106. Faussaire (réécriture)

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Je suis directement retournée chez Minhok après avoir était relâché par la police coréenne. Hyejin m'a assailli de questions, auxquelles j'ai essayé de répondre de mon mieux, malgré le peu d'informations dont je disposais. Impossible de savoir combien de temps Minhok resterait en interpellation. Au moins, je pouvais la rassurer sur son état de santé, ce qui était déjà beaucoup.

Depuis nous attendons. Il s'écoule quatre longues heures avant que Minhok ne revienne chez lui. Lorsqu'il franchit le seuil nous ne voyons que son dos. À l'aide d'un mouvement de pied habile, sans avoir besoin de se baisser, il se déchausse à l'entrée. Puis il se retourne et nous découvre, sa femme et moi, assises dans le salon, si impatientes de le retrouver.

Hyejin s'élance, pressée d'entendre de la bouche de son mari comment s'est passé cet entretien avec la police, mais Minhok ne lui laisse pas le temps de poser des questions, il s'adresse directement à moi :

— Vous êtes toujours là ?

Sa phrase sonne comme un reproche.

— Où est-ce que vous voulez que j'aille ?

— Je serais vous, je rentrerais en France rapidement. Ce n'est pas moi qui assurerai votre sécurité. Je n'ai même plus mon arme.

— Tu penses qu'il y a un danger ? s'inquiète Hyejin.

— C'est difficile à dire... explique-t-il en se dirigeant vers le buffet. On ne peut pas exclure que les amis de Han reviennent régler leurs comptes avec nous. Normalement, toutes les personnes qui ont entendu mon nom et qui savent que j'étais impliqué dans cette affaire sont mortes maintenant.

Il s'attrape un verre et une carafe d'eau vide, puis migre vers l'évier.

— Je ne peux pas promettre qu'il n'y aura aucune fuite dans la police, ni qu'ils ne s'en prendront pas à NewsKorea, mais je crois qu'on a le temps de les voir venir, de nous organiser.

— Mais pas moi ?

— Vous, votre nom aura eu le temps de circuler. Ils savent le rôle que vous avez tenu dans ce drame, ils peuvent s'en prendre à vous pour ça, selon la loi du talion.

Je regarde mes pieds, pensive. De l'eau coule dans la carafe de Minhok.

— Mais si vous allez en France, ils ne vous poursuivront pas. Vous n'en valez pas la peine.

Il s'assied à la table de sa cuisine, Hyejin prend la place à côté de lui, alors que je préfère rester debout. Il se sert ensuite un verre d'eau en poursuivant son raisonnement.

— Je serais un ami de Han, je ferais profil bas. La police qui lutte contre le grand banditisme va harceler les anciens amis de Han, maintenant qu'ils ont les preuves irréfutables de ce qu'il était. Ils ne vont pas les lâcher. En plus, mener une cabale contre toi signifierait admettre que leur organisation a été déstabilisée par une jeune française de 18 ans...

Minhok a un rictus ironique.

— Crois-moi, ils préféreront enterrer l'affaire.

Il porte son verre à ses lèvres et le bois cul sec, comme un whisky, et reprend la carafe pour se resservir.

— Promettez-moi que vous retournerez en France.

— Je vous le promets... Mais je dois d'abord vous parler de quelque chose.

— Quoi ? dit-il sans parvenir à dissimuler son ras-le-bol.

Pour lui « quelque chose à dire » signifie que les ennuis continuent.

Pour MinsukOù les histoires vivent. Découvrez maintenant