Le Journal des Quatre Indécis

Arthur - 29/11

Samedi 29 Novembre

Arthur

Salut à tous mes fans !

J'attaque les dernières pages de mon carnet, alors je vais faire au plus simple :

Ce fut une journée chargée, car aujourd'hui, Little Sister (dixit Aliénor) a décidé de se ramener. Mais je vous remets dans le contexte, comme d'hab'.

Je sors de cours, à 16h30, avec Basil, Gabriel et Ophélie. Mais cette dernière doit rentrer chez elle, à cause d'une punition. Mes potes m'accompagnent à la maison. On se pose, tranquilles, quand papa m'appelle. Il m'explique qu'il amène Aliénor chez le psy et qu'ils risquent de rentrer tard. J'acquiesce, m'en foutant totalement. Ça me laissera plus temps avec les garçons.

A peine ai-je raccroché, que Basil m'aborde :

« Il y a de l'eau dans le gaz avec Ophélie ?

-Non, pourquoi ?

-Ben, elle serait venue sinon, non ?

-Elle est punie.

-Ah...ça se passe bien entre vous du coup ?

Mon téléphone m'empêche de répondre. Encore papa.

-Quoi ? je réponds sèchement.

-C'est ta mère : elle a des contractions. Je me rends à l'hôpital, appelle les autres pour qu'ils s'y rendent.

-Ça me fait plaisir que ça soit moi que tu appelles en premier..., je ne trouve qu'à dire, ému.

-Tu viens en premier dans la liste des contacts... elle est rangée par ordre alphabétique.

-Ah. »

Et je raccroche. J'informe Gabriel et Basil qu'il faut que je me rende auprès de maman. Le premier soupire et l'autre ajoute : « Si tu as besoin de quoi que ce soit, on est là. De toute façon, on risque pas de dormir... (clin d'œil) ».

J'attrape mon manteau et ma carte de bus. Forcément, l'hôpital est trop loin pour y aller à pied. En attendant le bus, j'appelle Lou puis Roxane (cette dernière est la seule à répondre) pour les mettre au courant. Le bus arrive pile au moment où je raccroche. Il roule tellement lentement que j'ai envie de prendre la place du conducteur. Au troisième arrêt – le mien est le dixième – desservi par le bus, je demande au chauffeur s'il ne peut pas accélérer et lui explique pourquoi. Je m'attends à ce qu'il me dise de m'accrocher fort parce qu'il va mettre le turbo, mais non. Il sourit et secoue la tête :

« Désolé, mon p'tit gars, mais j'ai un chemin à suivre et je tiens pas à décevoir tous ceux qui sont dans mon bus ! Je suis juste conducteur de bus pas de taxi.

-Mais je suis dans ce punaise de bus, moi ! Et je peux pas prendre le taxi, j'ai pas d'argent ! En plus j'ai une urgence : ma mère va accoucher !!!

-Tu ne pourras même pas la voir avant la fin de l'accouchement ! Pas besoin de te dépêcher ! Maintenant arrête de me parler, il faut que je conduise. »

Je retourne à ma place en broyant du noir. Et si maman a déjà accouché ? Je vais faire comment moi ? Lorsqu'à un arrêt, une vieille met cent ans à monter, je ne peux m'empêcher de lui jeter une regard noir.

« Prenez-en de la graine mon garçon, vous serez pareil à mon âge.

-J'espère pas, je rétorque. »

La bouche de la dame forme un rond parfait et le chauffeur la prie de m'excuser parce que soi-disant « la jeunesse de nos jour... ! ». Je souffle mais n'ajoute rien. Plus vite il démarrera mieux ça sera.