J'écris avec une énorme gueule de bois. Hier soir, j'ai bu, mais j'ai bu, j'ai beaucoup trop bu. J'ai l'impression qu'un rat me ronge l'intérieur de la boite crânienne pour s'évader.
X Park m'a invité pour fêter ma future tournée internationale. Nous avons veillé tard, au night-club bowling nightgame. Je hais le bowling, car je suis aussi maladroit à ce jeu que mauvais perdant.
Plusieurs Idols de la Pak étaient invités, dont mes ainés et amis Hakkun et Killin que j'ai été très heureux de revoir ; il y avait également Ajeong et tout son girlsband. Han Jeongtaek, le propriétaire du nightgame a passé la soirée avec nous, sans jamais tirer une boule de bowling ni vider un verre d'alcool. Comme toutes les fois où il nous a « honorés de sa présence », il est resté silencieusement dans un fauteuil, à nous épier et nous mettre mal à l'aise. Ce monsieur a de plus en plus l'air d'un mort-vivant.
Comme toujours dans les soirées de X Park, des trainees étaient présentes pour aider au service. J'ai oublié le prénom de la jeune fille qui remplissait mon verre. Qu'elle me pardonne ! À vrai dire, je n'ai pas eu le temps de lui parler, X Park m'a monopolisé toute la soirée.
Mon chef avait tenu à ce que je joue dans son équipe. À la fin de chacun de mes lancers, quand la grosse boule de bowling allait se prendre au piège de la gouttière, X Park m'attrapait par les épaules, me secouait en riant.
— Heureusement que tu chantes mieux que tu ne tires ! On dira que c'est la faute de l'alcool ! Viens, allons te trouver une excuse !
Je me suis assis et la jeune trainee m'a apporté un cocktail turquoise douteux. Mon patron ouvre sa veste et tire sur sa cravate pour la desserrer, avant de laisser couler dans son gosier un trait de whisky. La règle veut que je l'accompagne, donc je l'ai suivi dans les oublis de l'ivresse.
Passer du bon temps avec X Park n'est pas quelque chose de désagréable. Mon chef est un homme qui me comprend. Il a été à ma place, avant. Sa carrière de comédien avait bien commencé, puisqu'il avait été intégré dans l'une des plus grosses boites du milieu. Il a tout sacrifié à sa profession, a fait refaire son nez et n'a plus vu la lumière du jour pendant les cinq années qu'ont duré sa formation. Tout cela pour que, finalement, le personnage qu'il incarnait dans un drama ne meure au quatrième épisode. Cela a été son premier et dernier rôle. Car après avoir joué ce personnage sans envergure, dans une série transparente, aucune nouvelle proposition ne lui a été faite. Son entreprise a mis fin à son contrat plus tôt que prévu. Heureusement pour moi, puisque sinon la Pak n'aurait jamais vu le jour et je n'aurais jamais été recruté.
J'ai apprécié cet homme dès nos premiers entretiens, parce qu'il m'a raconté qu'il avait fondé la Pak pour continuer à faire de l'art. Il affirme que son entreprise va changer l'univers de la K-pop, redresser la réputation superficielle de ce format, passer un gros coup de balai sur un univers plein de vieux dirigeants aussi poussiéreux qu'obsolètes. Il dit de nous que nous sommes le sang neuf, la nouvelle génération. Il promet que, lui, il ne mettra pas à la porte de jeunes talents qui ont encore toute la vie devant eux. C'est notre devise après tout : « l'entreprise des talents qui durent ».
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Pour Minsuk
Misterio / SuspensoQuand Jeanne, dix-huit ans, débarque à Séoul, elle traine une grosse valise rouge, un lourd passé et des montagnes de questions sans réponses. Le but de son voyage : prouver que l'idole de sa jeunesse, Minsuk, ne s'est pas suicidé quatre ans aupar...