34. Cher journal... (réécriture)

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J'écris sur une tablette pliable que je viens de rabattre devant moi

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J'écris sur une tablette pliable que je viens de rabattre devant moi. C'est la première fois de ma vie que je prends un long-courrier. Les passagers ont reçu des sacs contenant des écouteurs, pour pouvoir regarder des films ou écouter de la musique, une couverture et un masque pour les yeux. Mon manager a mis le sien et a incliné son siège au maximum. J'envie sa capacité à s'endormir dans un moment pareil. Mon excitation est telle que je ne trouverai pas le sommeil avant plusieurs heures. Il faudra attendre que je sois exténué pour que je ferme enfin les yeux. Ce serait une bonne chose, j'ai du sommeil à rattraper.

Ce matin, je suis rentré à mon appartement à cinq heures et demie. J'avais passé toute la nuit aux studios de la Pak. Je devais encore faire ma valise avant de partir pour l'aéroport, à 7 heures. Je me suis donc activé pour réunir mes affaires personnelles, tout en faisant très attention de ne pas réveiller Gong.

Même si cela ne se fait pas, j'avais entrouvert sa chambre pour voir s'il dormait. Mon manager est mignon quand il dort. Il se met en chien de fusil et sa bouche s'ouvre comme celle des carpes Koï. L'homme qui n'hésite pas à me tyranniser le jour, dort la nuit avec une candeur désarmante. À la réflexion, je pense que c'est peut-être un peu malsain de regarder quelqu'un dans son sommeil, quand il est sans défense, qu'il n'a pas donné son accord. Cela nous donne trop de pouvoir sur lui. Moi-même, je n'aime pas me réveiller et être surpris par la présence de quelqu'un. Personne n'a le droit de me regarder dormir, à l'exception de ma mère, de mon twin et de mamie ; ma future femme aussi. (Quand je pense que tous ces inconnus qui voyagent en même temps que moi vont avoir la possibilité de me voir dormir, cela me met mal à l'aise.)

Tout ça pour dire que ce matin, très tôt, j'ai osé observer Gong en plein sommeil. Je savais qu'il dormait profondément et je devais donc faire attention à ne pas le réveiller en achevant les derniers préparatifs pour le grand départ. J'avais anticipé et le plus gros de ce que je devais prendre était déjà dans la valise ; malgré cela, ça a été juste pour prendre une douche.

À 6 heures 20, alors que j'étais sous les jets d'eau, j'ai entendu un hurlement :

— Pourquoi tu ne m'as pas réveillé ?

Gong a fait irruption dans la salle d'eau, son visage était cramoisi.

— Mais on ne part que dans une demi-heure !

Gong m'a expliqué que, hier soir, il était rentré un peu tard. Il s'était demandé quoi faire et avait fini par dormir un peu, en pensant qu'il s'occuperait de ses bagages avant de partir. Il s'était endormi sans régler de sonnerie, en pensant que mon arrivée le réveillerait.

C'est mal de me moquer, mais quand je pense au fait qu'il n'a pas eu le temps de prendre suffisamment de sous-vêtements, cela m'amuse. Je l'imagine déjà, obligé d'arrêter nos équipes pour dépenser son argent à Manhattan, en chaussettes, chemises et autres slips de rechange. Les minutes précieuses qu'il va perdre...

Je crois qu'il a bien vu, ce matin, que la situation m'amusait. Ce n'est pas tous les jours que je prends la montre humaine en flagrant délit de retard. C'est mal, mais je trouve que tout ça a quelque chose de comique.

Ce voyage commence bien.

Pour MinsukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant