Le Journal des Quatre Indécis

Lou-08/10

Mercredi 8 octobre

Lou

Humeur du jour : désespérée.

Je suis au comble du désespoir et de l’agacement : Roxane s’est encore trouvée un mec absolument désespérant ! Non mais, toute personne saine d’esprit et qui écrit dans son journal « on dirait qu’il me suit » sait qu’il ne faut pas sortir avec le type en question ! Bref, elle ne m’écoute pas – comme d’hab’ – mais quand il l’enlèvera, qu’elle ne vienne pas se plaindre !

Arthur est amoureux. Et incapable de s’en rendre compte. Ça aussi ça me désespère. Avant hier, les parents l’ont défoncé à cause d’une baston. Pas besoin d’être Einstein pour deviner qu’une certaine Ophélie était mêlée à cette histoire.

Aliénor est encore avec son Axel à qui elle passe sa vie à envoyer des sms avec son nouveau portable. Et moi ? Ben moi, je suis toujours célibataire…

En parlant de ça, il faut absolument que vous sachiez la dernière ! Sophie – toujours elle – est venue me parler ce matin. On avait perm et je lisais tranquille sur un banc – depuis l’épisode du CDI, je préfère rester dehors – lorsqu’elle est arrivée.
« Y a un mec là-bas qui te mate depuis tout à l’heure ! s’est-elle exclamée en s’asseyant à côté de moi.

J’ai fait celle qui n’avait pas entendu. C’est une de mes méthodes pour faire comprendre aux gens qu’ils m’embêtent : les laisser parler tous seuls. Il faut croire que Sophie a un QI trop faible pour le piger.
- Tu t’en fous ? Ça ne te fait rien qu’un mec s’intéresse à toi ?
J’ai soupiré. Quelle débile.
- Tu es lesbienne, c’est ça ? a-t-elle fait en se redressant d’un coup.
- Quoi ?! me suis-je étranglée en retour.
- Je ne vois que ça… Tu n’es sortie avec personne depuis le début de l’année… parce que tu es lesbienne !
- Hein ?! ai-je répondu en mode bug : je n’avais jamais vu une fille aussi bête.
- Dis, est-ce que je te plais ?
Je me suis levée d’un coup, mon livre dans une main et mon sac dans l’autre.
- Sincèrement Sophie, je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi… d’aussi débile que toi ! Non mais tu t’entends ?! Je ne suis pas lesbienne et si je l’étais jamais, JAMAIS, tu ne me plairais ! Ensuite, pour ta gouverne, je ne suis sortie avec personne cette année parce que personne ne m’intéresse et que je n’en ai pas envie ! Et puis, s’il-te-plait, arrête de me parler ! Devoir t’écouter en classe est déjà assez éprouvant comme ça ! »

Je suis partie avant qu’elle ne rouvre la bouche. Au passage, j’ai jeté un coup d’œil à « Monsieur qui matait ». Il a détourné les yeux au moment où je lui suis passée devant et j’ai su qu’il avait entendu tout ma conversation avec Sophie. 

Bon, voilà, je crois que je peux me décerner un trophée pour avoir réussi à résister à l’envie de tuer Sophie à coup de livre.