Au moment de nous séparer, je surprends Minhok qui regarde une dernière fois derrière lui. Cherche-t-il la tombe des yeux ? Quelle signification peut prendre un cercueil vide pour une personne ? La force des symboles est-elle assez puissante pour réconforter une personne en deuil ? Au moins, ce monument a l'avantage de graver le nom de Song Minsuk dans la pierre. C'est important un nom. Les Égyptiens croyaient que les êtres humains mouraient une première fois quand leur cœur cessait de battre et une seconde quand quelqu'un prononçait leur nom pour la dernière fois.
À cette pensée, malgré moi, je songe : « Minsuk, Minsuk, Song Minsuk », avant de me reprendre. Non. Il n'est pas mort. Je n'ai donc pas besoin de prononcer son nom pour faire vivre un quelconque esprit dans l'au-delà.
— Song Minhok ?
Il se retourne, son regard dans le vague. Il y a un délai sensible avant qu'une pensée se reforme dans ses yeux.
— Quoi ? dit-il. Qu'est-ce qu'il y a ?
— Est-ce que je peux vous poser une question ?
— Ça dépend de la question.
— Est-ce qu'on peut dire que Minsuk était dépressif ?
Il semble surpris par ma question. Pourtant, il me répond instantanément :
— Je ne sais pas. La seule fois où je l'ai entendu parler de son moral, c'était pendant la tournée mondiale, pas très longtemps avant qu'on n'arrête de se parler. Il avait commencé à prendre des médicaments contre le stress et l'anxiété, mais, si je me souviens bien, pas contre la dépression. Il prétendait que c'était provisoire, le temps de s'habituer au succès et à ce rythme de vie.
— Mais avant d'être Idol, est-ce qu'on peut dire qu'il était dépressif ?
— Vous prêtez l'oreille aux rumeurs ? dit-il avec ironie.
Je ne peux pas lui laisser dire ça.
— Non. J'ai mon opinion et je tiens à la vérifier.
— Minsuk n'était pas dépressif avant de devenir une Idol, dit-il d'un ton catégorique. Il était timide et introverti, ce qui fait que de l'extérieur, il pouvait laisser penser ça, mais quand on le connaissait... c'était une personne heureuse de vivre et à la joie communicative. Il allait bien, vraiment, il allait bien. Est-ce que c'est ce que vous vouliez entendre ?
Je souris, incapable de me montrer modeste.
— Oui, c'est ce que je voulais entendre.
Je pense à Nanae, si elle savait. Je meurs d'envie de lui faire savoir que j'avais raison. Malheureusement, je ne le pourrai pas, puisque cette conversation devra rester strictement confidentielle.
D'ailleurs, il est temps de mettre fin à cette entrevue. Je tends ma main à Minhok pour lui dire au revoir, de la même façon qu'il m'avait tendu la sienne lors de notre première rencontre. Nous nous saluons et reprenons chacun notre route, certains de bientôt nous revoir.
VOUS LISEZ
Pour Minsuk
Mystère / ThrillerQuand Jeanne, dix-huit ans, débarque à Séoul, elle traine une grosse valise rouge, un lourd passé et des montagnes de questions sans réponses. Le but de son voyage : prouver que l'idole de sa jeunesse, Minsuk, ne s'est pas suicidé quatre ans aupar...