111. Minsuk (réécriture)

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Minsuk sort du bar et regarde dans ma direction. Il se met ensuite à traverser la rue. Je me lève précipitamment du banc sur lequel j'étais assise.

Cela ne fait plus aucun doute : il vient directement vers moi. Avant qu'il ne soit trop près, je ne sais pas quel instinct m'y pousse, mais je me retourne et plaque les mains sur mon visage. Des pas approchent, s'arrêtent, et je sais qu'il se trouve juste derrière moi. Je ne peux pas me retourner. Si je le fais je vais perdre la raison. Je vais faire comme tous ces fans avant moi : je vais crier, sauter sur place ou tomber dans les pommes...

— Vous devez être Jeanne ? demande en anglais la voix qui a comblé la première moitié de mon adolescence et hantée la suivante.

J'inspire profondément, essayant de repousser les larmes qui me montent aux yeux. J'ai déjà craqué une première fois lorsque les deux jumeaux se sont tombés dans les bras, tout à l'heure, dans le bar. J'ai tout vu. C'était infiniment touchant. J'ai déjà pleuré, inutile de recommencer. Surtout pas devant lui.

Quand je pense que j'ai rêvé des dizaines de fois de ce moment. Chaque fois, je le retrouvais, après quatre ans de recherches et de doutes, quatre ans de manques et de sacrifices... et chaque fois, j'étais digne.

Là, je n'arrive même pas à réfléchir. Il est là ! Dans mon dos. Minsuk. Song Minsuk.

— Mon frère m'a dit ce que vous avez fait. Je vous remercie. Je vous remercie du fond du cœur.

Soudain, je pense à toutes les E.T. qui l'ont aimé aussi fort que moi. Parfois avec excès, comme Sunhee. Parfois avec toute l'innocence et la force d'un amour d'enfance. Combien donneraient-elles pour avoir la chance d'être à ma place, de pouvoir le voir pour de vrai ?

Je dois lui dire qu'il a été la lueur d'espoir de beaucoup de gens, qu'il a été ma lueur d'espoir, que toutes ces années sa musique m'a donné de la joie et de l'amour. Je dois lui dire que les gens l'ont aimé, qu'ils sont tristes de ne plus pouvoir le voir et l'écouter. Je dois lui dire que personne ne l'oublie, même après tout ce temps, que j'aurais pu le chercher encore des années s'il l'avait fallu. Parce que c'était lui.

Et moi qui lui tourne encore le dos !

Et puis tant pis s'il me voit pleurer !


Je me retourne.








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Pour MinsukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant