Mercredi 26 Novembre
Roxane
Salut personne !!!
Papa avait vraiment l'air paniqué lorsque nous sommes arrivés au lycée :
« On va où ? On fait quoi ? Je dois prendre des notes ? Vous avez un stylo ? Je dois poser des questions ?Attendez, maman m'a passé une feuille avec les consignes ! Mais où est-elle ? Lou, tu ne l'aurais pas ? Oh non, je l'ai laissée à la maison ! Mais comment je vais faire ? Ça...» Pfff...
Et pendant qu'il déclamait son monologue, Lou et moi, on pouffait à l'idée du cirque que ça allait être ! Les réunions parents-profs, ça a toujours été une source inépuisable de fous rires avec maman mais alors, avec Papa perdu, ça promettait d'être époustouflant.
« Bon, où va-t-on ? nous a-t-il demandé.
-Alors, a répondu Lou après s'être assurée que papa avait arrêté avec les questions rhétoriques, On a d'abord rendez-vous avec M.Balou, le professeur d'histoire de Roxane, donc salle 21, puis...
-Comment ça ? s'est inquiété papa, On voit plusieurs profs dans plusieurs salles ?
-Papa..., ai-je soupiré de désespoir, tu vivais où ces quinze dernières années ?
-Dans un monde où le calvaire des réunions parents-profs n'existait pas !
On est arrivé devant la salle de mon professeur dont la porte s'est ouverte à la volée :
-Roxane Aurion ? a-t-il appelé, Ah, très bien, entrez, a-t-il ajouté en nous voyant. Bonjour monsieur, asseyez-vous.
Après s'être installé, le prof a commencé à s'agiter sur sa chaise comme s'il avait des fourmis qui lui remontaient le long de la colonne vertébrale.
-Alors Roxane, a-t-il commencé, Bonne élève, en pleine possession de ses capacités, bon par contre, elle ne participe pas trop... C'est important la participation !
Lou m'a regardée avec des yeux très étonnés. Les profs avaient plutôt tendance à dire que je participais beaucoup trop. Papa, quant à lui, semblait passionné ou, en tout cas, faisait semblant. Cependant, au fur et à mesure de la conversation, il pressait le prof.
-J'avais peur qu'il me demande mon numéro de téléphone, votre prof ! Il ne serait pas gay ? a demandé papa une fois dehors.
Maintenant qu'il le disait... on s'est regardé avec Lou et on a éclaté derire en imaginant la scène.
-Alors, prof suivant, a annoncé Lou en reprenant son souffle, notre prof de maths, Mme Castel.
Arrivés devant la salle, des parents étant déjà en rendez-vous, on s'est assis dans le couloir.
« Ah ben ça ne m'étonne pas ! Tu la surprotèges !
-Quoi ? Moi, je la surprotège ? Rappelle-moi qui l'a cloitrée à la maison pendant une semaine ?
-Attends, mais c'est ta faute ! Elle était sous ta responsabilité ! Elle est rentrée complétement bourrée !
Comme la porte était ouverte, on entendait tout. Ça devait être les parents de Lisa, divorcés depuis cinq ans et ne se supportant pas mais mettant un point d'honneur à venir tous les deux aux réunions parents-profs ! La prof, nouvelle et peu expérimentée, semblait perdue :
-Non mais quand je disais qu'elle était un peu timide, c'est pas très grave..., a-t-elle tenté.
-Seulement, si mon ex-mari ne lui expliquait pas qu'elle était exceptionnelle vingt-quatre heures sur vingt-quatre, peut-être se remettrait-elle un peu en question et nous n'aurions pas ce problème !
-Ah oui, parce que l'engueuler tout le temps, c'est mieux peut-être ?
-Non mais...
-Peut-être que si vous agissiez plus modérément, tout irait bien..., a ajouté la prof heureuse de trouver enfin un dénouement à l'entrevue.
Mais grave erreur :
-Vous insinuez que nous sommes de mauvais parents ? s'est insurgée Mme Antias.
-Non mais laisse tomber, elle est trop jeune pour avoir des enfants, a complété son ex-mari.
-Non mais on s'investit à fond dans l'éducation de notre fille et après, c'est nous les mauvais parents ?
La prof avait l'air au bord de la crise de nerf et ne savait plus quoi dire.
-Bon viens Jean-Eudes, je vais écrire au rectorat. Non mais aberrant quoi ! »
Après avoir recomposé son visage et avoir bien respiré, Mme Castel nous a appelés.
-Bien, alors... euh... vous êtes ?
Elle avait l'air encore perdu.
-Lou et Roxane, madame, l'ai-je aidée.
-Oui, c'est ça. Alors Roxane, très bien, presque 20 de moyenne, assez impressionnant.
Papa avait l'air en effet impressionné, j'étais contente.
-Et Lou, c'est bien aussi...
Lou avait toujours été un peu moins forte que moi en maths.
En sortant, papa a quand même ajouté :
-Cette fois, c'est moi qui aurait bien aimé son numéro... !
-Papa, s'est-on exclamée à l'unisson.
-Non mais tu penses à maman ?! ai-je ajouté.
-Non mais, surtout, une prof quoi ! T'oublies, a renchéritLou.
-C'était une blague les filles..., s'est-il justifié hilare.
-Bon Mme Bonnot ! a indiqué Lou.
-Y a une chose qui est sure, tu vas pas la draguer celle-là, ai-je lancé avec un sourire entendu pour Lou.
Elle était grosse, vieille et moche ! Et surtout, elle avait un problème avec moi !
Si je gérais en maths, Lou brillait en français. Un jour, Mme Bonnot avait quand même dit devant toute la classe, alors que j'étais en retard : « Au moins ta sœur, c'est une bonne élève, ...elle ! » Non mais ça se fait pas !
Après avoir expliqué à Papa que j'avais des problèmes d'orthographe, que j'écrivais mal et que je n'avais pas la fibre littéraire, elle a félicité Lou pour son style d'écriture et ses bonnes notes. J'en étais à avoir envie de l'étrangler de mes propres mains ayant exclu le fusil et l'arme blanche qui ne donnait pas une mort assez douloureuse quand nous sommes enfin sortis !
-Effectivement, j'aurais enterré son numéro de téléphone si elle me l'avait donné, a constaté papa. Mais tu lui as fait quoi Roxane ? a-t-il ajouté.
Je grognais quand j'ai entendu un « salut » dans mon dos.
-Ah, notre spécialiste du genre épistolaire, a raillé Lou.
-Lou, ai-je grondé en voyant Tristan et sa mère. Bonjour madame.
Elle commençait à peine à accepter mon nom dans la bouche de son fils alors ma présence... Même si ce dernier lui avait expliqué en long et en large que ce n'était pas de ma faute, elle ne pouvait pas accepter que son fils soit allé chercher son père sans une bonne raison. Vive les belles mère...
-Bonjour, a-t-elle répondu froidement.
-Tristan Vilon ! a appelé la prof.
-Bon bah... On se voit demain !
Et il est parti avec un sourire sans que je puisse l'embrasser...frustrant.
-Sympa la mère..., a commenté papa.
-Un vrai rayon de soleil, a renchéri Lou.
-Oui bon ça va ! On y va ? les ai-je pressés. »
Une fois à la maison, papa s'est rendu compte qu'il avait oublié cinq questions de la liste de maman, qu'il n'avait pas fait de compte rendu de ce qu'avait dit la prof d'allemand et c'est redevenu la panique. Moi, je suis remontée dans ma chambre, pour appeler Tristan... c'était trop frustrant de l'avoir croisé sans avoir eu plus qu'un sourire.
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Le Journal des Quatre Indécis
Ficção Adolescente4 ados. 4 journaux. 1 existence commune. Chacun son point de vue sur leur petite vie tranquille : école, collège, lycée, disputes, rabibochages... Tout un train-train bien réglé soudain bouleversé par une arrivée inattendue qui fait l'effet d'une...