Lou - 17/11

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Lundi 17 novembre

Lou

Humeur du jour : machiavélique.

Il faut peut-être que je parle de l'after thérapie de famille. Maman a plutôt bien pris notre séance de dénonciation, aux frangins et moi, mais c'est sûrement dû aux hormones, la grossesse et tout ça. Papa, lui, a plutôt du mal à digérer la pilule, disons-le. Aussi, si tout le monde s'est pris un rapide savon une fois le fou.rire dans la voiture passé et la porte de la maison franchie, je crois bien avoir pris le plus cher.

Déjà, il a fallu que je leur explique pour Quentin. En fait, dans cette histoire, ce qui les a le plus embettés, c'est que je ne leur ai jamais parlé de lui. (Et maintenant, ils veulent absolument le rencontrer.) Je ne sais pas si Quentin va apprécier, mais bon, c'est non négociable.

Ensuite, il a bien fallu que je leur montre le fameux tatouage. Maman a trouvé ça mignon, papa a failli avoir un infarctus. Là, bien sûr, j'ai eu le droit à tout le discours sur « Tu le gardes à vie, c'est mauvais pour la peau, maintenant c'est joli mais quand ta peau deviendra flasque on en reparlera... ». J'en pouvais plus, alors je leur ai dit clairement que, de toute façon, c'était fait et qu'on pouvait rien y changer : plus la peine d'en faire un fromage ! Je leur ai aussi fait remarquer que ces derniers temps – depuis le déménagment en fait – ils étaient tellement dépassés entre la grossesse et le boulot qu'ils n'étaient pas souvent là pour nous et que notre avis ne semblait plus leur importer. Alors oui, il fallait bien qu'on attire leur attention d'une manière ou d'un autre. Arthur fugue, Roxane se noie dans l'alcool et les mecs, Aliénor se fait des virées nocturnes et joue à plus grande qu'elle n'est et moi, ben je me tatoue et je leur mens.

Sur ce, je suis montée dans ma chambre et je les ai laissés réféchir à mes paroles. Ça a dû les tracasser parce que le week-end suivant : sortie en famille !

Bon, passons à plus joyeux. Lundi après-midi, c'est TP (travaux pratiques pour les non-initiés). De physique et de SVT, une heure trente pour chaque matière. Trois heures en tout. Pourquoi est-ce que je vous dis tout ça ? Tout simplement parce que pendant ces maudites trois heures, je me suis coltinée... Sophie !!!D'habitude, je suis avec Laura pour les TP, et ça me va très bien. Elle est calée en physique et moi SVT. On se complète quoi. Sauf qu'aujourd'hui, elle s'est faite portée disparue toute la journée. Et comme la partenaire en TP de Sophie l'a lachée pour un rendez-vous chez le dentiste, la prof s'est dit : « Tiens, mettons-les ensemble ! ». Mais quelle bonne idée !

Pendant TROIS HEURES, j'ai dû l'écouter me rabattre les oreilles à propos de son nouveau petit copain « trop beau et majeur en plus, vraiment trop trop bien foutu, avec des tablettes de chocolat, tu sais... Et est-ce que je te dis qu'il était majeur ? ». Bref, un vrai calvaire. A la fin du TP de SVT, mon dernier cours de la journée, j'avais les tympans qui sagnaient – façon de parler évidemment (je précise ça au cas Aliénor lirait cette page). Je m'étais contenue tout le long de ces trois heures de cours pour faire bonne figure devant les profs mais lorsque Sophie a continué la conversation jusque dans le couloir, j'ai compris qu'elle ne me lâcherait plus. Et ça, c'était pas possible, parce que 1) Je m'en fiche éperdumment de son mec et que 2) Je devais retrouver Quentin. J'ai donc dû trouver quelque chose d'assez brutal à lui dire pour lui clouer le bec. Croyez-moi, ça m'a pris deux secondes. Je me suis donc arrêtée net dans le couloir et me suis tournée vers elle :

« Sophie, si ton mec était vert avec de grands pieds et plus de boutons que Tristan et Hubert réunis, là ça m'intéresserait parce que je me dirais qu'enfin, tu as compris que tu ne mérites pas mieux qu'un brocoli plein d'acnée ! Mais comme ce n'est pas le cas, je me fiche éperdumment de ton copain !!!

Elle est restée un moment sans voix et j'en ai profité pour m'éloigner. Sauf que j'arrivais enfin aux escaliers lorsqu'elle s'est exclamée :

-Ça va pas de dire ça ! Je t'interdis d'insulter Noah !

Ok, 1) Elle avait pas compris que c'était elle qui était insultée et 2) Noah ???!!! J'ai fait volte-face et j'ai lâché :

-Noah ? Un grand brun musclé aux yeux marrons ?

-Ben oui, ça fait trois heures que je t'en parle... T'es sourde ou quoi ?

-Noah, Noah ? ai-je insisté en espérant qu'elle nie.

-Mais oui : Noah ! s'est-elle alors énervée.

Il est pas possible ce mec : non seulement il pourrit la vie de Roxane mais la mienne aussi ! Il était temps que j'ai une petite conversation avec ce type.

-Dis, ça te dirait une sortie à quatre ? Toi, moi, Noah et Quentin ?

-Quoi ? a-t-elle balbutié, complétement paumée.

-Une sortie à quatre, ai-je répété plus lentement.

-Oh... je... oui, pourquoi pas...

-Parfait ! Vendredi, 16 heures, juste après les cours ! On se retrouve devant le lycée ! Tu lui dis rien à Naoh, hein ? Ce sera une surprise ! »

Et je l'ai plantée là pour qu'elle ne puisse pas argumenter plus. Restait plus qu'à en parler à Quentin. Ça plus la rencontre avec les parents, il allait avoir du boulot cet enfant mais surtout : il allait adorer !

Bon, ben je me remets un trophée ! Oui, je sais je deviens un peu égoïste mais quand même, mon plan est juste génial !

Le Journal des Quatre IndécisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant