Je me suis réveillé sur un brancard, allongé sous une couverture de survie. Les idées pas vraiment très claires. La première chose à laquelle j'ai pensé, c'était au concert. Pas moyen de savoir depuis combien de temps j'étais inconscient. S'était-il joué sans moi ?
J'ai cherché à comprendre où je me situais. Un espace exigu, sombre, saturé de machines médicales, le plafond très bas. Des gens parlaient, tous en même temps, je peinais à entendre leurs conversations à cause des sonneries des appareils et du hurlement de la sirène, puis j'ai senti que nous tournions, j'étais en mouvement...
J'étais à bord d'une ambulance.
— Minsuk !? Tu m'entends, Minsuk ?
La voix de mon manager. Je l'ai vu, au-dessus de moi, il y avait son téléphone plaqué sur son oreille. Je l'ai entendu dire :
— Il est réveillé. Qu'est-ce que je dois faire ?
Autour, le personnel médical a demandé à mon manager de raccrocher. Il ne les a pas écoutés.
— Minsuk, est-ce que tu crois que tu peux tenir debout ?
Je n'ai pas répondu à sa question, j'ai demandé :
— Qu'est-ce qui m'est arrivé ? Depuis combien de temps ?
— Écoute-moi, Minsuk !
Sa main s'est glissée sous la couverture de survie pour me saisir le bras.
— C'est dans ce genre de moment qu'on voit la différence entre quelqu'un qui lutte et quelqu'un qui baisse les bras. Tu ne peux pas lâcher maintenant. Tu as trop travaillé pour en arriver là. Qui annule un concert ? Un concert international, quelques minutes avant l'antenne ? C'est le moment de prouver à tout le monde, tous les gens qui doutaient de toi et les autres... C'est le moment de leur montrer ce que tu vaux vraiment.
Voilà à peu près ce qu'il m'a dit. Je reconstitue, car sur le moment je n'ai pas tout compris. J'étais décalqué. Je ne lui ai même pas répondu. Il a semblé prendre mon silence comme un accord. Il a repris son téléphone.
— Il parle et réagit. Je tente de le ramener ? Oui... je sais.
Puis, il a crié :
— On ne va plus aux urgences ! Il est conscient et il va mieux. Faites demi-tour !
— Non. Non, certainement pas. Sa tension est trop basse. Il est très déshydraté, si on le décharge maintenant... c'est trop dangereux !
— C'est n'importe quoi ! Il va très bien. Tu vas très bien. Dis-leur ! Minsuk, dis-leur que tu vas très bien.
Je me sentais tellement à bout de forces. J'aurais voulu me défendre, expliquer aux soignants à quel point je n'en pouvais plus. Malheureusement, je n'ai rien pu dire. Quand j'ai compris que j'étais redevenu muet des larmes ont coulé sur mes joues.
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Pour Minsuk
Mystery / ThrillerQuand Jeanne, dix-huit ans, débarque à Séoul, elle traine une grosse valise rouge, un lourd passé et des montagnes de questions sans réponses. Le but de son voyage : prouver que l'idole de sa jeunesse, Minsuk, ne s'est pas suicidé quatre ans aupar...