63. Cher journal... ❕ (réécriture)

43 11 3
                                    


Je me suis réveillé en sursaut, en ayant du mal à identifier ma chambre

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Je me suis réveillé en sursaut, en ayant du mal à identifier ma chambre. Étais-je encore en tournée ?

Ensuite, très rapidement, une sensation désagréable de dégout m'a pris tout entier. La source du malaise m'est apparue aussi vite que l'émotion elle-même. Le dégout venait de moi-même, mes erreurs, ma vie. J'ai fait un petit effort de mémoire pour me rappeler pourquoi je me haïssais autant, jusqu'à ce que les souvenirs récents remontent à la surface, me bloquant la respiration, emballant mon cœur, glaçant mes doigts. Ça a été comme cette fois-là, à Paris. Je ne parvenais plus à respirer, j'étouffais dans mon propre lit. Impossible de crier, et dans ma solitude, je me suis demandé si j'allais mourir, car personne n'allait m'amener de masque à oxygène cette fois. Puis, je me suis surpris à supplier mentalement : « Si je dois mourir dans mon lit comme une merde, tant pis ! Je voudrais juste que ça soit rapide. » « De l'air ou la mort ! », voilà ce que j'ai pensé en faisant ma crise : « De l'air ou la mort ! ».

À l'instant où ça s'est arrêté, j'ai eu honte. Supplier pour que le mal s'arrête, d'accord, mais la mort... Je me suis assis au bord de mon lit, la tête dans les mains, le dos et les yeux trempés.

J'ai regardé mon réveil. 4 :44.

Cela pourrait être une blague, mais je ne ris pas. Je ne suis pas superstitieux, mais ma grand-mère si. Alors, je connais ces petits riens qui la terrorisent parfois. Elle voit dans certains chiffres des présages. Lorsqu'ils se multiplient leur pouvoir prédictif se décuplerait, la force d'un chiffre porte-bonheur comme celle d'un mauvais signe.

Le chiffre 4 annonce le pire, il signifie purement et simplement : la mort. C'est à cause de cette superstition qu'il n'y a pas d'étage 4 dans les hôpitaux. Dans les ascenseurs, le « 4 » sur le bouton d'appel est remplacé par « F », four en anglais.

Un frisson étrange a donc parcouru mon échine lorsque j'ai posé mes yeux sur le réveil. Même lui sait ce qui trotte dans ma tête, il me murmure « mort » à l'oreille. Trois fois :

« Mort, mort, mort »

J'ai préféré sortir de mon lit, sachant que je n'y trouverai plus le sommeil. J'ai fait les cent pas avec mon insomnie, mon esprit me chahutait de sons.

La nuit, c'est l'heure des mauvaises pensées, dangereuses ou extrêmes, l'heure des fantômes. Il se trouve que mes spectres sont des chansons oubliées. Celles que j'ai enterrées, dans mon cimetière des recalés. Ils ressurgissent et me hantent. Ils sont des mots, des phrases, des refrains et des notes de musique. Ils ne me laisseront pas en paix, pas cette nuit.

J'ai envie de les écrire. J'ai envie de raconter mes sentiments, de m'exprimer face à toute cette haine qu'on m'a envoyée dans la tronche. J'ai le droit de répondre, de me défendre, et je sais que je ne peux le faire que d'une seule manière, la seule que je maitrise.

J'ai tellement besoin de faire de la musique. La mort n'est pas un recours lorsque la musique me tend encore les bras.

Maintenant, cette nuit, mon art obscur m'habite avec une force qui n'a pas d'égale. Dans ma chambre, il n'y a plus de coauteurs qui puissent me brider. Les fantômes des recalés dansent et hurlent. Déjà, je me sens moins lourd.

Je me sens lucide comme je ne l'ai jamais été, je vais livrer ma confession à la feuille, sans penser aux ventes, aux réactions de mes supérieurs. Tout cela n'a pas d'importance, n'en a plus. C'est le chaos, je l'ai vu tout à l'heure. Il n'y aura peut-être plus jamais de ventes, plus jamais de fans. Je n'ai plus besoin de faire semblant d'être un modèle, d'être fort. Je n'ai plus rien à perdre. Cette nuit, je ne suis plus un Idol.

4 heures du matin. Je ne sais pas quel sera mon avenir. Mais cette nuit, je sais ce que je vais faire. Je ne dormirai pas. J'écrirai et composerai.

Voilà. J'ai attrapé un stylo. J'ai saisi mon journal. Est-ce qu'il y a beaucoup de poètes qui écrivent les premiers jets de leurs poèmes dans leur journal ?


Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.




Pour MinsukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant