontés ! Non, écrit lui une autre lettre où tu lui parles de papillons et de supers pouvoirs : c'est mieux. Ps : moi aussi j'aimerais être un elfe.

Ah une autre chose : je suis partie en croisade ! Maintenant, dès que je croise Arthur, je lui demande : « Et ce prénom, alors ? ». Ça le fait rager à chaque fois : c'est très drôle. Un peu lassant à la longue. Mais bon, je fais ça pour la bonne cause, alors...

En parlant de nouvelle lubie : mes parents se sont mis dans la tête qu'on devait TOUS aller voir un psy. Tous. Jesuis d'accord qu'Aliénor en a définitivement besoin : si quelqu'un en doute, qu'il lise ce qu'elle écrit à Baby Sister. Arthur aussi le mérite : il faut vraiment qu'il parle à quelqu'un, je l'ai toujours dit. Ne parlons pas de Roxane. Qui a toujours su que ce serait bon pour elle ? Bibi ! Jusqu'à maintenant, c'était moi sa psy. A la différence que moi, je ne réclammais pas des honoraires exorbitant : je lui taxais juste des bonbons.

Mais moi, est-ce que j'ai vraiment besoin d'aller voir un psy ?! Non !!!!! Je n'ai rien à lui dire, rien à lui confier : je vais très bien, merci. Alors qu'est-ce que je fais à attendre dans la salle d'attente de ce Monsieur Cochard ?!

***

Retour de chez le psy. Verdict : s'il y a bien quelqu'un qui abesoin de consulter, c'est lui. Non mais, depuis quand on parle de son expérience sexuelle avec une ado alors que son père est présent ?! (Oui, papa était venu pour s'assurer des compétences du psy. Je pense qu'il est servi.) La meilleure, c'est qu'une fois que je lui ai répondu que je ne voulais pas en parler, je l'ai clairement vu écrire sur son blocnote : « Sévices sexuels pendant l'enfance ou juste coincée ? ». J'ai faili m'étouffer avec ma propre salive : je ne suis pas coincée ! Oh, et puis quand on a eu fini d'aborder ce sujet très gênant, le spy m'a demandé de lui faire un dessin. La blague. Je lui ai dessiné un rond en lui développant une théorie bancale sur l'éternité et l'infini, on verra bien ce qu'il note sur son calepin après ça !

Quand je suis rentrée, toute la fratrie s'est jetée sur moi pour en savoir plus sur Monsieur Cochard. Je leur ai donc décrit ses cheveux gras et gris, ses petites rouflaquette qui m'ont donné envie de rire tout le long de la séance.... Je leur ai aussi parlé de son nœud papillon, de son pantalon couleur boue délavée, bref de son style vestimentaire d'Anglais. Arthur ne pouvait plus attendre de le rencontrer. On a d'ailleurs passé un pari : celui que le psy diagnostique fou en premier a gagné. J'ai bon espoir de réussir, après tout, j'ai une longueur d'avance.

Dernière petite chose : les frangins, si l'un ou l'une de vous divulgue le fait que nous consultons en famille, il aura à faire à moi. Je ne tiens vraiment pas à ce que Quentin découvre que je vais voir un psy ! Déjà qu'il me croit cinglée... Si en plus il découvre que le psy me trouve coincée... Non mais ! j'ai un tatouage tout de même : je ne suis pas coincée !!

Bon ben je décerne un trophée au psy. Il le mérite emplement.